«Sonatrach doit renforcer son programme d’exploration»



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- Le poids de l’Algérie au sein de l’OPEP est mis en exergue depuis la conclusion de l’accord de l’Organisation, le 28 septembre 2016 à Alger. Ce rôle, qui a permis de redorer le blason de l’OPEP, peut-il être un atout pour Sonatrach dans ses relations avec ses clients ? Il est incontestable que le rôle de l’Algérie dans le dénouement de cette crise et le resserrement des rangs au sein de l’OPEP a été primordial, et il y a de quoi être fier du rôle joué par la diplomatie algérienne dans son ensemble. Mais je suis sûr aussi que d’autres acteurs au sein de l’OPEP ou en dehors doivent penser la même chose et dire qu’ils ont été les architectes de ce succès. Alors qu’importe et pourvu que cette alliance dure. L’essentiel reste à faire maintenant non seulement pour Sonatrach — qui doit maintenir et renforcer son programme d’exploration y compris pour les hydrocarbures non conventionnels, activer les plans de développement et de mise à niveau de ses capacités de production, réduire de façon importante ses coûts de production à l’image de ce qu’ont fait les Etats-Unis pour imposer les hydrocarbures non conventionnels, revoir sa stratégie et sa politique (contractuelle) d’exportation ainsi que ses relations de partenariat, ce qui ne signifie pas qu’il faut faire des cadeaux bien sûr — mais aussi pour le ministère qui doit de son côté maintenir et densifier sa présence et son rôle aussi bien au niveau de l’OPEP que vis-à-vis de tous les autres acteurs énergétiques dans le monde avec lesquels nous avons des intérêts communs. Il y a aussi un autre acteur très important dans le secteur de l’énergie qu’on oublie souvent de citer. Il s’agit de l’agence nationale Alnaft qui est en principe une véritable Sonatrach-bis de l’avenir, car elle est non seulement responsable de la gestion du domaine minier pétrolier, de la gestion et la conservation des ressources, mais aussi de la promotion des activités de partenariat et des mécanismes contractuels ou de régulation pouvant assurer un progrès dans ce domaine. Et, croyez-moi, il s’agit de chantiers gigantesques. - Une révision de la loi sur les hydrocarbures est justement envisagée par le ministère de l’Energie, suite à l’échec du quatrième appel d’offres. Est-ce que cette option est la solution, selon vous, pour attirer à nouveau les investissements étrangers ? En réalité, aucune loi dans ce domaine n’est parfaite et ne peut l’être du moins pour de longues périodes, parce qu’il y a de façon continue des mutations qui changent parfois complètement l’environnement des activités pétrolières au point de vue technologique, financier et géopolitique. C’est ce qu’on constate depuis des décennies, et l’Algérie a bien suivi le rythme. Alors oui, il ne faut pas hésiter à changer la loi ne serait-ce qu’en apportant des modifications en guise d’amélioration de ce qui existe déjà, par rapport au contexte mondial actuel. Mais ce n’est pas du tout suffisant et loin de permettre que les choses avancent dans le bon sens. Il y a un domaine où nous avons tant à modifier ou au moins à améliorer en dehors ou en accompagnement de la loi. C’est, entre autres, la rapidité d’établissement des textes d’application de la loi (qui prennent parfois le temps qu’une nouvelle loi survienne), la simplification des procédures et textes contractuels, la suppression d’une multitude de barrières bureaucratiques qui bloquent tous les acteurs énergétiques (Sonatrach, partenaires et sociétés de services), l’ouverture et la simplification du dialogue entre partenaires à travers une hiérarchisation transparente des responsabilités et des obligations d’écoute. Beaucoup de partenaires dans le secteur vous diront la chose suivante : «Souvent, nous ne savons pas à qui nous adresser et qui doit nous régler tel ou tel problème pour avancer.» - La concurrence s’installe sur le marché du gaz européen, comment l’Algérie pourrait-elle sauvegarder ses parts de marché et vers quels clients doit-elle s’orienter en priorité ? La concurrence est effectivement très rude et aggravée par la baisse du prix du gaz qui est essentiellement indexé sur le pétrole. Il a atteint les 6 dollars/million Btu en Europe et 8 à 9 dollars/million Btu en Asie ! Mais l’Algérie a des atouts majeurs que peu d’autres