Biographie de décideur 

Mohamed Abdou Bouderbala, PDG d’Air Algérie



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Mohamed Abdou Bouderbala est le PDG d’Air Algérie. Il atterrit à la tête de la compagnie aérienne nationale après une longue carrière dans l’administration durant laquelle il occupe de hautes fonctions et dirige d’importantes institutions comme la Direction générale des Douanes. Homme à tout faire ? Dans tous les cas, Bouderbala a tendance à laisser son empreinte là où il passe.

Il est né le 20 mars 1953. Enfant, il est amené à se déplacer tous les trois à quatre ans, de par les fonctions de son père, juge. Il passe son enfance à Mascara, dans l’Ouest du pays où il termine ses études primaires, mais il passera son baccalauréat à Béchar, plus au Sud. Ces déplacements incessants lui donneront une grande faculté d’adaptation : « changer de vie aussi souvent n’est pas si simple, mais c’est à la fois très enrichissant », estime-t-il.

Il entame des études supérieures de droits à la faculté de Ben Aknoun à Alger. Il obtient sa licence en 1976 et se retrouve aussitôt appelé sous le drapeau. En effet, il est convoqué pour le service national à Oran, de 1976 à 1978, où il sera placé sous le commandement de l’alors Colonel Chadli Bendjedid, futur président de la République. Par la suite, il poursuit ses études supérieures à Ben Aknoun avec un Magistère en Droits, spécialisation « contrat et responsabilité », qu’il décroche en 1983. Il couronne son cursus académique avec un Doctorat en Droits à la prestigieuse faculté Panthéon-Sorbonne (Paris I), en l’an 2000. Il réalise sa thèse sur la réforme de la législation fiscale algérienne, qui fait encore figure de référence dans le domaine.

Entre-temps, il entame sa carrière professionnelle dès 1978 en tant que juriste à la Direction nationale des coopératives (DNC) de l’Armée nationale populaire (ANP). En 1980, il est nommé sous-directeur des études juridiques et de la réglementation au ministère de l’Habitat. Après dix années, il prend du grade et les décrets présidentiels s’enchaînent : il accède à sa première nomination à la Direction de la législation fiscale (DLF) du ministère des Finances. Il est chargé de la conception et la mise en œuvre de la réforme fiscale en Algérie ; une fonction qui lui inspirera le thème de sa thèse de Doctorat. Le but, selon Bouderbala, est de sortir la fiscalité algérienne de son essence française « pour avoir enfin des impôts purement algériens dans leur conception ». Cette mission lui incombe en pleine période d’ajustement structurel imposé par le FMI. « C’était difficile », reconnait-il.

Cela dit, il réussit sa mission avec l’introduction de l’Impôt sur le revenu global (IRG), l’Impôt sur le bénéfice des sociétés (IBS) et l’unification de la taxe sur les activités industrielle et commerciale et celle sur les services en une Taxe sur l’activité professionnelle (TAP). Ces acronymes sont introduits progressivement entre 1990 et 2000 – touchant à l’ensemble des segments de la fiscalité algérienne – et sont toujours en vigueur aujourd’hui. C’est au cours de ses fonctions à la DLF que Bouderbala hérite également du surnom de « Monsieur Loi de finances », du fait de son rôle central dans son élaboration, « deux fois par an » rappelle-t-il, en référence à la Loi de finances complémentaire (LFC).

En 2000, il gravit un échelon supplémentaire, toujours au ministère des Finances : Mohamed Abdou Bouderbala est nommé Directeur général des Impôts (DGI). Encore une fois, il introduit des réformes ambitieuses et structurelles durant ses 6 années à la tête de la DGI. Il crée une structure dédiée aux grands contribuables, la Direction des grandes entreprises (DGE) et prône un passage à une gestion sectorielle pour fluidifier les procédures. En effet, Bouderbala rappelle la règle des 20/80%, selon laquelle 20% des contribuables représentent 80% des recettes fiscales ordinaires de l’Algérie. C’est ainsi que voient le jour les centres des impôts et les Centres de proximités des impôts (CPI) pour les petits forfaitaires. Sur la question de l’économie informelle, il estime que l’aspect fiscal n’est pas suffisant. Il rappelle la nécessité d’avoir des incitations et une attractivité puissante de l’économie formelle afin de sortir de la sphère souterraine.

Puis, Bouderbala est nommé à la tête de l’institution douanière, la Direction générale des Douanes (DGD). Là encore, il marquera la structure de son empreinte. La DGD avait besoin « d’un lifting », estime-t-il. À son arrivée, il trouve une institution quasi-exsangue et manquant singulièrement de moyens. Il met alors en place un plan de modernisation tous azimuts : il lance une mise à niveau de l’infrastructure, l’amélioration des moyens et veille à conforter les agents. Le DG redéfinit les procédures douanières et crée notamment le statut d’opérateur économique agréé. Un titre réservé aux acteurs importants, après une enquête de six mois indique Bouderbala, qui donne droit à des procédures simplifiées, aussi connues sous le nom de « couloir vert », notamment pour les entreprises exportatrices. Cela dit, sollicité pour son avis sur l’état et la structure du commerce extérieur algérien, il admet que « les importations ont pris le pas sur l’exportation ». Par ailleurs, la DGD était également réputée pour être un nid de corruption. Un aspect qu’il dit ne pas avoir négligé : pour lutter contre la corruption, il crée l’Inspection des douanes et insiste sur la mise en place de nouvelles procédures « claires » et mise sur l’informatisation.

