Chakib Khelil sème la discorde



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Contre vents et marées, Chakib Khelil poursuit ses visites aux zaouïas pour quémander la baraka des chouyoukh, mais surtout pour se blanchir des faits de corruption pendants au niveau de la justice. Cette utilisation politique des lieux de culte suscite le courroux de plusieurs zaouïas, mais ne semble pas inquiéter le ministère des Affaires religieuses, dont la mission est de les préserver des activités politiques… Imperturbable, l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, continue sa tournée des zaouïas,  malgré les voix coléreuses qui dénoncent l’utilisation politico-médiatique de ces lieux de culte. Contre vents et marées, Chakib Khelil, soutenu par le président de l’Organisation nationale des zaouïas (ONZ), poursuit son périple à la recherche de la «bénédiction» des cheikhs de zaouïa qui, selon Adda Fellahi, ex-conseiller au ministère des Affaires religieuses, «n’ont aucun ancrage ni influence sur la population et encore moins sur les décideurs». Pour lui, le but recherché à travers ces sorties est «politico-médiatique».  Ainsi, après avoir évité le pire à Djelfa où, dès la fin de sa visite à la zaouïa Si M’hamed Ben Merzoug, une tentative d’attaque de ce lieu a été empêchée par les notables, Chakib Khelil crée un incident à Chlef, où un groupe d’habitants de la ville de Aïn Merane, conduit par Rachid Nekkaz, a perturbé sa visite à la zaouïa.  N’était l’intervention de la police, l’ancien ministre n’aurait pas pu accéder au lieu de culte qu’il a quitté dans la précipitation, par une porte de secours. Visiblement, les «ziaras» médiatisées de Chakib Khelil dans les zaouïas ne font pas l’unanimité. Bien au contraire. Elles ont provoqué une fracture entre les fidèles de ces lieux dont la vocation est d’enseigner et de faire réciter le Coran et non pas de bénir ou de blanchir les hommes politiques. La première réaction à la visite de la zaouïa de Djelfa a été celle du chargé de l’information de l’Union nationale des zaouïas (UNZ), Belkacem Messaoudi, l’une des plus influentes organisations, rivale de l’ONZ. Non seulement il s’est démarqué de cette initiative, mais il s’est déclaré «innocent de l’hommage» rendu à l’ex-ministre. Messaoudi a affiché sa distance par rapport à l’Organisation qui le parraine, créée en 2012, par son président, Abdelkader Bessine. «Cela ne nous concerne ni de près ni de loin. Ce que l’Organisation fait est un non-événement. Nous ne le savions pas et nous n’avons pas été invités, car nous n’avons aucune relation avec eux. Ils ne font pas partie de l’Union», a déclaré Belkacem Messaoudi à un site d’information locale, Djelfa-info, précisant : «Les médias ont rapporté, à tort, que ce sont les cheikhs de zaouïa qui ont honoré Chakib Khelil. Aucun des chouyoukh et des oulémas n’était présent, car les zaouïas ont pour habitude d’honorer les cheikhs, ceux qui apprennent le Coran, les savants et non d’autres personnalités et des gens qui sont totalement éloignés de cela. Ce qu’a fait cette zaouïa ne l’engage qu’elle seule.» Des parainages «d’en haut» Les déclarations de Messaoudi rejoignent celles du président de cette Union, Mahmoud Chaalal, qui, à la veille des élections de 2012, avait expliqué, dans un entretien accordé à El Watan, que «les zaouïas soutiennent tous les Algériens. Elles soutiennent les politiciens honnêtes, compétents et intègres (…). En pratique, ce sont les associations apparentées à des zaouïas qui s’intéressent réellement à la politique. Une zaouïa peut parrainer jusqu’à 1000 associations qui activent sur le plan social. A la tête de chaque association, il y a un moqadem (grade de responsabilité dans une zaouïa). Donc, si on compte le nombre de moqadems, on peut dénombrer environ 8900 zaouïas en Algérie. Le