Crédits à l’investissement

Hausse redoutée des taux d’intérêt



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Trop excessif pour certains, acceptable pour d’autres au vu du contexte économique actuel, le niveau des taux d’intérêt appliqués aux crédits à l’investissement risque de connaître à terme un relèvement inévitable si l’inflation vient à s’installer durablement. Pour nombre d’opérateurs économiques et même d’acteurs de la place bancaire locale, les taux et les marges bancaires liés au financement de l’investissement étaient pour le moins excessifs, voire prohibitifs du temps où le pays connaissait une forte aisance financière et les banques une situation d’excès de ressources et de liquidités. Un contexte désormais révolu suite à la crise pétrolière qui a commencé en 2014, les revenus du pays ayant chuté depuis de plus de la moitié, entraînant avec eux les dépôts du secteur des hydrocarbures qui pendant longtemps faisaient la richesse des banques. Aussi, les ressources des banques, même si elles demeurent appréciables, tendent désormais à se raréfier et la Banque d’Algérie a non seulement stoppé ses interventions de reprise de liquidités, mais a même relancé ces derniers mois ses opérations de réescompte et d’open-market pour renflouer certaines banques en difficulté. Ce retournement brutal de conjoncture fait désormais dire à certains banquiers et opérateurs que le coût des crédits reste plutôt acceptable dans les conditions actuelles de rétrécissement de la liquidité bancaire, mais qu’une hausse des taux d’intérêt est désormais redoutée compte tenu surtout du retour des tensions inflationnistes. Caracolant à 6,4% en 2016, contre 4,8% en 2015 et ayant même atteint un pic de 8,1% en janvier dernier, le retour de l’inflation pourrait effectivement induire un renchérissement systématique du loyer de l’argent, c’est-à-dire des niveaux de taux d’intérêt appliqués à différentes catégories de crédits. Tout en faisant état de «tensions inflationnistes croissantes», une mission du Fonds monétaire international (FMI) soulignait tout récemment que même si le secteur bancaire national demeure dans l’ensemble «bien capitalisé et rentable», le choc pétrolier a néanmoins accru «les risques de liquidité, de taux d’intérêt et de crédits». Pour les experts de cette institution financière internationale, il est donc important «d’accélérer le passage à un système de supervision bancaire basé sur les risques», mais aussi de «renforcer la gouvernance des banques publiques» et de mettre désormais en place «un cadre de résolution des crises». Contacté, Rachid Sekak, expert en finances et ancien cadre dirigeant au sein de la place bancaire locale, nous indique, dans ce même ordre d’idées, que le pays est actuellement «en situation de rareté des ressources» et que le coût de celles-ci «est en forte hausse pour les banques, notamment celles privées qui paient à présent entre 4,5 et 5% de la ressource à un an». L’inflation, ajoute-il, «est en hausse sensible, ce qui rend les taux réels, réglés sur les dépôts, négatifs et les taux sur les crédits beaucoup moins prohibitifs que certains l’affirment, alors que l’on observe par ailleurs une hausse sensible sur les rendements des effets publics». Tout ceci, tranche Rachid Sekak, représente des indicateurs techniques «d’une plus que probable hausse des taux». Une hausse que la Banque centrale, anticipe-t-il au final, «tentera probablement de ralentir en alimentant généreusement certains segments du marché en liquidités à travers leur refinancement».     De son côté, Anisse Terai, banquier et économiste (lire l’entretien en page 2), considère que dans une optique de promotion de l’investissement, la Banque d’Algérie pourrait plutôt être tentée de faire baisser les taux, mais que cette option ne serait pas soutenable et les banques seront par la suite obligées de relever leur taux une nouvelle fois. Dans le contexte actuel, relève-t-il, le taux d’intérêt ne peut être qu’une simple variable d’ajustement. Ainsi redoutée par nombre d’observateurs et d’experts au vu des éléments de la conjoncture financière et bancaire actuelle, l’optique d’un relèvement des taux d’intérêt bancaires à court terme ne serait pourtant guère à l’ordre du jour si l’on s’en tient au point de vue de la Banque centrale. «La hausse des taux d’intérêt dépend de la politique monétaire et ne pourrait être amorcée que si l’inflation s’installe durablement et qu’elle se révèle effectivement d’origine monétaire, c’est-à-dire liée à l’expansion de la masse monétaire», nous explique une source proche de la Banque d’Algérie qui, faut-il rappeler, fait office d’autorité de régulation de la place bancaire. Selon notre interlocuteur, les taux appliqués aux crédits à moyen et long termes, soit ceux jusqu’à 5 ans et ceux à plus de 5 ans, restent actuellement respectivement de 5 à 5,5% dans les banques publiques et sont effectivement plus élevés dans le secteur privé. Le problème, indique-t-il, est que globalement les marges bancaires sur les crédits sont quelque peu excessives, mais cela est surtout dû au fait que la concurrence est plutôt faible sur la place financière locale. Selon notre source, les taux d’intérêt restent en tout cas libres et le rôle de la Banque centrale est avant tout de veiller au respect des normes et ratios garantissant que les engagements des banques soient fonction de leur niveau de fonds propres. Interrogé sur l’impact de la crise de liquidité bancaire, la même source souligne que ceci ne devrait en aucun cas influencer les taux d’intérêt, car seulement deux banques étaient confrontées à cette situation, d’où la reprise par la Banque d’Algérie des opérations de refinancement par le réescompte depuis août dernier pour un montant global de quelque 450 milliards de dinars. Les tensions inflationnistes actuelles, note en définitive notre interlocuteur, ne sont que le résultat de pratiques spéculatives et de problèmes de régulation sur les marchés. Et de conclure en assurant que sauf si la BA juge à terme que l’inflation peut être d’origine monétaire, les taux d’intérêt devront rester stables, au même titre que le taux de réescompte, auquel la Banque centrale prête aux banques primaires et qui est fixé actuellement à 3,5%. 


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