Mustapha Berraf, président du COA

« Le sport algérien n’a pas besoin de personnes qui usent beaucoup plus de salive que de sueur à l’entraînement »



...

Dans cet entretien, le président du Comité olympique algérien (COA), Mustapha Berraf, revient sur la participation algérienne aux jeux de Rio, la suspension du président de la Fédération de cyclisme, Rachid Fezouine, ainsi que la démission du président de la Fédération d’athlétisme et vice-président du COA, Ammar Bouras.

Le Bureau exécutif du COA atenu une réunion, mercredi 28 septembre, quel était l’ordre du jour ?

L’ordre du jour de cette réunion a été l’examen du bilan moral, technique et financier de la participation algérienne aux jeux de Rio. Nous avons par l’intermédiaire du président de la commission de préparation et son adjoint examiné tous les aspects techniques et financiers liés à cette participation. Nous avons relevé beaucoup de choses positives à l’instar des 8 athlètes classés dans le top 10, les 68 athlètes qualifiés, la 62e place que nous avons obtenue et des 4 athlètes qui se sont classés 5e. Je pense que l’adoption de ce bilan à l’unanimité démontre une nouvelle fois que la situation a bien été maîtrisée malgré les campagnes de dénigrement qui ont été savamment orchestrées par des personnes mal intentionnées.

Quels sont ces gens mal intentionnés ?

Ils sont très peu nombreux et ils ne bénéficient d’aucune légitimité. Certains parmi eux n’ont jamais pratiqué la discipline sportive, d’autres n’ont jamais eu de champions olympiques et certains n’ont jamais participé même à des joutes olympiques régionales. Là où le bât blesse c’est qu’il s’agit de déclarations de personnes qui ne sont pas au fait de la gestion et du fonctionnement des institutions sportives. Néanmoins ce que je peux dire c’est qu’il y a eu beaucoup d’opportunisme de la part de certains qui ont considéré, suite à l’accident (vasculaire) que j’ai eu, qu’il était temps de prendre d’assaut cette forteresse morale qu’est le COA. Cependant, ils ont utilisé les mauvais arguments et les mauvais leviers. Ce n’est pas par l’invective et l’insulte qu’on arrivera à se faire respecter dans une institution, c’est par le travail et l’abnégation.

Justement, le Bureau exécutif du COA a suspendu le président de la Fédération de cyclisme, Rachid Fezouine, Que lui reproche-t-on exactement ?

M.Fezouine a fait l’objet d’un vote sans appel pour son exclusion avec 11 voix pour, une voix par vidéoconférence pour et une seule abstention. Il n’y a même pas eu une voix contre son exclusion. C’est vous dire l’estime que lui portent ses pairs. Il était le président de la commission Sponsoring et ressources financières pendant trois ans et demi, il n’a même pas ramené une bouteille d’eau au Comité olympique. Je peux vous dire qu’il n’a jamais eu l’honneur de porter les couleurs d’une quelconque équipe nationale ni l’honneur de participer à des joutes olympiques ne serait-ce que régionales. J’ajoute qu’il a été exclu dans un cadre réglementaire à titre conservatoire après avoir été entendu par une commission de discipline et le Comité exécutif. Il a la possibilité de faire un recours. D’ailleurs, il en a fait un que j’examinerai en temps opportun puisque les règlements et les statuts ne m’obligent pas à des délais de réponse. L’assemblée générale statuera sur son cas, mais je pense que depuis cette décision, il n’a fait qu’aggraver son cas en versant dans l’insulte et l’invective.

Le président de la Fédération d’athlétisme et vice-président du COA, Ammar Bouras a démissionné du Bureau exécutif, car il reproche au COA de ne pas avoir « consulté et associé (les membres du Bureau exécutif) dans les décisions de la commission de préparation olympique ». Que lui répondez-vous ?

