Maître Miloud Brahimi « Chakib Khelil est indirectement concerné par l’affaire Sonatrach I »



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Maître Miloud Brahimi travaille depuis de longues années sur les dossiers anti-corruption. Il est l’avocat de Chawki Rahah, ancien vice-président de Sonatrach. Dans cet entretien, il revient sur le procès Sonatrach 1.

Que pensez-vous des conditions dans lesquelles s’est ouvert le procès Sonatrach 1 ?

Le procès s’est ouvert dans d’excellentes conditions et dans la sérénité la plus totale. Les droits de la défense ont été parfaitement respectés. Le tribunal a statué sur nos demandes dans le cadre légal. Pour moi, il était clair que l’affaire n’allait pas être renvoyée pour des raisons simples et évidentes. D’abord, nous sommes à la troisième audience car le procès Sonatrach 1 a été reporté à deux reprises. Ensuite, concernant ces dossiers qu’on dit sensibles, je pense que le pouvoir a compris, et c’est pour le bien de tout le monde, qu’il n’a aucun intérêt à traîner des procès de cette nature. C’est un bon début.

N’aviez-vous pas d’appréhensions par rapport à l’ouverture du procès dans le contexte politique actuel ?

Je suis incapable de vous donner une réponse dont je peux dire à l’avance qu’elle est conforme avec la réalité. Dans ce genre d’affaire, nous ignorons beaucoup de choses. Par contre, j’insiste sur une chose que je répète depuis près de quarante ans: nous n’avons pas besoin de ce type de procès spectacle qui mobilise l’opinion publique à un degré tel qu’on oublie qu’il concerne aussi des êtres humains dont certains sont détenus à titre préventif depuis six ans. Personnellement, je considère cette détention préventive de six ans comme une condamnation préventive et contraire au principe fondamental de la présomption d’innocence !

Le procès Sonatrach 1 se tiendra sans la présence de Chakib Khelil qui n’est pas cité ni comme accusé ni comme témoin. Cette présence est-elle indispensable pour l’éclatement de la vérité ?

Non, elle n’était pas indispensable à la manifestation de la vérité. Chakib Khelil n’est effectivement pas cité dans cette affaire ni comme accusé, ni comme témoins. Mais son ombre plane sur ce dossier puisqu’il s’agit de la Sonatrach. Il est indirectement concerné par cette affaire et directement concerné par Sonatrach II qui est toujours en instruction.

Le procureur général d’Alger qui a annoncé le mandat d’arrêt international contre Chakib Khelil a été limogé et le juge d’instruction muté à Blida. N’a-t-on pas mis ce dossier dans le tiroir ?

Je n’en sais rien. Cela dit, je répète ce que j’ai dit au sujet de Sonatrach 1. En tant qu’État, pays, justice, nous n’avons pas besoin des dossiers de cette nature qui ne font que jeter de l’huile sur un feu qui ne demande qu’à prendre. La lutte anti-corruption est une lutte de tous les jours. Elle doit se mener dans la discrétion et avec efficacité. En Algérie, tous les dix ou quinze ans, on nous offre des dossiers de cette nature, volumineux par le nombre des accusés, par le nombre et la gravité des inculpations. Je ne pense pas que ce soit la caractéristique d’un pays qui lutte réellement et efficacement contre la corruption.

Vous avez déjà évoqué des campagnes de lutte contre la corruption dans les années 1970 et 1990…

La première campagne anti-corruption a eu lieu entre la fin des années 1970 et le début des années 1980 et donc avec l’arrivée de Chadli au pouvoir. Nous avons compris très vite qu’il s’agissait d’une campagne de dé-boumédiénisation. C’est-à-dire qu’on voulait se débarrasser des cadres qui étaient plus au moins proches de Boumédiène. La deuxième campagne est intervenue au milieu des années 1990. Beaucoup de cadres supérieurs avaient été emprisonnés. Elle visait peut-être à favoriser la privatisation des entreprises publiques. Je ne suis pas en mesure de vous dire si c’est la bonne explication ou non. Mais je peux vous dire qu’on n’avait pas besoin d’une telle chasse aux sorcières en pleine lutte contre le terrorisme. Concernant ce qui se passe actuellement, je n’ai pas de réponses évidentes.

Les cadres de Sonatrach sont-ils aussi victimes d’une campagne anti-corruption comme ceux des entreprises publiques des années 1990 ?

Il est évident que ce type de procès spectacle porte atteinte à la probité de nos cadres, les décourage et provoque des injustices difficilement réparables. S’agissant de Sonatrach 1, je ne vois pas pourquoi l’ex-PDG du groupe Mohamed Meziane est poursuivi. Je peux formuler la même observation en ce qui concerne les vice-présidents de la compagnie M. Boumédiène et M. Zenasni. Je précise que si je cite ces noms, c’est parce que je ne suis pas leur avocat et que je peux en parler librement. Je connais suffisamment bien les dossiers anti-corruption que je traite depuis une quarantaine d’années et je connais suffisamment bien mon pays pour vous dire qu’on ne peut leur reprocher des actes qui puissent se distinguer fondamentalement de ce qu’on pourrait reprocher à n’importe quel cadre de la nation. Je suis malheureux de constater que des gens de cette qualité soient à ce point maltraités.

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