Retour à la dette extérieure pour contrer la crise financière



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Qui, quand, combien et pour quel motif ? La situation de l’Algérie face à l’endettement externe pourrait se résumer dans ces quelques questions. Experts et économistes se hasardent à dire sans craindre de se tromper que le retour à l’emprunt externe est inéluctable. Les prix du pétrole qui rechignent à remonter sensiblement confortent cette thèse. Reste à savoir si l’Algérie réussira à convaincre ses futurs créanciers de lui prêter au moindre coût et pour des raisons autres que le renflouement du déficit public. 2017 sera une année très difficile pour l’Algérie. La situation économique et sociale est très tendue. La raison : avec la chute du prix du baril, le pays voit ses ressources en dinar et en devise fondre comme neige au soleil. Afin de faire face à la crise, le gouvernement a adopté une nouvelle loi de finances contenant une série de mesures fiscales visant à renflouer les caisses à travers de nombreuses augmentations et de nouvelles taxes, provoquant la colère d’une grande partie de la population. Les ménages se sentent pris au piège et estiment que ce n’est pas à eux de «payer pour les erreurs commises par le gouvernement». «Avec cette loi de finances, la population est directement ciblée. Nous devons payer pour l’échec de la politique du gouvernement. Ils ont vidé les caisses de l’Etat et est à nous de les remplir maintenant», se désole Mustapha, 43 ans, marchand de fruits et légumes à Alger. Mustapha ne parle pas dans le vide. Côté augmentations, elles sont nombreuses. La première concerne les carburants. Comme déjà annoncé, elle sera de 4 DA / litre. Il convient de noter qu’en l’espace de deux ans, les prix du carburant ont augmenté de plus de 40%. Le tabac a également été taxé par la loi de finances 2017. Le paquet de cigarettes va augmenter de 40 DA, mais une augmentation doublement répercutée par certains buralistes. Passeports Autres augmentations : le prix du timbre du passeport. Les Algériens devront dépenser pas moins de 60 000 DA s’ils veulent obtenir un passeport biométrique de 48 pages. En cas de perte de leurs passeports, ils devront payer une taxe de 10 000 DA. Concernant les voitures, les prix des véhicules neufs connaîtront une hausse de 15 et 20%. Mais selon les experts, l’adoption de cette nouvelle loi de finances ne sera pas suffisante pour renflouer les caisses et annonce même des temps difficiles pour le pouvoir d’achat et une hausse de l’inflation. La cause : les prix vont augmenter, alors que les salaires demeurent inchangés, et le dinar va continuer à être dévaluer. C’est pour cette raison que le pays, va devoir une nouvelle fois faire appel à l’endettement extérieure. Dans un premier temps, l’Algérie a d’abord fait appel à la Banque africaine de développement (BAD) qui lui a accordé un prêt de 990 millions $ (900 millions d’euros), destiné au Programme d’appui de la compétitivité industrielle et énergétique . Ce prêt, le premier pour l’Algérie depuis le remboursement anticipé de la dette extérieure en 2008, intervient dans un contexte économique difficile. Créanciers Cependant, tous les experts s’accordent à dire que le milliard de dollars ne sera pas suffisant pour en finir avec la crise et que l’Algérie doit trouver d’autres créanciers pour sortir la tête de l’eau. Mais au vu de sa situation financière critique, le pays sera-t-il en mesure de trouver les créanciers ? En d’autres termes, qui pourrait nous prêter de l’argent ? Pour Mourad Goumiri, docteur en économie et ancien professeur d’économie à l’université d’Alger, l’Algérie ne trouvera aucun problème pour contracter une dette à nouveau, soit sur le marché financier international ou avec les institutions financières internationales, et même avec des institutions financières spécialisées, comme la Interaméricaine Banque de développement (BID), la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). Selon l’expert, l’Algérie pourrait aussi recourir à l’endettement bilatéral auprès d’institutions financières souverainistes, comme certainement discuté avec l’Arabie Saoudite lors du dernier déplacement du Premier ministre. Ainsi, selon lui, aussi longtemps que les réserves prouvées d’hydrocarbures garantissent les emprunts mobilisés sur les différents canaux financiers, notre pays sera en mesure de mobiliser des ressources financières, par sa dette. Politique Le problème n’est donc pas économique, mais plutôt politique. En effet, face à l’incertitude sur la transition politique, certains créanciers pourraient être réticents à prêter au pays l’argent dont il a besoin. Mourad Goumiri explique : «Les incertitudes politiques, et en particulier le remplacement du président Bouteflika, est un risque politique exponentielle. En plus du contexte géopolitique très sensible de la région, en particulier la sécurité et la stabilité à ses frontières, l’Algérie devra allouer des moyens humains, ressources matérielles et financières pour freiner toutes ces menaces.» De son côté, Ferhat Aït Ali, expert financier et ancien cadre au ministère des Finances, estime que le problème ne réside pas dans la dette elle-même, mais dans son utilisation. En d’autres termes, dans quel but nous nous endettons ? Selon le spécialiste, si nous nous endettons à travers les entreprises pour faire tourner des projets capables de générer des devises ou du moins atténuer l’hémorragie de devises à travers les importations, cela est faisable auprès des banques primaires ou de fonds d’investissement, sachant que le maintien des réserves de change à un niveau logique est une garantie de remboursement. Toutefois, si la dette sert à «financer le déficit public induit par les charges d’exploitation, aucun créancier ne serait en mesure de prêter de l’argent à l’Algérie sans garanties solides. Or, il se trouve qu’en ce moment, nous n’avons comme garantie que des concessions à faire sur notre politique économique et sociale, ce qui risque de déplaire aussi bien à une population formatée pour avoir un revenu sans production équivalente et des avantages sans aucun effort particulier, mais aussi à des classes dirigeantes qui perdraient leur ascendant sur la société qu’elles ne maintiennent que par une sorte de corruption généralisée par le faux social». Ressources Pour sa part, Souhil Meddah, analyste financier, promoteur en Bourse, membre de l’Union nationale des investisseurs, partage l’avis précédent et assure : «Avant de poser une telle question, il faut d’abord se demander pour quel usage doit-on s’endetter et dans quelle perspective notre endettement assurera le rôle d’un important levier pour faire face à la rareté des ressources qui, jusqu’à maintenant, servent comme principale locomotive qui alimente la croissance nationale à travers le financement de la dépense publique.» A cet effet, l’expert estime que si nous envisageons un crédit concessionnel par exemple, alors sa faisabilité sera connectée à un potentiel prévisionnel de la demande et de la consommation, que ce soit sur le plan interne de tous les acteurs économiques, (ménages, entreprises, collectivités, organismes, ou même touristes, etc.), ou qu’il soit sur le plan externe, tel le cas du grand port du Centre qui sera dédié uniquement aux transactions internationales en off-shore. Cependant, «s’il s’agit d’accord bilatéral établi entre l’Algérie avec un organisme financier ou avec un autre pays dont l’emprunt accordé est destiné à un usage bien précis, suivant présentation de son objet et de son business modèle, et aussi sur les garanties macroéconomiques disponibles sur tous les plans (stabilité financière, potentiel du marché, marché du travail, consommation, stabilité politique,etc. )»   


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