La démission de M. Bouras a été acceptée. C’était une décision respectable qui n’engage que lui. C’est mon ami et il a tout mon respect. C’est moi qui lui ai confié la tâche d’être premier vice-président et il a été élu dans de très bonnes conditions. Pendant trois ans et demi, il a participé à tous nos travaux ainsi que nos décisions. Maintenant, il est libre d’avoir des appréciations. Je respecte sa position et s’il a des choses à reprocher à qui que soit, j’attends qu’il me communique les preuves. Je suis à son entière disposition.

Avec seulement deux médailles, est ce que la participation algérienne à Rio était positive, sachant qu’au départ vous aviez tablé sur 4 médailles ?

Ces prévisions émanent des fédérations sportives nationales. Elles n’ont pas été l’apanage du Comité olympique. Nous avons eu des objectifs et des prévisions qui nous ont été communiqués par certaines fédérations. Ce sont des écrits signés qui nous ont été notifiés. Puis, nous n’avions pas le droit de nous déplacer à une manifestation planétaire sans fixer des objectifs. Nous avons tablé sur 4 médailles, nous en avons eu deux. Certes, il y a des disciplines comme la boxe où il y a une grosse déception liée peut être à des problèmes de préparation, mais aussi à l’arbitrage. Quand vous voyez qu’il y a eu 11 arbitres internationaux qui ont été exclus, cela dénote le niveau de dégradation de la boxe internationale. Je pense que la participation algérienne était globalement positive. Il y a eu beaucoup de jeunes qui se sont affirmés. Nous avons plusieurs disciplines qui ont eu le privilège de participer pour la première fois, notamment la voile et le tir. Nous avons eu également le privilège de participer dans la discipline du football au sein de la laquelle nous étions absents depuis les jeux de Moscou.

À ce titre, le football prend tout l’argent du sport en Algérie pour des résultats médiocres. L’EN est composée de joueurs issus de l’immigration. Pourquoi ne pas investir dans d’autres disciplines ?

Personnellement, je me refuse à adopter un tel raisonnement. J’estime que tout Algérien quel que soit son lieu de naissance, il est Algérien. Il a le droit de représenter son pays. Maintenant en termes de formation, il est vrai que dans nos clubs en Algérie on n’accorde pas suffisamment d’attention en direction des petites catégories. Nous avons une décision salutaire du Président de la république qui a ordonné l’affectation de terrains pour la création de centres de formation dans les grands clubs. Cela a été fait par endroits mais la création de ces centres n’a été que très peu finalisée. Et c’est une dérive à rectifier. S’agissant des autres disciplines, nous avons mis en place une commission qui traite un plan stratégique pour le développement du sport national. Cette commission travaille depuis huit mois et elle finalisera les travaux le mois prochain sous la conduite de Mohamed Baghdadi, l’ancien secrétaire général du ministère de la Jeunesse et des sports. Les conclusions seront examinées par le ministère, puis seront portées devant gouvernement.

Quels sont les budgets alloués aux autres disciplines ?

Nous avons eu l’année passée pour toutes les disciplines sportives un budget de 60 milliards de centimes. Cela représente un mois de salaire de certains grands athlètes et de certains footballeurs. Il est peut-être temps de revaloriser certains sports et la production de certains athlètes qui fournissent beaucoup d’efforts. C’est mon analyse et mon vœu. Cependant, l’Algérie est en train de s’organiser sur le plan budgétaire pour une rationalisation des dépenses et des budgets. J’espère que le budget du sport ne sera pas touché parce que c’est le seul loisir de presque toute la population algérienne.

Est-il vrai que la quasi-totalité des 31 milliards de centimes alloués au COA a été dépensée illégalement, sans presque aucune délibération ?

Le Comité olympique est une institution notable qui dispose d’un commissaire aux comptes et d’une Assemblée générale qui fonctionne suivant les règles de la comptabilité publique avec toute la réglementation qui sied à ce fonctionnement. Ce sont des balivernes de personnes qui n’ont aucune qualification en la matière. J’aurais pris ces choses-là au sérieux si ces personnes étaient des experts financiers. J’ajoute que le COA est doublement contrôlé par son Assemblée générale et les structures habilitées de l’État, mais aussi par le Comité international olympique et ses auditeurs. Ce sont des accusations sans fondement et je dis à ces personnes que ce n’est pas de la sorte que vous alliez réussir à gagner l’estime des Algériens. Ces gens sont connus dans le monde sportif. D’ailleurs, ils n’ont aucune crédibilité.

