Une APN entachée par la fraude ne tiendra pas cinq ans



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Union avec le Front du changement de Menasra, option de la participation aux législatives et perspective de la crise : le leader du MSP revient pour El Watan Week-end sur ces questions et prévient contre les tentations de la fraude électorale.  - L’«union incorporative», que vous venez de concrétiser avec le Front du changement de Abdelmadjid Menasra, serait-elle vraiment un projet politique de longue haleine ou un recentrage en vue des prochaines législatives ? Il s’agit, en fait, d’un processus entamé il y a de cela trois ans, trois ans de discussions avec le Front du changement. Ce qui démontre qu’il ne s’agit pas d’une union circonstancielle. On retrouve d’ailleurs ce parcours dans les clauses même de l’accord avec le Front du changement et ses résultats. Ce n’est pas une opération à la va-vite ! Il y a eu des hauts et des bas, des fois on se sentait près de l’accord, parfois on s’éloignait. Mais je dois dire aussi que l’approche des législatives a favorisé l’accélération de ce processus. - Le système se méfie des unions des forces politiques, préférant la dislocation, ou, souvent, la création de clones. N’avez-vous pas peur qu’on vous trouve des biais juridiques pour empêcher cette union ? Sur ce plan-là, nous avons pris toutes nos précautions. Nous avons tenu à mentionner dans les clauses de l’accord avec le Front du changement que toutes les procédures doivent être légales. Au MSP, nous avons également créé une commission juridique, et qui se réunit fréquemment pour étudier toutes les précautions légales. D’autant plus que nous allons vers un congrès extraordinaire, nous devons être sûrs de respecter à la lettre la loi. Cette union sera complètement parachevée lors du congrès démocratique, le congrès ordinaire du premier trimestre 2018. Car nous avons planifié cette union en trois étapes : l’étape électorale, l’étape consensuelle (de dix mois, juste après les législatives) couronnée par un congrès extraordinaire, puis, enfin, l’étape du congrès démocratique qui coïncidera avec la date du congrès ordinaire donc. - Comment allez-vous organiser, ensemble, l’élaboration des listes électorales ? Les listes seront discutées localement entre les candidats des deux formations, sur les critères de la compétitivité, de l’équité et de l’équilibre, mais avec une supervision, ensuite au plan central au cas où il faudra trancher sur des cas que les instances locales n’ont pas pu régler. - Chez les partis islamistes, on est passés de la phase des «redressements», des clones et des dissidences, à celle du recentrage. Pourquoi maintenant ? Parce que les partis islamistes ont perdu trop d’électorat ? Pour faire face à la barre des 4% imposés par la loi électorale ? D’abord, cet effritement n’est pas propre au courant islamiste. On voit par exemple quelque quinze partis de ce qu’on appelle le courant nationaliste, autant dans le courant dit «démocrate» : c’est un phénomène algérien provoqué par la situation politique anormale et essentiellement par la fraude électorale. A défaut de l’émergence de grands partis représentatifs de courants politiques distincts comme dans tous les pays démocratiques. Ensuite, le MSP n’a aucun souci avec le quota des 4%, nous sommes un parti structuré, présent à l’échelle nationale, avec des élus locaux dans toutes les wilayas. - Comment concilier entre votre opposition à un système que vous qualifiez de source de la crise et votre participation à des élections organisées par ce même système ? Premièrement, je dois dire qu’on a été surpris par l’accueil positif de notre électorat à cette décision. C’est ce qui a été constaté lors de nos sondages et nos actions de proximité. Deuxièmement, ce que nous avons fait jusqu’à présent, c’est-à-dire participer dans le jeu politique au sein d’un système non démocratique, est exactement ce qu’ont fait les partis à travers le monde, en Afrique, en Amérique du Sud et en Europe de l’Est avant d’accéder à la démocratie, après des années de militantisme et de résistance. C’est l’option qu’avait aussi choisie le mouvement national durant la colonisation : il a participé aux élections jusqu’à la Révolution du 1er Novembre. Donc, sur le plan pragmatique et historique, notre démarche n’est pas incongrue. Troisièmement, si nous considérons qu’on ne peut participer à des élections entachées par la fraude, cela veut dire que nous devons sortir dans la rue ! Parce que nous devons rester dans la logique du changement et dans la logique de la résistance politique. Mais aujourd’hui, ni les Algériens veulent sortir dans la rue ni nous permettrons de nous aventurer dans cette voie. Donc, nous n’avons pas d’autre alternative. Si je ne vais pas aux élections, eh bien, il ne me reste qu’à rentrer chez moi, car on ne peut activer autrement : médias et société civile sont, en majorité, sous contrôle, les marches sont interdites, etc. Si un parti boycotte, cela voudra dire qu’il se positionne en rupture totale avec le système politique. S’il participe, alors nous avons deux possibilités. Ou le système politique comprend que la fraude va causer une très grave crise qui va ruiner le pays, et à ce moment-là, nous serons présents pour participer à la transition politique, ou bien le système se décide toujours à employer la fraude. Dans ce dernier cas, il faudra toujours rester dans les Assemblées afin de faire prendre conscience aux Algériens, même à travers quelques députés seulement, sur les enjeux des lois. Ils reste que nous pouvons parler avec des responsables directement et avec le peuple en connaissance des faits à l’intérieur des instances législatives. Par ailleurs, on était présent dans les Assemblées grâce à nos élus locaux et au plan national, et grâce à nos militants, nous allons d’abord nous mobiliser pour éviter que la colère de la société ne se transforme en casse, surtout que la violence arrange le système. Ensuite, nous canaliserons la colère du peuple pour faire pression et exiger le changement et entamer la transition démocratique, car toutes les études confirment que la contestation sociale est en hausse constante. Si le peuple algérien sort dans la rue sans leaders politiques et sociaux, alors ce sera le chaos. Et nous sommes contre une telle catastrophe. Il faut que cette colère serve plutôt à aller vers une transition négociée avec tous les partis. - Quel serait, selon vous, le minimum de garanties pour des élections sans fraude ? Il n’y a que deux garanties. D’abord, une participation massive des électeurs. Si le peuple algérien vote en force et s’impose pour surveiller les urnes, la fraude sera jugulée, car le pouvoir n’a pas peur des partis, il n’a peur que de deux facteurs : le peuple… et l’étranger ! La seconde garantie est la volonté même du pouvoir en place, s’il a compris, de manière très pragmatique, que frauder cette fois-ci va nous mener à la catastrophe, car si les Assemblées élues, au niveau national ou local, sont truquées, les élus ne pourront pas avoir la capacité de répondre à la colère des Algériens. En fait, cette crise qu’on a entamée peut être une chance : si le pouvoir comprend que des assemblées représentatives peuvent répondre à la contestation. Peut-être qu’au sein du système il y a des personnes qui réfléchissent à cela. Et je pense même qu’une APN entachée par la fraude ne tiendra pas jusqu’au terme de son mandat.


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