Intempéries, isolement et failles



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Une vague exceptionnelle de froid et de chutes de neige, pour lesquelles il n’y a pas eu de mise en place de moyens adéquats.  Point sur la situation dans les régions sinistrées. Où se situent les défaillances ?  Encore du froid et encore de la neige. Tlemcen, Naâma, Sidi Bel Abbès, El Bayadh, Tiaret, Saïda, nord de Laghouat, Djelfa, Médéa, Bouira, Sétif, Bordj Bou Arréridj et Tizi Ouzou sont encore concernées par le bulletin météo spécial émis par Météo Algérie, valable jusqu’à dimanche. C’est particulièrement les reliefs de l’ouest et du centre du pays à partir de 600-700 mètres d’altitude et de 800 à 900 pour les régions est qui seront enneigées. Une vague de froid et des chutes de neige «exceptionnelles», mais insuffisamment annoncées au préalable pour que les collectivités locales et d’autres éléments d’intervention prennent leurs dispositions. Une vague de froid qui a mis à nu des défaillances et manquements de certaines mairies. A Adekar, qui est à 1000 mètres d’altitude, comment se fait-il, s’interroge l’élu Foudil Chalane, que cette commune dispose de moins de moyens de déneigement qu’Aokas ou El Kseur. Il explique : «Des communes qui enregistrent rarement des chutes de neige sont mieux dotées que nous, où la neige est au rendez-vous annuellement». Aujourd’hui, la situation est claire, plusieurs raisons font que des régions entières sont isolées et leurs populations lancent des SOS. D’abord, les BMS ne sont malheureusement pas pris en considération. Même si Sonelgaz et Naftal affirment le contraire avec un dispositif mis en place le jour où Météo Algérie annonçait son premier BMS, les collectivités locales, à l’imagee d’Adekar, n’ont pas jugé utile de mettre en place une cellule de crise. Foudil Chalane témoigne : «La gendarmerie, la police, les gardes forestiers et les chefs de daïra devaient être saisis avant même cette situation et informer la population de ce qui allait se passer. Le BMS n’a pas été pris au sérieux.» Deuxièmement, il y a la question des moyens. Spécificités Les spécificités des régions sont rarement prises en considération pour doter les APC de moyens de déneigement. Des communes de la vallée sont mieux dotées que des communes montagneuses. Et si le matériel existe, certaines APC ne prennent pas la peine de réparer les engins en panne. Le cas aussi d’Adakar, toujours selon M. Chalane. «Vient ensuite la collaboration des autres éléments sur place. Si les moyens mis en place ne suffissent pas, les APC ont fait appel à des entrepreneurs privés pour intervenir», affirme le même élu. Mais ces derniers, majoritairement des bénéficiaires de l’Ansej, craignent pour leur matériel. Autre détail important, les opérations de déneigement ne se font pas à temps. Autrement dit, il ne faut pas laisser la neige atteindre un seuil important pour ne pas compliquer l’opération de la déneigeuse. En attendant de remédier définitivement à ce genre d’isolement, hier à Tizi Ouzou, et sans aucune surprise, des milliers de foyers étaient toujours sans électricité. La pression sur le gaz butane se fait ressentir aussi. Plusieurs voies de communication ont été obstruées par la neige, où les agents communaux sont à l’œuvre pour assurer des opérations de déneigement. Les localités les plus touchées sont celles perchées sur les montagnes. Le problème des perturbations dans le réseau d’électricité demeure toujours dans six communes. Mohamed Klalèche, président de l’APW, nous a confié, hier, que des milliers de foyers sont dans le noir. «Les services de Sonelgaz n’ont pas pris leurs précautions d’intervenir avant la fermeture des accès. C’est pour cela que pratiquement toutes les communes de la wilaya ont été touchées par les perturbations du réseau électrique. En 2012, les agents de Sonelgaz étaient pris en charge par les communes, surtout là où l’accès est difficile, pour intervenir sur place. Chose qui n’a pas été faite cette année», explique le même responsable qui ajoute que plusieurs communes sont toujours isolées, comme Bounouh, Agouni Gueghrane, Illoula Oumalou, Bouzeguène où les moyens des mairies ont été mobilisés pour ouvrir les principaux axes routiers. M. Klalèche nous a confié également que l’APW a débloqué une enveloppe budgétaire pour la prise en charge des SDF et des migrants africains qui subissent des conditions intenables en cette période de froid glacial. Electricité Par ailleurs, même si les engins des services communaux ont réussi à ouvrir les routes, la veille, dans certaines communes, les importantes quantités de la poudreuse qui n’a cessé de tomber durant la nuit de mercredi à jeudi ont obstrué de nouveau les