Boumerdès

Le «Titanic» pourrait être converti en centre médical

Achevé depuis plus de 20 ans mais jamais exploité, le gigantesque centre commercial polyvalent de Boumerdès, appelé «Titanic», pourrait bien être sauvé du naufrage et contribuer à réduire le déficit que connait la région en matière d’infrastructures de soins, notamment en cette période de crise sanitaire.

Propriété de la Banque, ce bâtiment de 7 étages s’étend sur 28209 m2. Il comprend 300 boutiques, deux parkings en sous-sol de 300 places, un hôtel de 36 chambres, 7 ascenseurs, 10 logements, 4 salles de cinéma, deux salons de thé, une discothèque, un jet d’eau, une cascade, une grande esplanade, etc.

Après des années de polémique quant à la possibilité de sa conversion en hôpital, Badredine Belkadi, architecte renommé et expert international dans la conception de grandes infrastructures hospitalières, tente d’éclairer l’opinion publique pour mettre fin aux supputations sur ce sujet. Au vu de l’étendue de sa surface et la diversité des structures qui le composent, le mégacentre pourrait, selon lui, aisément être converti en grand centre médical spécialisé. «Tel qu’il est conçu, le centre ne pourra en aucun cas être converti en hôpital.

Le bâtiment pourrait, en revanche, contenir un grand centre médical spécialisé pour lequel un programme spatial doit être élaboré. Il pourrait abriter plusieurs cliniques spécialisées où l’on pourrait assurer les consultations externes, le diagnostic et le traitement», a-t-il précisé dans un message posté sur les réseaux sociaux.

Bardé de diplômes et fort de son expérience à l’international, M. Belkadi a fait naître un brin d’espoir auprès de milliers d’habitants de la région, inquiets à cause de la propagation du coronavirus. Auteur de plusieurs ouvrages, cet expert, natif de Boudouaou, n’est ni un marchand de rêves ni un novice dans le premier art, l’architecture.

Il n’y a pas longtemps, il a participé à la conception et la réalisation d’un hôpital moderne de 700 lits à Dubaï. Contacté pour plus de détails, il nous a confié : «Contrairement à un hôpital, le centre médical spécialisé ne comportera pas de services d’urgence, de réanimation ou de bloc opératoire et donc pas de lits ni de soins intensifs.» Le centre pourrait également contenir, d’après lui, une grande pharmacie ainsi qu’un service de radiologie et des laboratoires d’analyses médicales.
Le ministère interpellé

Pour une wilaya qui manque cruellement de telles structures, la nouvelle devrait secouer les énarques les plus sceptiques. M. Belkadi souligne que le «Titanic» peut ne pas exister dans la grille des équipements sanitaires du ministère de la Santé, ce qui peut poser un problème de réglementation, mais qui pourrait certainement être réglé par la suite avec l’élaboration d’une étude d’évaluation et de faisabilité par un groupe d’experts pluridisciplinaire. Notre expert s’est dit disposé à apporter sa contribution bénévole à l’élaboration de cette étude qui déterminera les besoins de la région et ce qui conviendra de faire dans ledit centre.

Les autorités vont-elles engager cette étude et sortir le «Titanic» des eaux troubles de la gabegie ? Vont-elles tirer les leçons de la pandémie actuelle pour remédier un tant soit peu aux carences du secteur de la santé ? Selon nos informations, le méga immeuble a englouti plus de 2000 milliards de centimes, une somme qui aurait pu servir à la construction de cinq grands hôpitaux de 250 lits dont l’apport aurait été considérable dans la prise en charge des personnes atteintes du Covid-19. Les études, établies en 1987, ont coûté à la Cnep des dizaines de milliards de centimes.

Les travaux de gros œuvre ont pris fin début des années 2000. Depuis, la structure a fait l’objet d’interminables travaux de finition et de réhabilitation. Son ouverture a été annoncée à maintes reprises, mais jamais traduite dans les faits. Ne pouvant plus supporter les charges liées au gardiennage et à l’entretien, la Cnep l’a mis en vente, en vain, depuis octobre 2015.