Incapacité de l’État à payer les fonctionnaires 

« Dans les faits, Ouyahia n’a pas tort »



...

Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND et directeur de cabinet du président Bouteflika, a évoqué la perspective pour l’État de se retrouver dans l’incapacité de payer les fonctionnaires. Une situation qui rappelle la cessation de paiement du début des années 1990. De quelle marge de manœuvre le gouvernement dispose-t-il ? Quand se retrouvera-t-on éventuellement dans l’incapacité de verser les salaires des fonctionnaires ? Éléments de réponse

    | LIRE AUSSI : Ouyahia évoque la perspective pour l’État de se retrouver dans l’incapacité de payer les fonctionnaires

Licenciements dans la fonction publique ?

« Dans les faits, Ouyahia n’a pas tort », confirme l’analyste financier Ferhat Ait Ali. Un tel scénario est inévitable si l’on maintient les transferts sociaux à leur niveau actuel, selon lui. « Il faudra bien faire des économies quelque part », prévient Ait Ali. Dans ce cas, ce sont les salariés de la fonction publique et particulièrement les détenteurs de contrats à durée déterminée (CDD) qui seront les plus touchés, indique la même source.

Dans un premier temps, il s’agira de licenciements purs et simples : l’État ne pourra pas se permettre de toucher aux salaires de certaines catégories de fonctionnaires, comme ceux des secteurs de l’éducation, de la santé ou des forces de sécurités (militaires, police…). Il restera ainsi « les maillons faibles », soit les fonctionnaires des collectivités locales. Pour maintenir les effectifs et les salaires des premiers, le gouvernement n’aura d’autre choix que de se séparer de ces derniers, précise notre interlocuteur.

Alternativement, il faudra réduire davantage les dépenses d’équipement et d’investissement publics, prévient Ait Ali. Ceci entraînerait une baisse de l’activité et donc de la fiscalité. En d’autres termes, un impact économique majeur, avec son lot de licenciements massifs, s’alarme-t-il.

Le problème se posera en 2018

Mais quelle est la marge de manœuvre du gouvernement et quand serait-il confronté à une telle situation ? Ferhat Ait Ali est catégorique : dans les conditions actuelles de notre économie, « le problème se posera dès 2018 ». En effet, avec la gestion actuelle du budget, l’Algérie sera confrontée à cette éventualité d’ici deux ans, estime l’expert.

Par ailleurs, Ferhat Ait Ali considère que les recettes pétrolières et ordinaires prévisionnelles (2018 et 2019) contenues dans la Loi de finances pour 2017 sont erronées. Ainsi, les budgets annuels seront intenables et nécessiteront des corrections. Les salaires des fonctionnaires pourraient être la variable d’ajustement, dit-il en somme.

Positionnement politicien d’Ouyahia

Ouyahia a donc raison sur le fond de la question. Cela dit, sa sortie médiatique ne manque pas de faire réagir. Beaucoup s’étonnent de ces propos. « Il est lui-même ancien Premier ministre et il est responsable de la situation en amont », dénonce Ait Ali.

Le même relève par ailleurs le paradoxe dans le positionnement d’Ouyahia : « le Premier ministre parle de redressement, tandis que lui ‘casse du sucre’ sur le dos de Sellal ».

    | LIRE AUSSI : Interdiction de la publicité sur Google et Facebook : Ouyahia enfreint la circulaire Sellal


Lire la suite sur Tout sur l'Algérie.