Déclarations du gouverneur de Sharjah sur la Révolution algérienne 

silence lourd à Alger



...

Les autorités algériennes n’ont toujours pas réagi officiellement aux déclarations du gouverneur de Sharjah, Sultan Mohammed Al Kacimi, tenus le 19 mars. Le responsable émirati a prétendu que le général français Charles De Gaulle avait « offert » l’indépendance de l’Algérie au président égyptien Gamal Abdel Nasser pour attirer ses faveurs et gagner la confiance des pays arabes.

Une semaine après ces propos, les ministères des Affaires étrangères et des Moudjahidines, premiers concernés, gardent le silence. À Batna, le ministre des Moudjahidines, Tayeb Zitouni a déclaré, jeudi 23 mars, que l’Algérie a donné « à travers sa Révolution de libération, une leçon magistrale au monde sur le sacrifice, le militantisme et de lutte pour le pays ». « Les enfants de la patrie ont arraché leur liberté en la signant de leur sang. L’indépendance de l’Algérie était l’œuvre de la bravoure des enfants de la patrie, comme Mostefa Benboulaïd, qui ont façonné l’Histoire et en devenant un modèle pour les peuples », a-t-il souligné, repris par l’agence APS, lors d’une festivité commémorant le 61e anniversaire de la mort de Mostefa Benboulaid.

Tayeb Zitouni a toutefois évité soigneusement de citer le gouverneur émirati et ses propos sur le supposé « deal » entre De Gaulle et Abdel Nasser même si sa déclaration ressemblait à une réponse enrobée de généralités.

Ce silence est surprenant alors que son département existe justement pour la sauvegarde et la défense de la mémoire de la guerre de libération nationale. Le ministère des Moudjahidines, qui bénéficie d’un budget annuel important, n’est pas uniquement un département qui a assuré le suivi des dossiers des indemnités et des droits matériels des anciens combattants et des chouhada.

Quel est le rôle de l’ONM ?

Qu’en est-t-il de l’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) ? Là, aussi, c’est le silence. Un silence inexplicable parce que cette organisation censée jouer le rôle d’une autorité morale dont la principale responsabilité est l’écriture de l’histoire, la récolte des témoignages des anciens combattants et la récupération des archives et de tous les documents ayant un rapport avec le mouvement national.

Le 11e congrès de l’ONM, en 2012, a clairement souligné le rôle de l’organisation dans « la relecture objective des événements du passé » destinée aux nouvelles générations. L’ONM, qui n’a aucune présence dans les médias et qui n’organise presque pas de débats et de conférences, évite de répondre lorsque la Révolution algérienne est attaquée, critiquée, remise en cause ou mise en doute. Ses responsables ne prennent pas la parole pour donner leur version des faits alimentant ainsi les doutes et les questionnements. Comment expliquer cette attitude ? Et quel est le rôle exact de l’ONM ?

L’ONEM et l’ONEC se taisent

La même question se pose pour les autres organisations de « la famille révolutionnaire » : l’Organisation nationale des enfants de moudjahidines (ONEM) et l’Organisation nationale des enfants de chouhada (ONEC). Très visibles en périodes électorales, ces deux organisations se taisent à chaque fois que des polémiques éclatent autour de la guerre de libération nationale. Elles ne réagissent presque jamais.

Si, toutes ces organisations ne se mettent pas en avant lorsque l’Histoire du mouvement national est malmenée, qui peut le faire ? Le gouverneur de Sharjah est parti loin dans ses déclarations sur la révolution algérienne. Pire : dans son message d’excuses, il s’est plus intéressé à la situation politique interne en France à l’époque (dans les années 1950 et 1960) qu’au combat mené par les Algériens contre le colonialisme français.

Pour lui, la révolution des Algériens n’a eu lieu qu’entre 1954 et 1962 et uniquement dans… les maquis.

Du côté des partis politiques, Louisa Hanoune, leader du Parti des travailleurs, s’est étonnée du silence des autorités sur cette affaire alors que Djamel Ould Abbes, secrétaire général du FLN, a répondu d’une manière évasive aux déclarations du gouverneur de Sharjah. « J’ai été condamné à mort le 18 décembre 1959. Celui qui m’a condamné à la peine capitale, m’a-t-il donné l’indépendance ? 216 ont été guillotinés et il ne reste que quelques anciens condamnés à mort », a-t-il dit.

Les partis d’opposition observent un silence inquiétant, comme si le sujet ne les concernait pas. Ce qui est une erreur : la Révolution algérienne n’est pas la propriété du pouvoir.


Lire la suite sur Tout sur l'Algérie.