Valse de PDG à la tête de Sonatrach

Le poids du politique sur l’entreprise



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Le remplacement de Mohamed Amine Mazouzi par Ould Kaddour Abdelmoumen à la tête de la compagnie nationale des hydrocarbures (Sonatrach) s’est invité dans les discussions entre les participants à  la 7e conférence-Salon internationale sur l’industrie pétrolière et gazière de la région nord-africaine (Napec 2017) tenue la semaine dernière à Oran.   Parmi les exposants venus fort nombreux (540) à cette importante manifestation du secteur, certains s’interrogeaient sur les motivations d’un tel changement, alors que d’autres ont laissé place aux analyses sur une décision intervenue dans une période où le cap est mis sur le renforcement de l’effort de prospection et d’exploration du domaine minier national. Lequel reste largement sous exploité, selon l’Agence nationale de valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft), qui a également connu pour sa part le 23 mars dernier un changement à sa tête à travers la nomination d’Arezki Hocini (membre du comité de direction d’Alnaft) comme président par intérim, à la place Sid Ali Betata. Si ce dernier remaniement semble tout à fait normal dans le cycle de l’Alnaft, pour de nombreux observateurs les limogeages et les nominations au sommet de Sonatrach sont interprétés différemment. Et pour cause, la compagnie nationale a consommé en moins de sept ans six PDG. Ce qui illustre une instabilité managériale, selon d’anciens cadres de Sonatrach rencontrés en marge de Napec 2017.   «Des placements au gré des humeurs»   «Or, un PDG, en moins de cinq ans, ne peut rien faire», nous dira à ce sujet un enfant de la boîte, avant de regretter : «L’entreprise est dirigée par les politiques au gré de leur humeur et des intérêts des uns et des autres.» Evoquant par ailleurs les causes qui auraient précipité le départ de Mazouzi, notre source citera l’octroi au groupe chinois CPECC du marché de reprise des travaux de réhabilitation de la raffinerie d’Alger pour 450 millions de dollars, après l’avoir retiré au groupe français Technip, qui avait proposé 300 millions de dollars. Soit une perte en temps et d'argent : deux ans de retard conjugués à une dépense supplémentaire de 150 millions de dollars. Il reviendra aussi sur la gestion du dossier des livraisons de gaz à la France en janvier dernier suite à la dégradation des conditions climatiques. «Les chiffres annoncés sur les réserves de l’Algérie en hydrocarbures sont en complète contradiction avec ceux des agences internationales. Ce qui ne rassure pas les partenaires de l’Algérie», fera encore remarquer notre interlocuteur, pour qui le fait d’avoir privilégié la révision à la baisse des durées des futurs contrats de gaz à long terme (avec l’approche de l’expiration des anciens contrats dans moins de deux ans) et l’arrêt de l’indexation du prix du gaz à ceux du pétrole au profit de prix en baisse n’a pas joué en faveur de Mazouzi.   Explications Tout comme l’accord signé en décembre dernier entre Sonatrach et le français Total pour la réalisation d’un méga complexe pétrochimique. «Une décision très mal vue par les partenaires anglo-saxons», précisera notre source. Et de lier par ailleurs ce changement au report des révisons programmées des installations pour faire croire que la production continue d'augmenter comme c'est le cas à Hassi R'mel. «Ce qui risque de causer des accidents graves», avertit cet ancien cadre de Sonatrach. Un autre nous dira : «Je pense que ce changement est dû à des positions conflictuelles qui règnent au sein de l’entreprise». Détaillant les raisons qui pourraient justifier le remplacement de Mohamed Amine Mazouzi, il évoquera à la charge de l’ex-PDG, l’arrêt pour maintenance de l’unité de production de gaz de Skikda en période hivernale. «Une décision qui ne semble pas être du goût des anciens PDG de l’entreprise, encore très écoûtés et dont certains donnent davantage raison aux réactions françaises disant que l’Algérie n’arrive pas à satisfaire la demande des partenaires européens», soutiendra ce dernier. «Les bonnes orientations en matière du développement des énergies renouvelables en partenariat avec l’italien ENIE, ce qui évidemment l’éloigne de l’emprise américaine et par conséquent du clan de l’ex-ministre Chakib Khalil, qui, et ce n’est un secret pour personne, est pro-Américain», enchaînera-t-il, relevant que les récentes déclarations de l’ex-PDG concernant le différend de communication avec les experts français, les contredisant sur la véracité des potentialités algériennes, met quelque part de l’ombre sur le ministre de l’Energie, Nourredine Boutarfa. «C’est donc cette conjugaison de prises de positon qui a précipité le départ de M. Mazouzi», résumera cet ancien responsable dans la région de Hassi R’mel. Sur le plan politique, il rappellera que le successeur de Mazouzi, «de notoriété publique proche de BRC, l’entreprise américaine, filiale de Haliburton de Dick Cheney, est également un grand ami de Chakib Khelil». Retour «Le retour aux affaires de l’ancien ministre se dévoile de plus en plus», de l’avis de notre interlocuteur. Un autre cadre qui a passé plus de trois décennies au sein de Sonatrach avance tout simplement qu’ Ould Kaddour n’est qu’un pion pour assurer un certain équilibre. «C’est un poste politique non technocrate et Sonatrach est un facteur important dans cet équilibre, même si techniquement Ould Kaddour est compétent même s’il a été accusé dans l’affaire de BRC», notera-t-il. «La nomination d’Ould Kaddour envoie aussi un autre signal. C’est une manière de dire que le nouveau PDG n’a rien fait. Mais il aurait fallu d’abord que la justice décide de le réhabiliter avant de passer à ce placement jugé maladroit avec cette lacune», pense ce retraité de Sonatrach actuellement consultant.   Intérêts D’autres interprètent la nomination de M. Ould Kaddour comme une porte ouverte pour le pétrole de schiste. Et ce, d’autant que l’intérêt américain pour la chose est grandissant. Aussi, pour notre interlocuteur : «Dans tous les cas, essayer de donner des explications purement techniques et professionnelles sur ces changements est un leurre, à la limite de bonne guerre, mais hélas les interpénétrations des intérêts des uns et des autres jouent un rôle décisif dans ce jeu-là.» Mais quid des intérêts de l’entreprise? Ould Kaddour répondra à ce sujet dans un message adressé aux travailleurs au lendemain de sa nomination. «Intégrité, transparence… » «Nous devons diriger et gérer l’entreprise avec les méthodes les mieux adaptées et les plus modernes , démontrer la plus grande flexibilité et la rapidité de réaction indispensables pour faire face aux changements perpétuels qui s'imposent à nous dans un monde ouvert. Nous devons également redonner espoir, corriger la défiance et restaurer la confiance et le moral au sein de notre entreprise». Pour cela, le nouveau PDG de Sonatrach mise sur la sécurité des installations industrielles. Et surtout sur l’intégrité. «Nous devons instaurer une politique d’intégrité, de transparence et de sincérité au sein de l’entreprise». C’est ainsi qu’il s’est adressé aux travailleurs le 20 mars dernier avant de convoquer une réunion avec les hauts responsables de l’entreprise.


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