Enfin intervient sa récente nomination avec le dernier décret (en date), cette fois-ci comme PDG de la compagnie Air Algérie. Lui qui pensait pouvoir « souffler un peu » après une carrière intense, il hérite de la lourde tâche de redresser le pavillon national. Un signe de confiance renouvelée de la part des plus hautes autorités de l’État. Son passé de réformateur et redresseur en série a fait qu’on lui confie, à bientôt 63 ans, la mission de redorer le blason d’Air Algérie. « Un challenge », admet Bouderbala, qui endosse « la responsabilité de mener les réformes à bon port, en reportant l’adhésion de tous ». Et d’ajouter qu’il est un homme de défis. Comment compte-t-il s’y prendre ?

Prudent à son arrivée, l’actuel PDG disait vouloir se concentrer à assurer une période estivale paisible aux voyageurs d’Air Algérie. Globalement, l’on note une amélioration sensible, malgré un certain nombre d’incidents intervenus en fin de saison. « Malgré quelques couacs liés à des problèmes techniques, la saisons estivale a été globalement bonne », affirme-t-il. Cela s’est fait notamment en consacrant 4 avions exclusivement pour les besoins du Hadj.

Désormais, place aux réformes. Bouderbala annoncera, dans les tous prochains jours, le détail du plan de modernisation de la compagnie. « Il est en cours de finalisation » affirmait-t-il, sans rentrer dans le détail, mais le PDG a bien voulu nous livrer les grandes lignes de ce plan tant attendu. Bouderbala prévoit un plan de restructuration, « comme cela se fait ailleurs », afin de moderniser la compagnie. « C’est un plan en profondeur », prévient-t-il tout en assurant que le développement d’une compagnie « prend du temps » et demande de la maturation et nécessite l’adhésion du personnel, en instaurant un dialogue. Ainsi, le patron d’Air Algérie fixe un horizon à 2020 et 2025 pour finaliser l’application de son plan. Le but affiché est de faire d’Air Algérie une compagnie mondiale aux standards internationaux. Les maîtres-mots de Bouderbala semblent être « qualité », « professionnalisme ». Il affirme être conscient que la compagnie a « besoin de passer à autre chose ». Il faut que « l’on s’extirpe de nos problèmes de ponctualité », prévient-il. La concurrence est rude et Air Algérie doit absolument s’imposer, estime Bouderbala. En effet, rester statique, c’est prendre le risque « d’assister impuissants à la fonte des parts de marché de la compagnie », prévient le PDG. Pour lui, Air Algérie a un acquis de 5 millions de passagers par an, mais il faut « absolument préserver » cet acquis et se réapproprier, reconquérir les parts de marchés perdues, poursuit Bouderbala. Cela passe par l’instauration d’un service de qualité à tous les niveaux.

Comment faire ? Commencer par concilier la flotte et les ambitions de développement de la compagnie, miser sur la formation du personnel. Avec un effectif de 10 000 agents, la compagnie va connaître une nouvelle organisation, basée sur le savoir-faire et la compétence. « Air Algérie a les moyens et les hommes qu’il faut », assure le PDG. La compagnie comptera, à fin 2016, une flotte de 59 avions. Le but est d’atteindre la centaine à l’horizon 2025. Cela implique des recrutements, notamment de personnel navigant commercial (PNC ; pilotes, stewards, hôtesses) et de personnel technique pour la maintenance. Dans le même temps, la compagnie a décidé de revoir les menus proposés aux voyageurs, et prévoit également une opération de relooking, affirme-t-il. Par ailleurs, Bouderbala insiste sur la rentabilité de l’entreprise : « C’est une compagnie commerciale avant tout qui se doit d’être rentable. » Cela passe par l’éducation et la sensibilisation des employés « pour qu’ils se rendent compte des coûts qu’un retard implique », poursuit-il.

Justement, Bouderbala a l’habitude de gérer des structures administratives. Pourrait-il répondre aux obligations de gestion d’une entreprise commerciale ? Au cours de ses précédentes missions, il a toujours veillé à instaurer une culture du résultat. Il affirme même que la DGD était gérée comme une entreprise, avec ses clients, un marché, un environnement. Il a instauré des contrats de performance, avec une évaluation des résultats. En conséquence, la DGD a versé plus de 1 000 milliards de dinars au Trésor public, en nette augmentation depuis 2006, rappelle-t-il. « On ne peut plus gérer de façon bureaucratique, quelle que soit la structure. Il faut des résultats palpables. » Même aux impôts, « l’on s’éloigne de la gestion administrative et nous parlons de résultats, de moyens, de performances (…) », affirme Bouderbala, comme pour dire qu’il ne fait aucune différence entre une administration et une entreprise.

DOMAINE D’ACTIVITÉ

Compagnie aérienne – Air Algérie

PRÉCÉDENTES ACTIVITÉS

Administration (ministère de l’Habitat, ministère des Finances, Direction générale des Douanes)

ÉTUDES

Faculté de Droits de Ben Aknoun, Alger ; Paris I, Panthéon-Sorbonne

SES GRANDES DATES

1953 : naissance

1976 : licence en Droits

1978 : service national

1983 : magistère en Droits

1990 : direction de législation fiscale

2000 : doctorat à la Sorbonne

2000 : Directeur général des Impôts

2006 : Directeur général des Douanes

2015 : PDG d’Air Algérie

VIE PRIVÉE

Marié et père de trois enfants

CITATION

« Air Algérie est un joyau de la République. Il faut en prendre soin. »

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