Le crépuscule d’Amar Ghoul



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Le départ d’Amar Ghoul du gouvernement est la seule bonne nouvelle du remaniement ministériel partiel opéré samedi par le président Abdelaziz Bouteflika. Il était le plus ancien ministre en exercice. Après dix-sept longues années au sein du gouvernement, dont onze comme ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, a été congédié ce samedi. Si son départ ne surprend guère objectivement, sa longévité en tant que ministre laisse cependant perplexes même les analystes les plus placides, tant le parcours de Ghoul comme ministre aura été imprégné par l’incompétence.

Amar Ghoul est initialement entré au gouvernement à l’élection du président Bouteflika en 1999, comme ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques. En 2002, il change de portefeuille pour devenir ministre des Travaux publics, un poste qu’il occupera pendant plus de onze années durant lesquels lui sera confié l’un des plus grands projets d’infrastructure jamais lancé par l’Algérie : l’autoroute Est-ouest. En septembre 2013, il est nommé ministre des Transports jusqu’en mai 2015 lorsqu’il sera une dernière fois parachuté au ministère du Tourisme. Avant d’en être remercié aujourd’hui.

Les faits ne se montrent pas cléments vis-à-vis du bilan d’Amar Ghoul à la tête des différents ministères dont il a eu la charge. L’Histoire retiendra notamment sa gestion absolument catastrophique du chantier de l’autoroute Est-ouest. Le projet, dont la livraison avait été promise dans des délais irréalistes, a généré des surcoûts monumentaux et causé d’horribles malfaçons qui continuent à mettre en danger la vie des automobilistes. Pire encore, le projet de l’autoroute Est-ouest a été entaché d’un énorme scandale de corruption et de détournement de fonds publics. Miraculeusement, Amar Ghoul ne sera à aucun moment inquiété par la justice dans ce qui s’est révélé être l’un des plus gros scandales qu’ait connu l’Algérie. Il conservera en outre, comme si de rien n’était, sa place au sein du gouvernement. Un thème récurrent durant les innombrables remaniements ayant jonché ses dix-sept années de service.

Pour se maintenir aussi longtemps comme ministre, Amar Ghoul a articulé l’essentiel de sa stratégie autour de deux points majeurs. Le désormais ex-ministre du Tourisme a d’abord toujours misé sur une communication dégoulinante, quitte à dépasser allègrement l’overdose. De mémoire d’homme, aucun ministre algérien n’a autant usé et abusé des réseaux sociaux et des déplacements officiels pour se montrer et créer l’illusion d’un ministre actif. La communication de Ghoul ne s’est pas seulement limitée à de l’inutile gesticulation. Elle s’est aussi caractérisée de manière quasi-systématique par des déclarations dont la véracité était plus qu’approximative. Sa dernière en date était l’annonce que l’Algérie allait revoir sa politique d’octroi de visas pour attirer les touristes étrangers.

Qu’importe si ce qu’il affirmait était mensonger ou créait de faux espoirs, l’essentiel aura toujours été d’énoncer de grandes phrases ou de taper du poing devant les caméras, de perpétuer l’illusion de mouvement.

Pour se maintenir aussi longtemps au sein du gouvernement, Amar Ghoul n’a également jamais hésité à jouer des deux bords et suivre les vents politiques favorables, quitte à trahir ses alliés. Ce fut déjà le cas notamment en 2012 lorsque le MSP dont il faisait partie s’est retiré du gouvernement. Ghoul a préféré tourner le dos au parti qui l’a lancé pour créer TAJ, un petit mouvement sans grand ancrage populaire mais qui permettra à Ghoul de rester au gouvernement. Tout comme Ahmed Ouyahia, Amar Ghoul a élevé le retournement de veste au rang d’art lors de l’épilogue de la guerre des clans opposant le DRS au clan présidentiel. Alors que l’ex-ministre était un des plus fervents soutiens du général Toufik au sein du gouvernement, même après la mise en retraite de ce dernier, Amar Ghoul a accepté de se renier en attaquant publiquement le général Toufik et l’ex-DRS dans le mince espoir de conserver son poste de ministre et de plaire au camp présidentiel.

Peine perdue. La sortie inédite de Ghoul, imposée à l’évidence par la présidence, semble surtout avoir eu pour objectif de servir d’ultime humiliation à un homme qui a tout fait pour conserver sa place au gouvernement et qui continuera sans doute à se demander encore longtemps ce qu’il aurait pu faire encore pour garder sa place. Ou ce qu’il a fait pour la perdre. Qu’à cela ne tienne, Amar Ghoul trouvera peut-être confort dans le fait que son nouvel emploi du temps libéré lui offrira la possibilité de s’adonner à l’activité footballistique qu’il semble tant affectionner. Encore faudrait-il néanmoins que ses anciens partenaires de football, le poignard de Ghoul toujours dans leur dos, veuillent bien de lui une nouvelle fois dans leur équipe.


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