Islam de France

pourquoi Dalil Boubakeur boude les nouvelles instances



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Ses rondeurs et son langage mesuré laissent croire à une personnalité conciliante. Mais l’indéboulonnable recteur de la Grande mosquée de Paris est un apparatchik qui maîtrise, malgré ses 76 ans, l’art du coup de griffe et de l’embuscade.

Fort de tenir le minbar de l’emblématique Grande mosquée de Paris, avec le soutien actif d’Alger, Dalil Boubakeur donne de l’urticaire aux responsables politiques français qui ne cessent pas de s’agacer de son caractère imprévisible. Il vient encore d’en faire la démonstration au moment où Paris croit être enfin parvenu au dernier palier de l’organisation de l’islam de France.

Le recteur a annoncé, lundi 23 janvier, son refus de participer à la mise en place des nouveaux chantiers de « l’islam de France ».

Dalil Boubakeur a annoncé sa décision 48 heures avant une réunion du Conseil français du culte musulmans consacrée justement à la charte de l’imam, à l’association cultuelle et la très épineuse question du financement.

Saborder la réunion 

En fait, le recteur a d’abord voulu saborder cette réunion. Le 19 janvier, il s’est réuni avec l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), tenue en suspicion pour sa proximité avec les Frères musulmans, et avec le Marocain Mohammed Moussaoui, ancien président du CFCM.

Dalil Boubakeur invite également toutes les fédérations à une réunion de concertation le 24 janvier dans les murs de son institution. Rendez-vous agrémenté d’un repas. Mais on le soupçonne de vouloir torpiller le CFCM qu’il ne dirige plus. « On ne comprend pas les gesticulations en dehors de l’instance représentative, organe connu et reconnu par les uns et les autres », lui répond l’association Foi et Pratique.

Sa manœuvre éventée, il est passé à un coup d’éclat. Il est coutumier du genre, convaincu que l’islam de France ne peut s’organiser sans la Grande mosquée. Donc sans lui. Jusqu’à présent en tout cas, puisque les tentatives de le déchoir ont toutes échoué.

Favoriser les Marocains 

« Après concertation avec ses membres, la Fédération nationale de la Grande mosquée de Paris décide de ne pas participer aux travaux de mise en place de la Fondation de l’islam de France et de son conseil d’orientation ainsi qu »à ceux de la mise en place de l’association cultuelle », annonce-t-il.

De concertation,  Il n’y eut point, assure un membre de la Fédération. « Boubakeur a décidé tout seul comme à son habitude », s’exaspère cette source. Difficile pourtant d’envisager une telle hypothèse tant la question de l’islam de France est sensible à  Paris comme à Alger où l’on subodore une volonté sournoise de favoriser les Marocains, voire même l »UOIF.

Lors de la troisième « instance de dialogue avec l’islam » en décembre, le ministre de l’Intérieur, Bruno Le Roux, avait affiché sa volonté d' »aller vite » pour doter la deuxième religion de France d’instruments de financement « transparents ».

Financements étrangers 

De plus en plus de voix s’élèvent en effet en France pour dénoncer les financements étrangers. Ceux notamment en provenance d’Arabie saoudite et du Qatar. Paris entretient des relations stratégiques avec ces deux monarchies suspectées de financer l’expansion de l’islamisme. Une ambivalence de plus en plus difficile à  défendre depuis que la France a été plongée dans le sang par Daech.

Les attentas ont d’ailleurs gâté la mise en place de la Fondation, près de 15 ans après la création du CFCM. Désormais opérationnelle sous la présidence de Jean-Pierre Chevènement, la Fondation de l’islam de France, laïque, devrait notamment soutenir la formation profane des imams et aumôniers.

En plus de cette Fondation, une association cultuelle nationale doit être mise sur pied pour financer de manière transparente des projets en matière religieuse, comme la formation théologique des imams et la construction de mosquées. Mais cette structure stratégique, qui pourrait disposer d’une « contribution volontaire sur le halal », peine à voir le jour, sur fond de rivalités entre fédérations.

Le poids de la communauté algérienne 

Dalil Boubakeur s’est vu confier la présidence du « conseil d’orientation » de la Fondation, chargé de sélectionner les projets à financer. Or, ce fauteuil est jugé insuffisant du côté de la Grande mosquée de Paris.

Le recteur, qui n’a plus le leadership sur le CFCM, semble désirer des pouvoirs proportionnels au poids de la communauté algérienne. « Il veut être partout », s’agace un de ses adversaires.

Au ministère de l’Intérieur, on n’apprécie pas non plus cette tournure inattendue. Le gouvernement ne se satisfait pas de cette volonté de ne pas participer » aux chantiers en cours, commente-t-on. À quelques mois de la fin du quinquennat de François Hollande, le recteur peut vouloir jouer la montre en attendant une nouvelle majorité.


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