pays ont. Le premier, même si cela peut paraître paradoxal (c’est du moins mon avis personnel), vient du fait que l’Algérie produit en ce moment avec le maximum de ses capacités qui correspondent déjà aux engagements contractuels de livraison jusqu’en 2019-2020, et n’ont jamais connu de rupture depuis des décennies. Le deuxième avantage est la proximité avec ses principaux clients de l’Europe du Sud et sa liaison avec déjà trois gazoducs pouvant livrer la majeure partie de ses exportations avec beaucoup de flexibilité. Le troisième avantage repose sur des capacités de GNL déjà surdimensionnées et complémentaires par rapport au transport par gazoducs. Ces deux moyens sont en mesure d’assurer un volume d’exportation largement supérieur à la production commercialisable totale qui est d’environ 85 milliards de mètres cubes, ce qui ne surviendra jamais, à mon avis, du fait qu’en ce moment la consommation intérieure est en train de rivaliser avec l’exportation. Il est vrai que la production gazière a beaucoup diminué depuis 2007, mais il semble qu’elle augmente de nouveau d’environ 4%, selon Sonatrach, et peut être plus dans les années à venir avec la mise en production des gisements du Sahara Sud-Ouest dont le plateau de production pourrait dépasser les 16 milliards de mètres cubes par an. L’Europe du Sud est le principal marché où il faut défendre ses parts en mettant sur la table ses avantages, en s’adaptant aussi aux nouveaux équilibres et mutations géostratégiques et économiques en cours, mais aussi en ayant à l’esprit qu’il ne faut rien brader non plus. Parce que d’une part : chaque mètre cube de gaz non vendu aujourd’hui vaudra beaucoup plus cher dans quelques années et bénéficiera surtout aux futures générations, parce que l’Algérie aura grandement besoin de ce gaz au-delà de 2030, et d’autre part la clef du développement économique ne doit pas reposer sur la rente pétrolière mais sur la création de nouvelles richesses. - Les prix du pétrole se maintiennent au-dessus des 50 dollars. Quelles perspectives cela ouvre-t-il pour l’OPEP et donc pour notre pays ? Je pense que la stabilisation du prix du baril autour de 55 dollars est déjà un bon résultat grâce à l’accord OPEP-non OPEP, ce qui a permis de réduire quelque peu le surplus pétrolier sur le marché. Mais la partie n’est pas encore gagnée entièrement car il faudra non seulement attendre encore quelques mois pour confirmer que la totalité des réductions de production est effective et, à mon avis, prolonger le maintien de celles-ci pour toute l’année 2017 si nous voulons d’une part faire face à la reprise des productions non conventionnelles américaines et d’autre part permettre au prix du baril d’aller vers les 60 dollars, et peut être un peu plus en 2018. - L’Algérie célèbre l’anniversaire du 24 février, date de la nationalisation des hydrocarbures, comment voyez-vous le parcours de Sonatrach et quels défis doit-elle relever dans la conjoncture actuelle ? Ce parcours est à mon avis parfait malgré quelques hauts et bas sur un peu plus d’un demi-siècle. Il a été construit par des femmes et des hommes qui doivent en être fiers. Il continue à l’être dans la mesure où Sonatrach a toujours été le principal pilier économique du pays. Elle l’est encore et le restera pour longtemps. Je pense que tous les défis sont déjà énumérés dans mes précédentes réponses, bien que cela ne relève pas de Sonatrach seule dans la plupart des cas. Il y a cependant un défi qui relève en grande partie d’elle, celui à caractère humain, qui consiste à capitaliser et pérenniser toute l’expérience acquise à travers une relève à la hauteur des défis futurs du secteur. Je cite cet aspect de façon très franche parce que les échos, qui se font entendre parfois, indiquent que nous avons du retard dans ce domaine et l’université algérienne, ou peut être la relation entre les deux, n’est pas à la hauteur des attentes. Les possibilités de nouvelles découvertes susceptibles de ralentir l’épuisement des réserves, la maintenance des capacités de production actuelles en amont et en aval, la bataille de survie sur les marchés habituels, la nécessité d’adaptation continue aux mutations énergétiques tant à l’intérieur du pays qu’à l’échelle mondiale ne seront pas aussi faciles que peuvent le croire certains.


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