«L’inflation risque d’atténuer les effets de l’augmentation du SNMG»



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Les mesures de suppression de l’IRG pour les bas revenus et l’augmentation du SNMG permettront-elles, selon vous, une amélioration du pouvoir d’achat ? Auront-elles, à vos yeux, un impact important sur l’économie algérienne ?

Le passage du Salaire national minimum garanti (SNMG) de 18 000 à 20 000 DA représente une augmentation d’environ 11%, ce qui est considérable.

La dernière revalorisation du SNMG remonte à 2012 et nous avons eu l’occasion de signaler la nécessité et l’urgence d’une telle revalorisation.

La suppression de L’IRG pour les bas salaires (les salaires inférieurs à 30 000 DA) est une décision qui va renforcer l’augmentation du SNMG.

Elle est, par ailleurs, très cohérente en rapport avec cette dernière car elle va limiter un phénomène très connu qui est le rattrapage du SNMG des salaires légèrement supérieurs à ce dernier (les faibles salaires).

Il ne faut pas oublier que les retraites ont aussi connu depuis le 1er mai des augmentations allant de 2 à 7% selon l’importance des pensions. Nos aînés ne sont heureusement pas oubliés, car eux aussi ils subissent depuis des années l’érosion de leur pouvoir d’achat.

Ces mesures vont dans le bon sens et méritent d’être saluées, car sinon cela relèverait de la malhonnêteté intellectuelle. Nous assistons, peut-être, à une prise de conscience de la gravité de la situation après plusieurs années sans aucune mesure forte en faveur du pouvoir d’achat du citoyen.

Avant d’aborder les effets de ces mesures sur le pouvoir d’achat, il est important de souligner le flou qui les entoure. L’absence d’un décret d’application qui les précise nous empêche de bien estimer avec précision leur impact. Nous pouvons tout de même faire une analyse critique avec les éléments dont nous disposons.

D’abord, concernant l’augmentation des revenus suite à la combinaison de deux mesures, elle risque d’être insuffisante, car nous avons laissé pendant des années le pouvoir d’achat se détériorer à cause d’un niveau des salaires en hausse limitée et d’une inflation galopante (30% entre 2011 et 2018, 4,3% en 2018 et 1,9% en 2019).

Selon une étude très sérieuse du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap) réalisée en 2015, il faudrait un revenu autour de 60 000 DA pour la satisfaction des besoins de base d’une famille de 5 personnes.

Même si certains observateurs considèrent que les résultats sont éloignés de la réalité, nous pouvons affirmer que la vérité est plutôt plus proche des résultats de cette étude que des 20 000 DA correspondant au SNMG.

Un autre élément important à prendre en compte dans l’estimation de l’effet de ces mesures réside dans le concept même du pouvoir d’achat : le revenu représente une composante de ce dernier à côté du niveau général des prix.

Une augmentation du salaire, toute chose étant égale par ailleurs, a en effet comme conséquence une amélioration du pouvoir d’achat.

La réalité en Algérie est que l’inflation est toujours non négligeable et elle risque d’atténuer les effets de telles mesures. Un exemple très concret est la hausse du carburant incluse dans le projet de la loi de finances complémentaire 2020 qui suscite le mécontentement à juste titre.

Par ailleurs, si le gouvernement ne contrôle pas et n’encadre pas les prix, ces derniers peuvent en quelques mois effacer les effets des mesures en faveur des salaires. La prudence est ainsi de mise quant aux effets positifs de ces mesures sur le pouvoir d’achat.

Par ailleurs, il faudrait s’intéresser à l’application de telles mesures. Cette dernière est très difficile dans un pays où l’emploi informel représente une part importante de l’emploi total.

Il est légitime en effet de se demander si les employés dans l’informel vont voir leurs salaires augmenter. Ce n’est pas évident car des salaires très en dessous du SNMG sont généralement pratiqués dans ce secteur.

L’Etat lui-même offre des rémunérations inférieures au SNMG pour les bénéficiaires des emplois créés dans le cadre du dispositif de lutte contre la pauvreté (DAS par exemple). L’effet escompté de ces mesures sur le pouvoir d’achat en Algérie ne sera probablement pas atteint.

Enfin, il est important de souligner l’importance de la justice sociale qui doit être respectée dans le cadre de ces mesures et de leurs effets. Le risque avec ces mesures, c’est d’avoir des gagnants et des perdants.

A cause des effets de seuil, la hiérarchie des salaires peut être bousculée dans certains cas. Les personnes dont les salaires faibles qui se situent juste au-dessus des seuils de 20 000 et de 35 000 DA ne seront-ils pas les grands perdants de ces dispositifs ?

La lecture du projet de loi nous permet de constater que plusieurs formules de calcul de l’IRG sont annoncées. Nous pouvons constater que le projet de loi prévoit une très légère réduction d’impôt pour les salariés se situant dans la tranche 30000 DA – 35000 DA. Au-delà de ces tranches, aucun gain de devrait être constaté.

