Le vote expéditif des parlementaires



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Le président Bouteflika a eu sa nouvelle Constitution. Son projet de révision de la Loi fondamentale du pays, la troisième depuis son arrivée au pouvoir en 1999, a été validé par les deux Chambres du Parlement réunies, hier, en session extraordinaire. Sans surprise, le texte a recueilli une large majorité des voix : 499 sur les 517 parlementaires présents lors de cette séance boycottée par les élus du FFS, du MSP et du FJD. Seuls deux députés ont voté contre ce projet, alors que ceux du Parti des travailleurs (PT) ont opté pour l’abstention. Mais ces derniers n’ont pas pesé lourd sur l’issue de ce vote qui s’est déroulé dans une ambiance très morose. Tout a été finalisé en quatre heures, sous un tonnerre d’applaudissements de la majorité parlementaire (FLN, RND) qui a exprimé, ainsi, sa satisfaction d’avoir permis ce passage en force. Le Palais des nations, situé à une trentaine de kilomètres à l’ouest d’Alger, a été, en effet, le théâtre d’un autre vaudeville similaire à ceux qui se jouent sur la scène politique nationale ces quinze dernières années. Ce Palais avait déjà accueilli, en 2002 et 2008, deux autres kermesses du même genre. Et celle organisée hier, au même endroit n’a pas été différente des précédentes : même décor, presque même personnel politique et même objectif qui est l’adoption d’une révision de la Constitution. Tout a été mis en place dès les premières heures de la journée. Vers 7h30, les députés commençaient à affluer vers les lieux. Dans la cafétéria du Palais, une foule est déjà constituée. Attablée, la nouvelle sénatrice, la moudjahida Louisette Ighilahriz, entame d’emblée des discussions avec un groupe de journalistes sur le projet de révision de la Constitution. «J’ai analysé le texte. Il y a des points positifs et d’autres négatifs. On verra», déclare-t-elle, le sourire aux lèvres. Une sénatrice lui coupe la parole pour corriger : «Aujourd’hui, on passe directement au vote.» Entre-temps, d’autres députés sirotent leur café et leur thé en bavardant. Miloud Chorfi, nouveau sénateur et ancien président de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV), arrive. «Aujourd’hui, ce n’est pas pour l’ARAV que vous êtes ici», lui lancent les journalistes. Il rétorque en souriant : «C’est l’ex-Autorité.» L’ancien député du RND refuse, toutefois, de révéler le nom de son successeur à la tête de l’ARAV.  Avant le début des travaux de la séance, des députés s’affairent encore dans le hall du Palais à donner des déclarations à la presse sur la Constitution et la séance du vote à laquelle ils sont conviés. La crise du PT et la constitution Vers 9h45, la patronne du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, fait son apparition. Accompagnée par le député Ramdane Taâzibt, elle est vite abordée par les journalistes. Ils l’interrogent sur la participation de son parti à cette session et sur sa position concernant le projet du chef de l’Etat. Les questions portent aussi sur la crise à laquelle fait face le parti. «Je n’ai pas pour habitude de participer aux travaux, mais le comité central du parti a exigé ma participation», explique-t-elle. Selon elle, le PT a décidé de prendre part à cette séance compte tenu «des dangers extérieurs qui guettent le pays». «Pour nous, la pérennité de l’Etat est plus importante», ajoute-t-elle. Parmi les présents, il y a eu aussi les deux anciens députés FFS, Khaled Tazaghart et Karim Tabbou. Leur présence intrigue, mais ils s’expliquent. «Je donnerai ma déclaration sur ce projet après le vote. Je dirai ce que je pense de ce projet», affirme Khaled Tazaghart, que nous n’avons pas pu rencontrer à la fin de la séance. «Je suis moi-même la preuve que ce projet manque de sérieux», dit, de son côté, Karim Tabbou, en faisant allusion à l’interdiction illégale de la création de son parti, l’UDS. Un vote expéditif et des «hommages à Bouteflika» Ce n’est que vers 10h que les travaux de ce congrès ont été ouverts par le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah. Ce dernier a présenté le programme de la session, avant de donner la parole au Premier ministre, Abdelmalek Sellal, pour dévoiler les grands axes de ce projet. D’emblée, il salue un «Président architecte de la nouvelle République algérienne». Selon lui, l’adoption du projet de révision de la Constitution est «un moment historique» à travers lequel les membres des deux Chambres du Parlement ont répondu à «l’appel de la conscience et de l’histoire». «C’est un moment historique pour l’Algérie à travers lequel les parlementaires ont exprimé leur volonté de consolider le projet de révision de la Constitution initié par le président Bouteflika et répondu à l’appel de la conscience et de l’histoire», dit-il. Le Premier ministre estime également qu’à travers leur position, les parlementaires ont voté en faveur de «l’artisan de la réconciliation nationale, de la stabilité socioéconomique du pays, de la paix et de la nouvelle République algérienne».  Les travaux se sont poursuivis avec l’intervention des chefs des groupes parlementaires présents, dont celui du Parti des travailleurs, Djelloul Djoudi, qui avait affirmé que son parti ne votera pas pour le projet. La séance est levée pour ne reprendre que vers 13h, pour permettre à la rapporteuse de la commission de lire son rapport, avant de passer à l’essentiel : le vote sur le projet présenté. A 14h30, les jeux sont faits et les parlementaires quittent, en procession, le Palais des nations… après avoir réussi à imposer à l’Algérie une Constitution en mal de consensus.


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