L’énigmatique démission de Saâdani



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Amar Saâdani a quitté ce samedi la direction du FLN. Il a présenté sa démission au Comité central (CC), en invoquant « des raisons de santé ». Le secret a été bien gardé. L’information a circulé ce matin dans les coulisses du CC qui s’est tenu à l’hôtel Aurassi, mais le doute a plané jusqu’à l’annonce officielle par le patron du FLN de sa décision démissionner pour des raisons de santé. Mais la démission d’Amar Saâdani suscite de nombreuses interrogations. A-t-il été poussé à la porte ? Son départ est-il lié uniquement à son état de santé ? Son entourage le plus proche confirme effectivement ses problèmes de santé, mais dans un contexte politique trouble, il est difficile de se contenter uniquement de l’explication donnée par Saâdani.

La thèse du limogeage

D’abord, il y a la thèse du limogeage. Selon ses adeptes, la dernière sortie médiatique du désormais ex-patron du FLN n’aurait pas plu à l’entourage du président. Dans son discours prononcé le 5 octobre devant ses cadres à Sidi Fredj, Saâdani aurait franchi ainsi la ligne rouge. Il avait ouvert d’autres fronts en s’attaquant aux anciens officiers de l’armée française, et aux « Moudjahidin de la France ». Sans oublier les critiques lancées contre l’ex patron du DRS accusé d’être derrière les troubles dans plusieurs wilayas du pays.

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Un discours violent qui aurait scellé le sort de Saâdani. Réputé proche du cercle présidentiel, il aurait reçu l’ordre de quitter la tête du FLN le lendemain de ce discours. Autre question : Saâdani dont les sorties médiatiques et les déclarations politiques sont très calculées aurait-il prononcé son discours du 5 octobre sans l’aval du cercle présidentiel ?

En tout cas ce qu’on peut confirmer c’est que le 5 octobre, Saâdani et malgré « ses soucis de santé » n’a jamais évoqué ni imaginé son retrait du FLN. L’homme était confiant. Il a même développé sa vision pour les échéances électorales de 2017. Mais ses adversaires ont riposté. Son prédécesseur, Abdelaziz Belkhadem a invité publiquement les militants du FLN à se révolter contre leur SG. L’ex-patron du DRS, le général est monté au créneau, en annonçant sa décision de porter plainte contre Saâdani. Curieusement, les autres opposants de Saâdani, dont Abderrahmane Belayat, ont gardé le silence. Le groupe des 14 Moudjahidin aussi. Ce qui laisse entendre que le départ de Saâdani était acté. Ses détracteurs auraient-ils reçu des garanties ?

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Sortie honorable

Une autre thèse fait le lien entre ce départ et l’alliance a peine voilée entre l’ex patron du FLN, le vice-ministre de la défense Gaid Salah et Abdelmalek Sellal. Toujours dans son discours du 5 octobre, Saâdani n’a pas manqué de saluer ces deux personnalités qualifiant au passage Gaid Salah « de grand moudjahid ». Certains observateurs n’ont pas hésité à faire le lien la démission de Saâdani et les présidentielles de 2019.

En tout cas le départ de Saâdani du FLN ne laisse personne indifférent. L’homme même s’il ne quitte pas vraisemblablement le parti de son plein gré a su imposer une nouvelle pratique au FLN, en présentant sa démission. Aucun de ses prédécesseurs n’a pas eu ce privilège. Jusque-là, les SG du parti subissaient plutôt les conséquences des coups d’État « scientifiques ». Reste à savoir si ce n’est pas le pouvoir qui a permis à Saâdani cette sortie honorable pour les services rendus, et en signe d’apaisement envers les clans.

Ould Abbès, le profil idéal

D’autant plus que l’arrivée de Djamel Ould Abbas à la tête du parti va faire entrer le FLN dans l’ère glaciaire. Un choix vraisemblablement décidé par le président du parti, Abdelaziz Bouteflika. Avec son franc parler, Amar Saâdani a fait du FLN le moteur de la scène politique nationale. Il a multiplié les batailles politiques, en s’attaquant notamment au général Toufik et à Ahmed Ouyahia. Mais le choix de Ould Abbès signifie que le clan présidentiel opte pour l’apaisement. L’ancien ministre est connu pour sa langue de bois. C’est un homme politiquement inoffensif. C’est peut-être le profil idéal pour la conjoncture actuelle.

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