«Nous ne croyons pas à l’acte isolé»



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Représentant la partie civile de la famille du défunt Ali Tounsi, Me Fatma Zohra Chenaïf ne croit pas à «l’acte isolé». Elle aussi tient à ce que la «vérité et toute la vérité sur cet assassinat éclate lors du procès». A ce titre, elle rappelle qu’elle a réclamé la comparution de sept témoins dont les auditions auraient, selon elle, «éclairé certaines zones d’ombre de l’enquête. Malheureusement, nous avons essuyé un refus catégorique aussi bien par le juge d’instruction et au niveau de la chambre d’accusation.» Cette liste, ajoute l’avocate, comporte l’ancien ministre de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, son secrétaire général, Abdelkader Ouali (actuellement ministre des Ressources en eau), Anis Rahmani, à l’époque directeur du journal Ennahar, ainsi que d’anciens cadres de la Sûreté nationale, Zerrouk Soukhal, ex-chef de cabinet de Ali Tounsi, Mohamed Houalef, ex-inspecteur général, Abdelaziz Affani, ex-directeur de la police judiciaire, Beldjillali, ex-patron des Renseignements généraux (RG), Slimane Benyettou, responsable des RG auprès de la sûreté de wilaya d’Alger, et Abdellah Belkadi, cadre au service des renseignements généraux. «Comment expliquer qu’un ministre de l’Intérieur, en l’occurrence Yazid Zerhouni, qui représente la tutelle de la Sûreté nationale, et qui, quelques heures après l’assassinat, déclarait qu’Oultache a été pris d’une crise de démence, ne puisse pas être entendu ? Lui-même avait déclaré publiquement être prêt à répondre à la justice, si elle venait à le convoquer. Pourquoi refuser alors de l’entendre ? Et pourquoi lui-même ne viendrait-il pas au procès pour dire la vérité ? Pourquoi cette culture du témoignage n’existe-t-elle pas chez nous, alors que même la loi divine la réclame ?» interroge Me Chenaïf, qui s’étonne également du fait qu’une bonne partie des cadres de la Sûreté nationale, présents dans la salle de réunion le jour de l’assassinat, «ne soient pas entendus par le juge». Pour la défense de la partie civile, «il n’y a aucun doute sur l’auteur des tirs mortels ayant visé la victime. L’expertise est révélatrice. Elle ne laisse aucune faille». Cependant, précise-t-elle, «nous ne croyons pas que le mobile de ce crime soit lié uniquement à une crise de colère. Nous savons que la main qui a exécuté Ali Tounsi est celle de Chouaïb Oultache. Mais nous voulons connaître les commanditaires de ce crime. Nous ne pouvons pas croire qu’un directeur général de la police soit assassiné aussi facilement dans son bureau, le lieu où il est censé être le plus en sécurité. Nous ne connaissons pas toute la vérité. L’enquête judiciaire a malheureusement été axée uniquement sur les faits de cette journée du 25 février. Elle n’a pas pris en compte le contexte dans lequel l’acte criminel a été commis, ni cherché les commanditaires…» Me Chenaïf garde quand même l’espoir que le tribunal criminel puisse «convoquer toutes les personnes dont la présence est jugée nécessaire pour qu’éclate la vérité. Il a toutes les prérogatives pour le faire. Il est souverain. La loi le lui permet. Rien ne l’oblige à rester ligoté par l’arrêt de renvoi».


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