voies de communication. Ainsi, l’accès devient quasiment impossible même vers les communes du littoral puisque la route est bloquée à Aghribs et au niveau du lieudit La Crête, entre Makouda et Tigzirt, où les citoyens ont également passé la nuit à la chandelle en raison des coupures d’électricité. Les écoles étaient également fermées dans pratiquement tout le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou. La direction de Sonelgaz de Tizi Ouzou tente de maîtriser la situation : «Le nombre de communes touchées par la rupture de l’alimentation électrique a baissé à huit dans la matinée d’hier jeudi, alors qu’il était de 33 cas mercredi», selon la chargé de communication de l’unité de distribution de Sonelgaz. Les interventions des équipes de l’entreprise, appuyées par les entreprises sous-traitantes, lancées mercredi, ont permis de rétablir le courant dans 25 communes de la wilaya, a précisé Salima Chennoub, responsable à Sonelgaz. Le problème persiste encore dans les communes d’Aït Chafaâ et Akerrou, touchées dans leur totalité par la coupure d’électricité, suite à la chute d’un support dans un ravin difficile d’accès aux équipes d’intervention. Les cinq autres municipalités connaissent des ruptures partielles au niveau de quelques villages. Le travail des agents de Sonelgaz s’est poursuivi dans la journée d’hier pour réparer la totalité des pannes signalées sur le réseau électrique et rétablir l’alimentation en énergie dans les meilleurs délais, a-t-elle rassuré, affirmant que le plan d’urgence, déclenché dans le cadre des intempéries, reste en vigueur jusqu’à nouvel ordre. Dans les autres régions également touchées par les coupure d’électricité, Sonelgaz, qui dit avoir déclenché son plan d’urgence au premier BMS, pointe du doigt certaines communes, lentes dans les interventions pour l’élagage des arbres. Car, explique Khalil Hadna, responsable de la communication à la direction de Sonelgaz, ce sont particulièrement les chutes d’arbres qui ont provoqué les coupures d’électricité. «Chasse-neige ou autre matériel a été mobilisé pour la réouverture des axes afin que nos équipe interviennent dans leur compétence. Des correspondances ont été adressées aux APC afin de procéder aux élagages des arbres pour éviter ce genre de situation. La moitié des coupures d’électricité que nous enregistrons sont dues aux chutes de branches. Les APC n’ont pas fait leur travail», affirme encore le même responsable, qui assure que l’alimentation en électricité a été rétablie, à l’exception de certaines communes, à Sétif. Gaz La pression sur le gaz butane se faire aussi sentir avec acuité dans les localités non encore raccordées au réseau du gaz naturel. Des villageois d’Iflissen, Timizart, Mizrana et même Beni Yenni, Boghni risquent de connaître une pénurie de gaz butane puisque les camions d’approvisionnement n’arrivent à accéder à ces localités où la neige continue à tomber. Il est utile de noter que dans certains villages des communes en question, le chantier du réseau d’alimentation en gaz naturel a été abandonné par l’entreprise en charge du projet. A Béjaïa, il est impossible pour les élèves d’accéder à leurs écoles. Selon la direction de l’éducation, 84 écoles primaires, 40 CEM et 20 lycées sont restés fermés mardi et mercredi. A l’université, si le campus de Targa Ouzemmour a fonctionné partiellement, celui d’Aboudaw, dont l’accès est inondé, on a dû annuler les examens prévus mercredi et jeudi pour les remettre à une date ultérieure, apprend-on d’une source universitaire. A Sétif, faute de moyens de déneigement, l’aéroport 8 Mai 1945, où le plan neige n’a pas été déclenché, est resté fermé quatre jours durant. Une telle situation a engendré le report de 18 vols. Dépourvu d’outils appropriés, l’infrastructure précitée a une nouvelle fois fait appel à des niveleuses et des chargeurs ne pouvant intervenir dans une piste où le balisage a été, nous dit-on abîmé par ces engins, qui doivent être remplacés par des équipements adéquats. A noter que ce défi perdure depuis 2002, date d’ouverture de l’aéroport qui vient à peine de recevoir l’ILS (Instrument Leanding System) permettant aux avions d’atterrir sans encombre les jours de mauvaises conditions atmosphériques. Lesquelles ont retardé le début d’installation de cet équipement. Il convient de souligner que la tempête a fortement pesé sur la distribution des produits de base. La rupture de stocks de certains produits alimentaires a été ressentie même au niveau du chef-lieu de la wilaya, où la mercuriale s’est enflammée, hier. Pour l’illustration, la pomme de terre a été cédée à 85DA/kg. la tomate a franchi la barre des 170DA/kg… A Bouira, la situation s’est un peu améliorée. Les efforts