Décryptage/ Un marché automobile algérien qui rétrécit, qui rétrécit…



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Entre le «pic» historique de 2012 et une année 2016 qui devrait être celle des «vaches maigres», les importations de véhicules ont connu une baisse vertigineuse et  auront été divisées par quatre. Le marché auto algérien a-t-il encore un avenir?

Le marché automobile algérien a connu, au cours des dernières années, des évolutions à donner le tournis à n’importe quel observateur.  Rappelez-vous, l’année  2012 avait  établi le record vertigineux de 605 000 véhicules importés et une facture d’importation de plus de 8 milliards de dollars. L’Algérie, annonçaient triomphalement de nombreux commentateurs nationaux, est devenu «le premier marché automobile d’Afrique» devant l’Afrique du Sud, qui est beaucoup plus riche que nous, et devant le Nifgéria ou l’Egypte qui sont beaucoup plus peuplés. En 2013, ça allait encore, malgré une légère baisse des importations. Le marché algérien de l’automobile, c’était une cinquantaine de concessionnaires recensés par les Douanes algériennes qui se  partageait  un gâteau de 7,3 milliards de dollars pour un peu plus de 550 000 véhicules importés. Les premiers signes d’une baisse de la température et d’un tassement très net du marché étaient apparus au début de 2014. Cette année-là, l’association des  concessionnaires, très inquiète, annonçait déjà des ventes en baisse de près de 30% à 420.000 unités pour une facture de 5,7 milliards de dollars. Ce n’était qu’un début. On vient de l’apprendre et les chiffres sont tout frais, le nombre des véhicules importés en 2015 a atteint 265.000 unités et l’ardoise pour l’Algérie est tombée à 3,14 milliards de dollars.

Fin de cycle et concurrence renforcée

La tendance au retournement brutal du marché automobile est donc  confirmée et amplifiée par les derniers chiffres disponibles. Des importations qui ont déjà été divisées par deux et demi en nombre de véhicules à fin 2015,  et qui de façon très caractéristique nous ramène à la situation de…2010.  Tiens, tiens! On s’était beaucoup  interrogé sur les causes de l’emballement du marché entre 2011 et 2013. Un cycle de trois ans déclenché, on peut  en être  sûr maintenant, par les augmentations de salaires accordées en 2011 et 2012, essentiellement aux travailleurs de la Fonction publique et des entreprises étatiques. Plus que ces augmentations de salaires elles mêmes, ce sont les fameux «rappels», sur deux voire trois ans, qui avaient été pointés du doigt pour expliquer la croissance exponentielle du marché automobile algérien au cours des dernières années.

Un « petit» contingent de 152.000 véhicules en 2016

Une évolution accélérée qui pourtant n’est pas jugée encore suffisante par les pouvoirs publics qui ont donc décidé, en janvier dernier, d’imposer cette année des quotas d’importation administrés. Le contingent global des véhicules, dont le délai de dépôt des demandes de licences a expiré le 3 février en cours, a été fixé à 152.000 unités sur l’année 2016. Le quota des importations des véhicules sera attribué au concessionnaire en fonction de ce que représentait, en pourcentage, la part qu’il avait l’habitude d’importer par rapport aux importations globales annuelles des véhicules. “Nous prendrons en considération le courant d’échanges traditionnels du concessionnaire, c’est-à-dire que nous allons répartir les quotas sur la base de la part de marché de chaque concessionnaire sur les trois dernières années. C’est un système qui sauvegardera un peu les quotas de chaque concessionnaire”, explique l’un des membres du Comité permanent chargé des délivrances de ces licences, entrées en vigueur début 2016. A titre d’exemple, “si un concessionnaire avait l’habitude d’importer 20% des importations globales des véhicules, il aura 20% du contingent global fixé à 152.000 unités pour cette année “. Au total donc, entre le «pic» historique de 2012 et une année 2016 qui devrait être celle des «vaches maigres», les importations de véhicules auront connu une baisse vertigineuse et  été divisées pratiquement par quatre.

Quel avenir pour le marché de l’auto en Algérie ?

Il ne faut sans doute pas chercher beaucoup plus loin que dans cet effondrement des importations, accéléré par la mise en place d’une gestion administrative, les raisons de l’engouement soudain de nombreux constructeurs automobile pour la création d’unités de production en Algérie. Après Renault, l’année dernière, c’est Peugeot qui devrait signer ce mois-ci, pour commencer à produire trois modèles de voitures en Algérie dès 2017. On annonce également l’installation prochaine de Volkswagen qui a confirmé un accord pour créer une usine de montage avec un  partenaire privé algérien. Pour conserver leur place sur un  marché algérien qui tend à se fermer aux importations, les constructeurs européens semblent se décider enfin à faire le pas qui était réclamé depuis plusieurs décennies par les pouvoirs publics et commencent à installer des usines de montage en Algérie.

Ils sont fortement encouragé dans cette nouvelle démarche par une réglementation algérienne qui est devenue  beaucoup plus contraignante ainsi que par le rétablissement du crédit à la consommation qui est réservé à la production locale. Dans le dispositif mis en place depuis janvier par les banques, le  crédit auto va en effet jouer un rôle central. On en a, si c’était nécessaire,  une confirmation avec les déclarations du PDG de BNP Paribas El Djazaïr, M. Pascal Fèvre, qui relevait «un engouement pour la Renault Symbol» dès les premiers jours  de la mise en place du nouveau crédit. «Nous avons conclu un partenariat avec Renault qui est notre partenaire au niveau mondial. Notre priorité est la Renault Symbol», a expliqué clairement le patron de la filiale algérienne du groupe bancaire .

Des bouleversements en perspective

Dans les années qui viennent, le marché automobile algérien devrait donc continuer à connaître des bouleversements importants. Ce sera d’abord des importations de véhicules  astreintes à des normes plus strictes par des concessionnaires en nombre réduit et dont la quantité va être pilotée étroitement par les pouvoirs publics qui imposeront très certainement des contingents en réduction constante. Parallèlement, on devrait assister assez rapidement à la montée en puissance d’une production locale censée se substituer progressivement aux importations et même dégager des excédents à l’exportation vers les marchés régionaux. Cette stratégie globale était évoquée et recommandée par beaucoup d’analystes depuis le début des années 90. Elle  se met en place sous nos yeux à un rythme accéléré depuis un peu plus de deux années et il faut certainement en créditer le gouvernement actuel qui en a fait une de ses priorités. Elle  pourrait cependant être contrariée, dans les prochaines années, par les fortes contraintes financières que ne manqueront pas de créer à la fois les importations de véhicules réalisées par les concessionnaires  et  les importations destinées au montage réalisées  par les constructeurs installés en Algérie qui ne sont vraiment soumis, pour l’heure, à aucune obligation en matière d’intégration des produits. A quoi il faudra ajouter des importations de pièces de rechange en quantité et en valeur déjà croissante pour entretenir un parc de véhicules qui a déjà dépassé les six millions d’unités. Au total, c’est une facture qui s’annonce donc très  salée en et qui risque d’être surveillée comme le lait sur le feu  par les pouvoirs publics algériens en ces temps de crise financière .Hassan Haddouche

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