Le rebond démographique algérien va peser sur sa sécurité alimentaire



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L’Algérie est elle fragilisée par le regain de sa courbe démographique ?  La question se pose. C’est par la porte de la «sécurité alimentaire» qu’elle a été abordée cette semaine avec l’expert Omar Bessaoud, producteur d’une étude du même nom pour le compte du Forum des chefs d’entreprise FCE. De quoi s’agit il ? D’un effort colossal dans l’augmentation de la production agricole depuis 15 années et le lancement du PNDA, le plan national de développement de l’agriculture, qui a rattrapé le sous-investissement des années 90. Doublement de la surface irriguée, portée à un million d’hectares. Croissance à deux chiffres dans la production de céréales, de lait, des huiles, des agrumes, et expansion de la production de pommes de terre en passe de devenir un substitut au blé dur dans la ration calorique algérienne. Mais voilà, tout cette effort n’a pas empêché la facture d’importation du pays de passer de la moyenne des 2,5 milliards de dollars en début de période, à celle des 9 à 10 milliards de dollars en 2014-2106.  C’est  bien sûr la croissance démographique du pays qui a effacé les effets de l’expansion de sa production agricole. L’Algérie est un des rares pays au monde qui a renversé une transition démographique. C’est à dire qui a fait repartir une courbe de natalité après qu’elle a obéi au mouvement quasi universel de sa baisse liée  au développement matériel, à celui de l’essor de l’éducation des femmes et de leur employabilité. L’indice de fécondité moyen est remonté de 1,9 enfant par femme en âge de procréer il y a 15 ans à 3,1 enfants.  Dans la pyramide des âges, la population des  0 à 4 ans est supérieure à celle des 5 ans à 9 ans.  La problématique de la sécurité alimentaire ressemble à celle du modèle énergétique. Insoutenable si la croissance de la consommation n’est pas contenue. Plus facile à faire pour la démographie que pour les économies d’énergie devant lesquelles tout le monde ou presque rechigne.  L’Algérie a conduit une politique de planning familial efficace il y a trente ans. Elle était bien heureuse d’en rencontrer les effets dans le tunnel financier des années 90.  Il serait peut-être temps de reprendre ce chantier aujourd’hui. Il faudra  nourrir 50 millions d’Algériens dans moins de 13 ans. L’expert, Omar Bessaoud, montre très bien dans son rapport les marges de croissance et les limites de la production agricole algérienne. Principale contrainte, le stress hydrique. Il va aller croissant les prochaines années, avec les prévisions de dérèglement climatique traduisible en réchauffement et baisse de la pluviométrie sur l’Afrique du Nord.  Bien sûr, la Suisse importe pour 15 milliards de dollars de produits alimentaires pour ses 8 millions d’habitants, et le Japon en importe pour 70 milliards. Tant que le modèle économique algérien permet de financer le complément de la ration alimentaire dans l’importation la sécurité est là. Mais pour combien de temps ? L’Algérie a donc besoin de soutenir son effort d’investissement dans l’agriculture pour poursuivre la croissance de son produit agricole sous contrainte démographie haute. Au point de faire n’importe quoi ?  Le modèle des grandes fermes sahariennes enflamme depuis quelques années les imaginaires en Algérie. Aucun bilan n’ a été tiré des expériences des périmètres en pivot de Gassi Touil et d’Adrar pour le blé et les produits maraîchers. On sait qu’ailleurs elles ont mal tourné. Coût trop élevé, remontée des sels, dégradation des parcelles. C’est déjà le sort qui guette les grandes surfaces d’El Oued, dédiées à la pomme de terre. Omar Bessaoud évoque le cas de l’Arabie Saoudite, pionnière dans l’agriculture saharienne, qui a pris le virage de la mise en valeur des terres ailleurs dans le monde. Lorsque leur location est possible.  L’Algérie persiste à maintenir le cap sur les grands formats d’investissement. Elle pense même avoir décroché une timbale en attirant un investisseur américain, American International Agricole Group (AIAG), dans des partenariats avec des transformateurs algériens, le groupe Lacheb et Tifralait, pour la production de volumes considérables de blés, de fourrages, de pomme de terre, de viande et de lait sur les deux sites de Brezina (El Bayadh) et Adrar. L’expert financier, Ferhat Aït Ali, a pris sa calculette pour ajuster les objectifs de production annoncés avec le business plan correspondant. Cela dérape d’entrée. Dans une enquête publiée par Maghreb Emergent, il  s’avère que les investissements, tels que définis, sont irréalisables. Ce qui a poussé à mieux se renseigner sur les capacités de déploiement du partenaire américain auteur d’une projection aussi farfelue. Il s’agit d’une coquille vide. Qui débute  en Algérie sa carrière dans le business en général et dans ce type de business en particulier.  La substitution à l’importation, la diversification de l’économie et la sécurité alimentaire  ont il rendu, à ce point,  aveugles une cohorte d’institutionnels algériens ? Le contre-modèle proposé par l’expert Omar Bessaoud est celui de la consolidation de l’agriculture d’Oasis de qualité.  C’est une autre vision du développement rural saharien qui s’appuie sur d’autres acteurs et travaille pour un autre type d’intégration avec la population locale. Elle déplaît aux autorités algériennes ? Peut-être parce qu’elle n’a pas la grandiloquence d’un projet qui, sur 25 000 m2, nécessite trois barrages de Keddara pour sa réalisation.   Le retour de l’Algérie à une politique nataliste plus restrictive ne fait pas partie des idées qui seront débattues durant les deux mois qui viennent pour les élections législatives. Les idées n’ont pas encore leur place dans le débat. L’heure est à la conquête des investitures. Dommage. Le débat des législatives peut devenir une grande occasion pour clarifier les trajectoires possibles du pays. Dans un monde où les grandes nations veulent se fermer (Brexit, Trump, Marine Le Pen) que doit faire l’Algérie ? Le cycle économique est un marqueur de tendance. Par phase d’excédents de la balance des paiements l’Algérie devient économiquement patriotique. Par phase de déficit, elle s’ouvre. C’est l’inverse qui est pertinent. D’autant que le pays n’a pas pris sa part de la mondialisation. Car tous les pays de la taille démographique de l’Algérie ayant choisi de s’intégrer à l’économie monde en ont tiré plus de profit que ne l’a fait l’Algérie. Un débat contradictoire sur l’avenir de l’Algérie pourrait donc ressembler à celui qui se tient en France : souverainistes (patriotisme économique) contre mondialistes (challenge de la conquête du monde). En France, les souverainistes ont des arguments contre les mondialistes. Pour eux, l’euro, l’Europe et la mondialisation ont affaibli les Français. Est-ce que les patriotes économiques en Algérie peuvent en dirent la même chose ? Juste constater que 32 ans après le trou d’air de 1985, l’Algérie et son sort, sont toujours suspendus aux réunions de l’OPEP.


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