Primaire de la gauche en France

ce que proposent les principaux candidats sur l’islam, le voile et la sécurité



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Le premier tour de la primaire de la gauche pour la présidentielle française aura lieu dimanche 21 janvier et le second tour le 29 janvier. Jeudi, les sept candidats à cette primaire ont participé à un débat télévisé.

Arnaud Montebourg a salué lors de ce débat l’action de François Hollande contre le terrorisme. Pour lui, la seule riposte, c’est « l’unité nationale », qui est l’une des raisons pour laquelle le candidat propose « le service national civil, militaire, humanitaire » afin que la France puisse « refaire corps autour du drapeau, reprendre le chemin du brassage », quel que soit le milieu et les origines.

Le candidat affirme de plus que la tâche de remise en place du renseignement de proximité doit être poursuivie. Pour remplacer l’État d’urgence, voué à être temporaire, Arnaud Montebourg propose un « état de protection permanente » qui inclut un parquet national antiterroriste capable de coopérer avec les services de renseignement. Il propose aussi de renforcer les contrôles et la police aux frontières, et de recruter 12.000 policiers ou gendarmes, un chiffre supérieur à celui avancé par ses rivaux principaux.

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Déchéance de nationalité

Manuel Valls, interrogé sur la déchéance de la nationalité, a affirmé que l’idée ne visait pas les « enfants de la République », mais les terroristes. Il a déclaré avoir déchu et expulsé 6 personnes au cours des derniers mois, et affirmant : « Ici, je suis Charlie, et je serai toujours Charlie« .

Benoît Hamon a saisi l’occasion pour rétorquer : « Moi aussi, comme nous tous, je suis Charlie. Et beaucoup de ceux qui auraient été directement concernés par la déchéance de nationalité étaient Charlie, et ce qu’ils n’ont pas accepté c’est que puisse être inscrit le principe d’une inégalité dans la Constitution entre citoyens. »

Pour l’ancien ministre, il faudra renforcer la France sur le plan militaire et consacrer 3% du PIB à la sécurité.

Mixité sociale

Il faudra aussi donner la priorité à la mixité sociale à l’école pour remettre en question les ghettos sociaux et les ghettos scolaires. Pour lui, « le mot République chante plus qu’il ne parle quand on fait plus l’expérience (…) de la discrimination que de la fraternité » et « sans mixité sociale, c’est très difficile de faire vivre la République ».

Vincent Peillon envisage lui aussi d’augmenter les budgets militaires, ainsi que le recrutement de 5.000 policiers et gendarmes. Visant Manuel Valls, l’ex-ministre de l’Éducation a mis en garde contre la référence à une « guerre », déclarant que « beaucoup de ces terroristes sont des enfants de la France » et que le mot guerre « a du sens lorsqu’on s’affronte à des armées extérieures. Si l’on parle de guerre sur le territoire national, avec des enfants tombés dans ces excès et emmenés par le djihad, alors nous pouvons introduire certaines confusions par rapport au travail que nous devons faire ».

Pour Manuel Valls, au contraire, « nous sommes en guerre » et « le terrorisme, cet islamisme radical nous mène cette guerre ». Pour l’ex-Premier ministre, « le rôle du chef de l’État, c’est d’armer la France. » Il propose de créer 1.000 emplois de policiers et de gendarmes par an pendant cinq ans, et de créer 10.000 places de prison supplémentaires. Pour lui aussi, la priorité doit aller à l’école et à la mixité sociale.

La campagne ayant démarré en décembre, les programmes des candidats de gauche sont « moins épais » que ceux de la primaire de la droite, en particulier sur le plan la politique étrangère, souligne Le Monde, qui note aussi les divisions et désaccords entre les candidats.

Voile à l’université

Arnaud Montebourg, qui n’entend pas interdire le voile dans les universités ni dans les entreprises, propose le droit de vote pour les étrangers aux élections locales « car il est nécessaire que ceux qui paient des impôts, parfois depuis trente ans, et qui n’arrivent pas à se faire entendre de certains élus puissent participer au bien commun. Nous en avons hautement besoin dans un pays fracturé où il est temps de se réconcilier, d’agir ensemble, de se donner la main et d’assurer une forme d’entraide. »

L’ancien ministre propose aussi de développer une union économique entre les deux rives de la Méditerranée et de « réagir aux déséquilibres migratoires » via notamment « un effort massif d’aide au développement et de co-développement africain pour aboutir à un véritable projet euro-méditerranéen et pour réduire les différences de richesses entre les deux rives de la Méditerranée. »

Droit de vote aux étrangers

Benoît Hamon a lui aussi déclaré refuser l’interdiction du voile dans les universités, affirmant : « Il y a une forme de stigmatisation, où quand on ne sait pas résoudre les problèmes, on créé une polémique avec les musulmans. Qu’une femme, qui porte un foulard, fasse une sortie scolaire, cela ne me pose pas problème », selon des propos rapportés par RTL.

Le candidat propose également le droit de vote pour les étrangers aux élections locales « pour qu’ils puissent pleinement s’insérer dans notre vie démocratique et sociale. » Il propose par ailleurs la reconnaissance de l’État palestinien, et une « aide au développement à la hauteur de nos moyens », avec des « partenariats équitables principalement avec les pays d’Afrique ».

Lutte contre le terrorisme

Manuel Valls met, quant à lui, en avant la protection des Français face à la menace terroriste et le renouvellement du « pacte laïque » avec l’adossement d’une « Charte de la laïcité à la Constitution ». L’ex-Premier ministre envisage aussi de « bâtir un islam enraciné dans la République », en libérant « le financement de l’islam de France des influences étrangères » et en ouvrant « le Conseil français du culte musulman à la diversité de l’islam et aux nouvelles générations ».

Le candidat déclare sur son site de campagne : « L’islam est la deuxième religion de France. Il est dans l’immense majorité de ses expressions une religion de paix, compatible avec les valeurs de la République. Mais cet équilibre est précaire. C’est au nom de l’islam, d’un islam dévoyé que s’expriment les islamistes radicaux, les prêcheurs de haine. Il appartient aux musulmans de se défendre contre ces obscurantismes qui peuvent guetter. C’est à eux, d’abord, de se mobiliser, de se former, de transmettre nos valeurs. Mais la République doit aussi les protéger et les aider. »

L’ex-Premier ministre envisage, par ailleurs, de mettre l’Afrique au cœur de sa politique étrangère, expliquant : « Au milieu du siècle, un quart de la population mondiale sera africaine. C’est, pour la France et pour l’Europe, tout autant un défi qu’une formidable opportunité, compte tenu de l’immensité des besoins du continent. »


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