«On ne doit pas mettre les fautes d’arbitrage sur le compte de la corruption»



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Après huit journées de championnat, l’arbitrage est pointé du doigt… Si on évalue les prestations, on constate que l’influence de l’arbitrage sur les résultats est minime par rapport au nombre de rencontres disputées. Il faut par ailleurs savoir que les fautes influentes ont été commises par des officiels titrés (fédéraux et internationaux), ce qui n’est pas rien. Selon vous, pour quelles raisons les mêmes fautes sont commises par les mêmes arbitres ? En appliquant l’adage «on ne change pas une équipe qui gagne», les gestionnaires de l’arbitrage se sont fourvoyés. Très sollicités, 5 ou 6 arbitres doivent impérativement souffler. En plus de l’effort physique consenti, ces êtres humains, qui ne sont pas des robots, sont soumis à une intenable pression d’un milieu qui ne pardonne pas. Ces arbitres, dont la compétence et la probité ne sont pas mises en cause, ont plus que jamais besoin d’une récupération réparatrice. Avec le mode de désignation et de contrôle, on ne doit pas mettre  les fautes commises sur le dos de la corruption… Médiatisée, la mise à l’écart de certains officiels est un lynchage, non ? Quand la mise à l’écart est rendue publique, on casse l’homme avant l’arbitre. Par cette méthode, on donne un véritable coup de massue au travail de 10 à 15 ans. On peut mettre au «frigo» tel ou tel officiel. Mais on n’a pas le droit d’étaler de telles sanctions sur la voie publique. Ce n’est pas correct et juste envers ces hommes qu’on jette en pâture, aussi facilement. L’amour-propre des sacrifiés est affecté. Y a-t-on pensé ? Je ne le crois pas… Pour diverses raisons, des acteurs du football orchestrent une véritable cabale contre le corps arbitral… Les gens qui gravitent auteur de la sphère footballistique doivent savoir que l’arbitre fait partie du jeu. S’il pénalise un jour, il peut involontairement, le jour suivant, «rendre service à un club qui a le droit de défendre ses intérêts». On n’a pas non plus le droit de faire de l’arbitre le bouc émissaire des échecs des uns et des autres. Etant un homme seul, l’arbitre n’est pas défendu. Il est en outre tenu par l’obligation de réserve. Si l’arbitre n’a pas le droit de justifier ses décisions, on doit lui permettre de temps à autre d’expliquer et de s’expliquer. Je ne connais pas d’arbitre qui prémédite la faute. Il fut un temps où des fautes ont été commises sciemment, mais personne n’a osé lever le petit doigt. Selon vous, les auteurs acteurs ne sont pas exempts de tout reproche ? Au lieu de faire leur mea culpa, les principaux acteurs du football, à savoir les présidents, les entraîneurs et les joueurs, se dédouanent pour cacher leurs déboires et leurs ratages. Comme l’arbitre a bon dos, ils mettent tous leurs malheurs sur le l’éternel dindon de la farce. Pour atténuer la colère des supporters qui ne sont plus dupes, le coupable est tout trouvé. Il ne faut pas sortir de Saint-Cyr pour expliquer cela. Ne pensez-vous pas que l’arbitrage algérien est malade ? Il ne doit pas l’être d’autant qu’un médecin (Hamoum) est à son chevet. Il faut le dire, ce dernier est venu avec des idées. D’emblée, Il a rassemblé la famille de l’arbitrage (diagnostic). Il a par la suite essayé de structurer et de travailler avec des gens qui traînent des casseroles. Mais son désir de réformer est bloqué. En dehors du soutien logistique, Hamoum n’a pas eu les coudées franches pour appliquer sa feuille de route. Comment doit-on procéder pour venir à bout de la suspicion qui fait du mal à notre arbitrage ? Entre 2004 et 2009, l’actuel patron de la Fédération algérienne de football a éliminé 50 arbitres. Cette décision a été prise suite à une large consultation des présidents de club et de ligues. A l’origine de la mascarade des matchs truqués, les barons qui ont pu éjecter le maillon faible ne sont toujours pas inquiétés, ils continuent à faire la pluie et le beau temps. Pour régler cela définitivement, il faut attaquer la source du mal, qui est connue. Après une longue accalmie, la fuite des désignations refait surface... Avec de tels agissements, certains «clubards» enveniment les choses. Pour le respect de l’éthique, on doit combattre ces réflexes d’un temps pourtant révolu. Je dois en outre préciser que la critique est facile. Même s’il perçoit à chaque désignation 40 000 DA, l’arbitre, qui ne dispose toujours pas du statut de professionnel, n’est pas accompagné dans sa préparation par un psychologue, un préparateur physique, un kinésithérapeute, un nutritionniste et je ne sais quoi d’autre.


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