Mise en place d’un système d’alerte



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Parce que le phénomène des kidnappings d’enfants prend de l’ampleur, agir et mobiliser tous les acteurs en relation, dans un cadre juridique bien défini, devient une nécessité. C’est dans cette optique qu’un dispositif national d’alerte a été mis en place. Sur instruction du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, adressée à plusieurs ministères, corps de sécurité et organismes publics, ce dispositif, dénommé «Alerte rapt/disparition d’enfants», doit être déclenché dès le signalement d’une disparition d’enfant  dans n’importe quel endroit du pays, poussant ainsi à la mobilisation de tous les acteurs dans la lutte contre ce phénomène. Dans le texte de l’instruction du Premier ministre, il est précisé que ce plan national est le fruit d’un travail commun de plusieurs secteurs sous l’égide du ministère de la Justice. Ce dernier, représenté par le procureur de la République dans chaque wilaya, est appelé à diriger ce plan sur le terrain. Concrètement, tous les organismes publics concernés, les médias publics dans leur ensemble, supports publicitaires, opérateurs de téléphonie mobile, ports, aéroports et gares seront, ainsi, sollicités pour relayer l’alerte dans une synergie préétablie, à l’effet de concourir à retrouver l’enfant en danger vivant et dans les meilleurs délais possibles. M. Sellal a chargé, à cet effet, chacun dans la sphère de ses compétences, de veiller personnellement à mettre en place ledit plan d’alerte, avec la célérité et la rigueur exigées vu l’importance de cette question, de concert avec les instances judiciaires concernées. Ce plan, qui ressemble dans son concept à celui connu des films western, où les avis de recherche sont publiés sur tous les supports possibles sanctionnés du fameux mot «wanted», est en fait une relance. D’après Abderrahmane Arar, président du réseau Nada pour la défense des droits de l’enfant, cette instruction est en réalité une relance du plan adopté par un comité multisectoriel en 2012. «A travers cette instruction, le Premier ministre désire accélérer le cadre juridique. Même si nous saluons vivement cette démarche, qui confirme la détermination de l’Etat à éradiquer ce phénomène, nous attendons la promulgation de la loi sur l’alerte et le signalement de l’enlèvement des enfants. Ce cadre juridique défini servira à unifier l’action de tous les acteurs en relation avec la lutte contre le rapt d’enfants», explique notre interlocuteur. Il signale qu’en l’absence de cette loi, l’application de ce plan sera toujours marquée par des incompréhensions et des interprétations personnelles. «Tant que cette loi n’est pas promulguée, il est difficile de définir exactement le rôle de chacun des acteurs concernés. Toutefois, il est indispensable de mener des actions en amont en élevant le niveau de la conscience et de la mobilisation de la société civile. Ceci à travers des actions ciblées, généralisées et dans une cadence officielle et continue. En aval, soit lors du signalement de l’enlèvement, il est plus qu’utile d’assurer la diffusion de l’information avec la plus grande rapidité, mobilisant dans ce sens, non seulement les corps de sécurité, mais aussi la société civile à travers les différents affichages et aussi tous les organes de presse et les notifier du timing et la manière à respecter dans la diffusion de l’information afin de servir l’enquête et surtout l’enfant», conclut-il. Pour mémoire, les kidnappings en Algérie ne sont plus des cas épars  et individuels. L’atrocité à laquelle sont confrontés ces petits met suscite l’émoi et l’indignation de tous les Algériens. La dernière affaire remonte à quelques semaines seulement où la victime Nihal Si Mohand, disparue pendant près de 15 jours, a été retrouvée morte et dans un état effroyable, à quelques encablures du domicile familial. Avec ce énième cas, 8 autres kidnappés et tués en 2015 et quelque 220 tentatives de kidnapping au cours de cette année, la situation est des plus graves. La mise en place de ce plan, qui a tout de même tardé, ne sera que bénéfique, à condition qu’elle soit réellement traduite par des actions sur le terrain.


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