politicien ne sollicite pas directement le cheikh de la zaouïa, il s’intéresse particulièrement aux organes associatifs». Or, Chakib Khelil s’adresse directement aux chouyoukh des zaouïas qui, à la veille de la visite, sont déjà préparés par le président de l’ONZ, comme l’a bien expliqué Adda Fellahi dans l’entretien qu’il nous a accordé il y a quelques jours seulement. Selon lui, «le choix des zaouïas n’est pas fortuit. Il ne s’agit pas des grandes confréries comme la Tidjaniya, la Rahmaniya, la Kadiriya, mais plutôt les moins influentes de toutes et les moins ancrées au sein de la société, qui ont besoin d’être connues à travers l’effet médiatique de ces visites et de bénéficier de retombées financières en cas de réussite». Il est très difficile de croire que le président de l’ONZ, Abdelkader Bessine, puisse parrainer de telles visites sans être soutenu par une haute autorité, eu égard au dispositif sécuritaire mis en place pour accompagner Chakib Khelil dans ses déplacements, les moyens de transport, notamment cette Mercedes blindée dont il dispose. Dans une déclaration à El Watan, Bessine nous apprend : «C’est nous qui avons pris l’initiative (NDLR : de l’inviter) dans l’objectif de l’honorer et de lui rendre la place qu’il mérite dans son propre pays. C’est une personnalité algérienne d’excellence, aux compétences mondialement avérées. De ce fait, nous avons jugé nécessaire de le décorer.» Peut-on croire qu’il s’agisse juste d’une décoration lorsque chaque visite est utilisée médiatiquement pour non seulement pour faire une offre de services, mais surtout pour se blanchir des faits de corruption encore pendants au niveau du tribunal de Sidi M’hamed, pour lesquels l’épouse de Chakib Khelil et ses deux enfants font toujours l’objet d’un mandat d’arrêt international ? Adda Fellahi est formel : «Il est impossible que Bessine puisse agir seul s’il n’a pas obtenu le feu vert des autorités. Quelques jours avant la visite de Khelil à la zaouïa de Djelfa, le ministre des Affaires religieuses était sur place et ce n’est certainement pas pour présenter des condoléances, comme il le dit, mais plutôt pour organiser ce déplacement. Nous savons tous que beaucoup de zaouïas reçoivent des subventions que leur accorde le département de Mohamed Aïssa.» Mais ce dernier s’en défend en déclarant à la presse : «Les zaouïas existent depuis presque neuf siècles et nul ne pourra leur dicter ce qu’elles doivent faire (…), elles sont libres d’inviter qui elles veulent. Et celui qui veut politiser la visite de l’ex-haut responsable à la zaouïa est totalement ignorant quant à la nature des zaouïas.» Le ministre des Affaires religieuses semble ignorer que c’est Chakib Khelil qui a transformé ces lieux d’apprentissage du Coran en tribune politique, alors que la loi l’interdit formellement. Les zaouïas sont des associations dont l’activité est réglementée. Elles doivent être protégées de toute utilisation partisane ou politique. Or, la tournée de Chakib Khelil dans les zaouïas n’a pas pour but de quémander uniquement la baraka des chouyoukh qui le reçoivent sous les projecteurs des caméras et les flashes des appareils photo des journalistes. Son but est de se refaire une virginité aux yeux de l’opinion publique à travers un matraquage médiatique exécuté par des chaînes de télévision privées, mises au service de ceux qui veulent le protéger des procès de l’histoire en le recyclant dans les rouages de l’Etat et en lui assurant une immunité. Tout comme les mosquées, les zaouïas sont des lieux de culte que le département de Mohamed Aïssa doit impérativement préserver de la politique. L’Algérie a payé un lourd tribut en raison de cette politisation de la religion. Malheureusement, la leçon ne semble pas avoir été retenue.  


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