et la mobilisation des éléments de l’Armée nationale populaire, de la Gendarmerie nationale et de la Protection civile ont donné leurs fruits. La RN33 a été rouverte à la circulation des véhicules jusqu’au Centre national des sports et loisirs de Tikjda (CNSLT). Idem pour la RN62 reliant Sour El Ghozlane à Dechmia, la RN8 entre Sour El Ghozlane et Dirah ainsi que d’autres chemins de wilaya, au sud de Bouira. Selon des responsables à la wilaya de Bouira, 50 chasse-neige ont été mobilisés pour mener les opérations de désenclavement. Dans la nuit de mardi à mercredi derniers, la circulation automobile sur l’autoroute Est-Ouest était impossible à cause du verglas sur la chaussée, notamment au niveau de Djebahia et du tunnel de Aïn Chriki, à l’ouest du chef-lieu de Bouira. Heureusement, dès les premières heures de la matinée de mercredi, la circulation automobile a repris son cours. Cependant, la RN15 reliant les wilayas de Bouira et Tizi Ouzou, demeure toujours fermée au niveau du col de Tirourda. Dans l’est de la wilaya, le pire a été évité au village Imesdourar relevant de la commune de Saharidj, à 50 km au nord-est de Bouira. Pendant quatre jours successifs, cette localité, qui culmine à quelque 1000 m au cœur du mont Djurdjura, a été totalement isolée du monde. Mercredi vers midi, les engins de la daïra de M’chedallah sont parvenus à dégager l’unique accès dudit village vers la RN30. Au chef-lieu de la wilaya, les crues d’un oued ont submergé 10 baraques à Ouled Bellil, à la périphérie de Bouira. Les 10 familles sinistrées ont observé, mardi dernier, un sit-in devant de la wilaya pour réclamer la régularisation de leur situation. Les classes du CEM de la commune de Aïn Laloui, à l’ouest de Bouira, ont été inondées aussi. Ecole En ce qui concerne le gaz butane, le centre d’enfûtage de Sidi Khaled, au sud de Bouira, a augmenté sa production pour atteindre les 17 000 bonbonnes par jour, et ce, pour subvenir à la demande croissante en ces temps de froid. A noter que ce centre d’enfûtage couvre aussi les besoins de la partie est la wilaya de Médéa en matière de gaz butane. Dans ces régions, l’alimentation en électricité et en gaz pose un sérieux problème. Naftal se veut rassurant et dit avoir préparé la saison hivernale depuis le mois de mai, affirmant qu’un stock de gaz butane a été remis aux APC des régions sujettes aux vagues de froids et concernées par les BMS. Il s’agit d’un stock stratégique que les APC ne doivent mettre à la disposition de la population qu’en cas de fermeture des axes routiers, explique Djamel Cherdoud, directeur de la communication de Naftal. Autre mesure : la mise en place de microcentres d’une capacité de 1000 bouteilles par jour. Et dès que les axes sont ouverts, même momentanément, Naftal, toujours selon M. Cherdoud, réalimente le stock entamé en prévision des autres BMS. Pour tout le pays, Naftal a actuellement une capacité de 700 000 bouteilles/jour alors qu’en temps normal elle se limitait à 350 000 bouteilles/jour. A Mascara, le froid est glacial, même si les routes sont praticables. Les élèves éprouvent du mal à se concentrer, en raison du froid. C’est l’éternel problème : l’absence ou le non fonctionnement des appareils de chauffage. Cet état de fait est démenti par tous les responsables ! Par contre, de nombreux enseignants, parents d’élèves et écoliers dénoncent «les conditions défavorables de scolarisation et de travail dans les classes de certains établissements scolaires, durant cette période glaciale, dans les régions de la wilaya.» Une jeune fille scolarisée en 1re année moyenne dans un établissement réalisé en préfabriqué nous a révélé que le professeur, en l’absence de moyens de chauffage, ramène avec lui sa résistance électrique ! Cependant, certains enseignants évitent de mettre en service les appareils installés dans les classes car ils présentent des risques. «On ne peut pas risquer de mettre la vie des enfants en danger. Ces appareils sont dangereux et tombent souvent en panne», nous dit une enseignante dans une école primaire. Une source de la direction de l’éducation de Mascara nous a relaté, dans se sens, que «la gestion des écoles primaires par les APC est l’une des causes de cette situation dans laquelle se trouvent certains établissements». C’est l’occasion aussi, pour certains syndicats de l’éducation, à l’exemple de la section de Béjaïa du Snapap, de soulever la problématique de la tutelle des écoles. «C’est le moment ou jamais de remettre la gestions des écoles sous la tutelle du ministère de l’Education nationale pour que l’ensemble des élèves bénéficient des mêmes conditions», affirme un communiqué du Snapap.


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