Les étudiants djihadistes, les réseaux de soutien et Katibat El Gharb



...

Onze éléments de soutien aux groupes terroristes viennent d'être arrêtés à Sidi Bel Abbès. En 2014, près d'une cinquantaine
de terroristes de « Katibat el Gharb « avaient fui Sidi Bel Abbès pour le Sud après avoir subi plusieurs pertes dans leurs rangs.

En 2012, un important réseau de soutien aux terroristes de Sidi Bel Abbès a été démantelé à l'ouest du pays, après la découverte de 16 PA et 2 Magnums au port d'Oran. Pourquoi les cellules de soutien aux terroristes continuent à considérer Sidi Bel Abbès comme étant
une région « fertile « pour leurs activités ?

Onze éléments d'un réseau de soutien aux terroristes ont été arrêtés, mercredi dernier, suite à une opération de la Gendarmerie nationale de Sidi Bel Abbès, c'est ce qu'a annoncé avant-hier un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN).

« Dans le cadre de la lutte antiterroriste, des éléments de la Gendarmerie nationale ont appréhendé, le 19 octobre 2016, onze (11) éléments de soutien aux groupes terroristes à Sidi Bel Abbès, précise la même source.

Ce nouveau démantèlement d'un réseau de soutien aux terroristes à Sidi Bel Abbès intervient après ceux d'El Oued, Bouira, Khenchela, Alger et autres, qui ont vu l'arrestation de dizaines de « tangos « qui prêtaient main-forte aux terroristes dans le cadre de leurs activités criminelles. La wilaya de Sidi Bel Abbés, l'ex-fief du GIA (Groupe Islamique Armé), est-elle dans le viseur des groupes terroristes ?

Pourquoi les terroristes considèrent Sidi Bel Abbés comme une zone importante pour leurs activités ?

En mai 2015, un réseau de soutien aux djihadistes algériens de l'Etat Islamique a été démantelé par les gendarmes enquêteurs toujours à Sidi Bel Abbés. Le démantèlement du réseau a été réalisé suite à l'assassinat d'un citoyen dans une cafeteria, dont le réseau, constitué de dix membres, est derrière cet acte. L'enquête menée par la Gendarmerie nationale a permis l'arrestation d'une dizaine d'individus qui soutenaient les terroristes, dont un terroriste repenti. Les 10 individus sont âgés de 25 ans à 60 ans.

L'étudiant de la Faculté de Sidi Bel Abbès et les relations avec Daech

C'est aussi à Sidi Bel Abbès, plus exactement dans la faculté qu'un réseau de recrutement des djihadistes appartenant à Daech, visaient des étudiants pour les enrôler. L'affaire a été traitée, en 2015, par les gendarmes enquêteurs de la Section de recherches de Tlemcen, où un étudiant de l'Université de Sidi Bel Abbés ainsi qu'une autre étudiante de Tlemcen et d'autres complices avaient été arrêtés.

Le démantèlement de cette cellule terroriste avait commencé sur la base des renseignements judicieux parvenus à la Brigade de la Gendarmerie nationale de Remchi (Tlemcen), faisant état de l'existence d'un réseau terroriste de recrutement de jeunes étudiants pour Daech. Les investigations ont été livrées à la Section de Recherches, spécialiste dans la lutte antiterroriste, en vue de faire tomber les membres du réseau.

Après des semaines d'enquête, les experts de la Section de Recherches ont réussi à identifier l'un des membres du réseau de recrutement au profit de Daech. Il s'agit d'un jeune agent travaillant à l'Algérienne des Eaux, âgé de 33 ans. Ce dernier a été interpellé suite à la perquisition de son domicile exécutée par les gendarmes de la Section de Sécurité et d'Intervention (SSI) appuyés, lors de cette opération, par les gendarmes de la Section de Recherches.

L'interrogatoire de l'agent de l'AE avait permis aux gendarmes d'avoir un second nom acolyte. Il s'agit de la jeune étudiante âgée de 33 ans, de Tlemcen. Cette dernière avait été, à son tour, arrêtée suite à une souricière qui lui a été tendue par les gendarmes devant la Faculté de Tlemcen.

Au cours de son interrogatoire, la jeune étudiante a fini par livrer des noms de ses complices. C'est ainsi qu'un troisième informateur, un jeune âgé de 29 ans de Sidi Bel Abbés, licencié en Master et sans emploi, a été interpellé à son tour. Ce dernier avait été chargé par ses acolytes pour aide et assistance aux groupes terroristes en activité à l'ouest du pays, plus précisément à Sidi Bel Abbés, avec l'aide d'un autre étudiant âgé de 24 ans (en fuite à ce jour).