Il est souhaitable que les entreprises fassent un effort pour augmenter légèrement les bas salaires et ainsi pousser le niveau général des revenus à la hausse. Bien sûr, il faudrait prendre en compte la capacité des entreprises à augmenter les salaires surtout dans cette période de crise qui affecte considérablement l’activité de ces dernières.

Est-il nécessaire, selon vous, de prendre des mesures afin de lutter contre les conséquences économico-sociales de la crise sanitaire liée à la Covid-19 ? Quelles sont les priorités ?

Il est évidemment nécessaire et urgent de prendre des mesures fortes et courageuses pour faire face à cette crise qui nous plonge dans une grande instabilité.

La priorité est la lutte contre cette épidémie qui n’arrête pas de progresser car elle touche à la vie et à la santé du peuple. Elle commence à provoquer des effets néfastes sur l’économie et le climat social dans le pays.

La stratégie sanitaire est indissociable de la stratégie sociale et économique de lutte contre la Covid-19.

Plus tôt cette épidémie contenue et éradiquée, plus faibles seront les effets économiques et sociaux néfastes, et moins importants seront les efforts nécessaires pour contrecarrer ces effets.

Il s’agit ainsi, par exemple, de rendre le confinement plus stricte pour le rendre total pour une période de 15, voire 20 jours tout en autorisant les sorties pour l’extrême nécessité : soins, achat de produits alimentaires… Ce confinement devra être respecté totalement grâce à des contrôles strictes.

Ce scénario provoquera certes un arrêt quasi total de l’activité, mais il aura l’avantage d’être d’une durée très courte.

En effet, ce à quoi nous assistons actuellement n’a aucun sens puisque le virus se transmet aussi entre 7h et 15h ou 17h et le confinement du soir n’a aucun intérêt.

Depuis deux mois, l’activité économique est très ralentie. Les effets socioéconomiques se font sentir et l’épidémie ne cesse de croître. Il est temps de voir la réalité en face et de changer de stratégie.

Sur le plan social, l’Etat doit, plus que jamais, jouer son rôle de protecteur en assistant avec des fonds sociaux les couches de la population touchées par cette crise et le confinement qu’elle a imposé.

Quelques mesures timides ont été prises mais ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Les associations citoyennes qui activent au niveau local ont joué un rôle très important.

Grâce à leurs efforts et à la solidarité des Algériens, nous avons le sentiment que leurs actions sont plus efficaces que celles instaurées car les pouvoirs publics.

Concernant la réponse économique aux effets néfastes de cette crise sanitaire, il s’agit d’apporter une réponse rapide au ralentissement de l’activité économique et à la récession. En effet, une récession réduit les marges de manœuvre de l’Etat dans le domaine social, car pour pouvoir redistribuer la richesse il faut la produire.

A ce titre, une politique d’aide massive aux secteurs économiques touchés par cette crise est primordiale, même au prix d’un endettement massif, car il y va de la survie d’une économie déjà très fragile.

Malheureusement, hormis quelques mesures annoncées par la Banque d’Algérie et qui concerne le report et le rééchelonnement des crédits des clients impactés par cette crise sanitaire, aucune mesure forte n’est à ce jour annoncée et qui serait susceptible de rassurer les opérateurs économiques.

Lorsque nous observons les fonds débloqués par l’Union européenne et les différents pays chacun séparément, nous avons des raisons de nous inquiéter sur les répercussions de cette crise sanitaire sur l’économie algérienne et donc sur le niveau de vie des citoyens.

La chute des prix du baril de pétrole annonce, selon les analystes, une crise économique à venir. Que faut-il craindre pour le monde du travail, selon vous ?

Les conséquences d’une crise économiques due à une chute des prix du pétrole vont se faire sentir à travers une variable intermédiaire, qui est la baisse drastique des ressources financières de l’Etat.

Cette dernière va inéluctablement provoquer une politique d’austérité à travers laquelle les pouvoirs publics vont tenter de rationaliser les dépenses.

L’effet de l’austérité concernera en premier lieu les emplois publics, puisque l’Etat employeur va tenter de réduire les effectifs dans les administrations, par exemple par le non-remplacement des départs à la retraite ou par la réduction ou l’arrêt des embauches dans les différents secteurs de la Fonction publique.

L’austérité a, par ailleurs, un effet très négatif sur l’emploi productif. La littérature économique met clairement en avant le lien négatif entre les politiques budgétaires austères, la croissance et donc l’emploi.

Il faudrait s’attendre ainsi à une augmentation du chômage et à davantage de précarisation de l’emploi puisque la précarité est une variable d’ajustement lorsque le marché du travail connaît des tensions.

Malheureusement, il n’existe pas de solutions à court termes pour contrer et éviter ces effets, sauf si l’Etat utilise l’endettement pour soutenir l’économie.

La véritable stratégie consistera à accélérer le rythme des réformes visant à rendre l’économie algérienne moins dépendante des hydrocarbures par une diversification du système productif national.

Bien sûr ce chantier nécessiterait plusieurs années et c’est pour cette raison qu’il est important de ne plus perdre de temps et de se pencher sérieusement sur cette problématique.


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