Réduction des importations

trois pistes efficaces négligées par le gouvernement



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« L’Algérie n’est pas une poubelle ! ». Par ces termes forts, le ministre (par intérim) du Commerce, Abdelmadjid Tebboune, vise les importateurs algériens qui approvisionnent le pays en marchandises douteuses. Tebboune s’attaque particulièrement aux produits dangereux, comme les cosmétiques dangereux dont on ignore même la provenance réelle, l’électroménager énergivore (climatiseurs…) ou équipements de chauffage défectueux qui font des dizaines de morts chaque année. La liste est longue.

Au moment où l’Algérie cherche à réduire les importations, coûte que coûte, le gouvernement dispose pourtant de plusieurs outils efficaces pour réguler le flux et la qualité des marchandises entrant sur le sol algérien. Quelques pistes.

Certificats de conformité : appliquer la réciprocité

Pour commencer, les autorités peuvent introduire une obligation d’obtenir un certificat de conformité à des normes de qualité, de respect de l’environnement et de préservation de la santé du consommateur.

Les exportateurs algériens sont soumis à des contraintes pour pouvoir écouler leurs marchandises. Tous les pays vers lesquels nous exportons les appliquent. À l’étranger, dans l’UE notamment, les pays exigent des exportateurs algériens de faire contrôler leurs marchandises avant l’entrée sur le territoire douanier de la zone. Cette mesure doit se faire par un laboratoire spécialisé reconnu, qui délivre alors un certificat de conformité à diverses normes. À titre d’exemple, pour exporter son sucre, Cevital doit fournir les résultats de tests effectués par un laboratoire reconnu par le pays importateur. Les tests réalisés en Algérie ne sont pas reconnus.

En retour, le gouvernement algérien peut exiger la même chose aux acteurs étrangers souhaitant exporter vers l’Algérie. Rien n’empêche les autorités nationales d’établir une liste de laboratoires crédibles, qui valideraient alors obligatoirement toutes les marchandises, sans quoi elles seraient refoulées et même impossibles à importer.

Ainsi, l’Algérie gagnerait sur plusieurs plans. Tout d’abord, le gouvernement assurerait une protection accrue du consommateur. Ensuite, toute une série de produits seraient, de fait, exclus du marché national, ce qui contribuerait mécaniquement à une baisse des importations.

Enfin, les autorités auront la possibilité de mieux réguler et contrôler le flux des marchandises entrant dans le pays, tout en faisant disparaître une grande partie des importateurs « parasites ». En effet, la procédure étant relativement coûteuse et requérant une véritable organisation, seuls les réels professionnels du métier seraient alors en mesure de poursuivre leurs activités.

Normes de référence

En parallèle, le gouvernement devrait introduire des normes de qualité sévères. Ce levier est utilisé notamment par l’Union européenne, qui prône le libre-échange par ailleurs. C’est un moyen de mettre en place une barrière à l’entrée de divers produits jugés non-conformes.

À son tour, l’Algérie peut exiger une élévation des normes. Par exemple, tout produit provenant d’Europe doit respecter les normes les plus élevées en vigueur dans l’UE. Pour les importations de Chine, ou d’autres pays d’Asie, l’Algérie peut exiger que la qualité des produits soit alignée sur celle exigée par des pays aux normes sévères, comme le Japon ou la Corée du Sud.

Là aussi, une manière de se débarrasser des contrefaçons et autres marchandises fabriquées en dehors du respect de toute norme de sécurité. Les équipements de chauffage défectueux seraient alors proscrits. Tout comme les personnes à l’origine de leur importation en Algérie. Le respect de ces normes devra également être garanti par des organismes habilités, au-dessus de tout soupçon. C’est au gouvernement d’établir une liste stricte de laboratoires reconnus et agréés.

Dates de péremption plus longues

« Prix choc ». Cette mention est souvent visible sur la devanture de magasins. Intéressante de prime abord, elle cache pourtant autre chose. Le plus souvent, il s’agit pour les commerçants d’écouler des stocks de marchandises très proches de leur date de péremption. Pour les produits alimentaires et cosmétiques, ceci représente parfois un risque pour la santé du consommateur, surtout lorsque l’on connait les conditions de transport (chaîne de froid…), d’entreposage et de conservation de ces produits périssables.

Pour y faire face, l’État, à travers les services du Commerce, pourrait fixer une date de péremption minimum à respecter. À l’heure actuelle, nombre de produits importés arrivent à des dates proches de leur expiration théorique. Entre leur fabrication, leur acheminement depuis l’étranger, puis leur distribution en Algérie, une grande partie de ces produits alimentaires arrivent dans nos assiettes parfois quelques jours avant leur péremption.

En introduisant un délai réglementaire, le gouvernement algérien peut ainsi s’assurer que les produits soient de meilleure qualité (bien que la date de péremption n’est souvent qu’une indication). Surtout, ceci autoriserait une meilleure régulation du commerce extérieur, en éliminant certains importateurs peu scrupuleux et ne respectant pas la santé des consommateurs.


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