«Nous croisons les doigts pour que les taux d’intérêt n’augmentent pas»



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A la tête d’une entreprise en pleine expansion et cotée à la Bourse d’Alger, Slim Othmani nous livre dans cet entretien son analyse sur la politique actuelle des taux d’intérêt aux crédits et les contraintes liées à l’accès des investisseurs aux financements bancaires.   Le loyer de l’argent et la politique actuelle des taux d’intérêt aux crédits constituent-ils un handicap pour les entreprises et l’investissement ? Nous avons longtemps considéré le loyer de l’argent comme élevé et dissuasif compte tenu de deux facteurs : celui de l’inflation (basse), ainsi que celui de la disponibilité de l’argent au niveau des banques, souvent annoncées en surliquidité. De facto, notre compétitivité était pénalisée. A présent, l’argent se fait rare et l’inflation est repartie à la hausse alors que la demande en financement s’accroît considérablement. On aurait pu s’attendre à une forte appréciation des taux. En fait, l’impact de la rareté de l’argent a été atténué par un comportement des banques beaucoup plus sélectif vis-à-vis des investisseurs, mais aussi l’arrêt des crédits accordés aux activités d’importation pour la revente en l’état, à quelques rares exceptions. De même, et on ne s’en plaindra pas, l’impact de l’inflation ne se reflète pas encore sur les taux d’intérêt. Tous les ingrédients du cercle infernal sont réunis ! On croise les doigts. La politique des taux bonifiés pour certains secteurs ciblés, bien que ce fut une bonne initiative, n’a pas totalement répondu aux attentes des investisseurs puisqu’elle induisait un biais compétitif. En effet, pour un acteur déjà installé, le taux bonifié n’ayant pas un effet sur les crédits déjà contractés, il est donc soumis à un traitement discriminatoire par rapport à un nouvel entrant. Si nous pouvons admettre les avantages fiscaux en phase d’investissement, il n’en est pas de même des taux discriminants. Combien pèsent exactement les charges bancaires et les coûts des crédits sur la trésorerie d’une entreprise de la taille de la NCA-Rouiba ? Nous avons fixé à notre équipe managériale le seuil des 5% (du chiffre d’affaires) des frais financiers comme ligne rouge à ne pas dépasser et nous nous situons actuellement à 2,99%. Ce qui, de mon point de vue, dénote d’une seine gestion des finances de l’entreprise. L’Etat ne cesse de vanter l’expansion continue des crédits accordés à l’économie sur ces quelques dernières années. L’accès aux crédits s’est-il pour autant amélioré pour les entreprises et les investisseurs ? Oui, l’accès au crédit s’est certainement amélioré pour certaines entreprises, alors qu’il s’est dégradé voire même n’a jamais existé pour d’autres. Ainsi, l’industrie a de tout temps été l’enfant gâté des politiques économiques algériennes, alors que les services en sont le parent pauvre. Cependant, une distinction de taille doit être faite entre les investisseurs sans Track-Record, ceux qui n’ont jamais fait leurs preuves dans l’industrie, et ceux qui ont un historique connu. Pour ceux qui font dans le service et/ou la revente en l’état (assimilée aussi à du service), ceux-ci n’ont quasiment accès à aucune facilité. Comme si leur présence dans l’économie était inutile voire non souhaitée dans l’environnement économique algérien, d’où la non-valorisation de certains métiers pourvoyeurs d’emplois et de bons revenus, tels que ceux de plombier, menuisier, peintre, carreleur, etc. C’est bien dommage, car sans financement et avec une fiscalité quasi confiscatoire (26% d’IBS et 2% de TAP), les services auront tendance à évoluer dans l’informel en se faisant financer à des taux usuriers. Les jeunes entrepreneurs, quant à eux, en dehors de l’Ansej, trouvent difficilement grâce aux yeux des bailleurs de fonds. En tout état de cause, je demeure convaincu que nous avons amorcé un virage pour ce qui est du financement de l’économie. La dynamisation de la Bourse d’Alger et l’arrivée d’autres formes de financement, tels que le Private-Equity, le Capital risque, les Sicav vont sans doute modifier le paysage financier en offrant des modes de financement plus adaptés aux attentes des investisseurs, et ce, à des conditions attractives.  


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