Dès son retour en Algérie, Taoufik Makhloufi a déclaré « ne pas regretter ses déclarations mettant en cause les responsables du sport en Algérie », l’avez-vous vu pour éclaircir les choses ?

Je n’en ai pas parlé avec lui. Je considère que ses accusations ne me touchent pas. J’ai une bonne relation avec ce grand champion. Il est l’une de nos fiertés nationales. Il a fait des déclarations que je mets plus sur le compte de l’euphorie et du stress de la compétition que sur autre chose. Cependant, s’il revient à nous communiquer les preuves de ce qu’il a avancé, nous sommes prêts à évaluer tout ce qu’il reproche à qui que soit.

Certains parlent de la mauvaise utilisation de l’argent public de la part des responsables du COA, des athlètes comme Bouraâda et Boudina, pour ne citer que ceux-là, se sont plaints de leurs mauvaises conditions de préparation ?

D’abord, il ne s’agit pas d’argent public ici. Durant la participation pour les jeux de Rio, le COA a avancé des fonds qui lui ont été remboursés. D’ailleurs, nous avons donné leur destination. Il y a eu près de 11 milliards prêtés aux fédérations que l’État a remboursé, il y a eu les 11 milliards consacrés à la préparation des athlètes qui ont permis la réalisation de 107 stages dans 17 disciplines sportives. Quand on parle d’un stage, c’est minimum 10 ou 15 personnes qui vont par exemple en Corée. Voyez-vous les montants faramineux que cela fait. Pour le reste, il y a eu aussi 3,5 milliards d’Air Algérie.

Qu’en est-il des accusations de Bouraâda alors ?

Si Bouraâda a fait une mauvaise préparation, il faut qu’il aille voir ça avec sa fédération. Ce n’est pas un athlète qui est lié directement au Comité olympique. Nous avons une relation avec les fédérations et non avec les athlètes. C’est un bon athlète qui gagnerait en s’occupant de sa préparation et de ses entraînements au lieu de prononcer des avis qui n’engagent que lui.

Cependant, son entraîneur maintient ses accusations, que répondez-vous ?

Son entraîneur ne m’intéresse pas. Il raconte ses histoires depuis 1988. Il est bien connu du mouvement sportif national.

Ne pensez-vous pas qu’en nommant un autre président pour la commission de préparation des JO, à la place de Amar Brahmia dont le conflit avec le président de la FAA et l’entraîneur de Bouraâda ne date pas d’aujourd’hui, vous auriez pu éviter beaucoup de problèmes ?

Ils n’étaient pas en conflit, ils ont passé trois ans en bonne harmonie. Maintenant, c’est à moi de poser la question, est-ce que c’est normal que toutes les histoires et tous les problèmes viennent d’une seule discipline ? Dans le sport algérien, il y a une seule discipline où il y a des problèmes et des histoires, est-il normal que ça soit récurrent ? C’est toujours les mêmes histoires et les mêmes personnes. N’est-il pas le moment de mettre un terme à tout cela en prenant des mesures coercitives importantes ? Le sport algérien a besoin de quiétude et de sérénité. Il n’a pas besoin de personnes qui usent beaucoup plus de salive que de sueur à l’entraînement.


Lire la suite sur Tout sur l'Algérie.

Publier des annonces gratuites

Petites annonces Babalweb Annonces

Publier une annonce gratuite

Autres sites

Sciencedz.net : le site des sciences
Le site des sciences en Algérie


Vous cherchez un emploi? Essayer la recherche d'emploi en Algérie
Babalweb Annonces Babalweb Annonces
Petites annonces gratuites