Poursuivant les investigations, les gendarmes enquêteurs ont interpellé 24 autres membres à travers plusieurs perquisitions des domiciles dans plusieurs localités de la ville de Tlemcen, parmi eux un étudiant originaire de Remchi mais qui prépare son Master à la Faculté de Sidi Bel Abbés.

C'est grâce à ces interpellations que, les gendarmes de Remchi, ont récolté d'importantes informations sur l'activité des terroristes dans la région de l'Ouest. En effet, les membres de cette cellule avaient établi des liens directs avec des recruteurs de l'Etat Islamique qui sont basés en Turquie et en Syrie.

C'est à travers des messages codés via les réseaux sociaux, Facebook, Skype et Twitter que les étudiants algériens, les membres de cette cellule de Tlemcen et des agents de recrutements turcs, syriens et d'autres nationalités échangeaient des messages en vue de recruter des djihadistes algériens pour Daech. Toutefois, les gendarmes de cybercriminalité ont décodé l'ensemble des techniques et mots utilisés par les membres de cette cellule.

Fort heureusement, le démantèlement de cette cellule terroriste a permis aux enquêteurs de la section de Recherche de Remchi d'avorter un grand plan de recrutement de jeunes algériens qui devaient rejoindre les rangs de l'Etat Islamique en Syrie et en Irak.

Les deux douaniers, les commerçants, les 16 PA et les deux magnums

L'arrestation récente des onze membres de la cellule de soutien aux terroristes a démontré, quelque part, l'existence d'un important groupe terroriste à Sidi Bel Abbés mais qui n'est pas encore en activité. S'agit-il d'un retour de la « Katibat El Gharb « à Sidi Bel Abbés ? Cette phalange terroriste avait, rappelons-le, fuis la wilaya de Sidi Bel Abbés pour se rendre dans le sud du pays après avoir subi de graves pertes de ses membres suite aux coups portés par les forces de l'ANP.

Faut-il le rappeler, en 2014 au moins une cinquantaine de terroristes appartenant à la « Katibat El Gharb' « , la phalange de l'Ouest, qui prenait les maquis de Saïda, Mascara, Tiaret, Sidi Bel Abbès et Mostaganem des positions stratégiques, se sont déplacés vers le sud algérien après que les services de sécurité eurent resserré l'étau sur leurs activités.

Parmi les fuyards, des noms des émirs de cette phalange, très connus par les services de sécurité, avaient choisi l'extrême sud du pays pour fuir la traque de l'armée nationale à l'Ouest.

Il s'agit, dans leur majorité, de dangereux éléments de l'ex-GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat) crée par l'ex-émir national Hassan Hattab, aujourd'hui devenu Aqmi .
Parmi ces terroristes recherchés, certains sont impliqués dans l'affaire dite « des 16 PA « , introduits de France et d'Italie. En effet, en juin 2012, les éléments de la Gendarmerie nationale, de la Brigade territoriale de Mostaganem, avaient découvert un arsenal de guerre au port d'Oran.

Des armes venues de France introduites via le port d'Oran avec l'implication de certains douaniers étaient destinées au groupe terroriste de Katibat El Gharb. Constitué de 22 membres, le réseau de soutien aux terroristes, dont des douaniers, des terroristes d'Al Qaïda au Maghreb, en activité à l'Ouest, et d'autres commerçants qui prêtaient main-forte à ce groupe terroriste avaient été arrêtés par les gendarmes lors des investigations menées en 2012.

En tout, 16 armes automatiques de marque PA, deux magnums et plusieurs milliers de munitions ont été interceptés, au port d'Oran, par les gendarmes au cours d'une enquête approfondie.

Les terroristes avaient bénéficié d'une aide très précieuse de deux douaniers, lesquels avaient mission de faire passer les armes pour être envoyées vers un dépôt clandestin, là où d'autres membres de ce réseau dormant fabriquaient, à leur tour, des armes artisanales.

Le plus âgé des membres de ce réseau avait 65 ans, alors que cette bande avait pour mission de couvrir d'autres wilayas du pays, notamment Tiaret, Mostaganem, Sidi Bel Abbès et Béchar, alors que les armes réceptionnées au port d'Oran sont envoyés par des terroristes établis en France.


Lire la suite sur Le jeune indépendant.