Sellal profite de l’affaire Tahkout pour critiquer une nouvelle fois les choix industriels de Bouchouareb



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La commission d’inspection envoyée par le Premier ministre à l’usine Hyundai de Tiaret, propriété de l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout, est revenue rapidement avec des résultats « positifs ». Composée des représentants de l’IGF, des douanes, de l’industrie et de l’ENACTA (Établissement national de contrôle technique automobile), la commission n’a pas rendu public son rapport.

Or, une commission d’enquête n’a d’intérêt que si elle publie ses conclusions pour permettre à l’opinion publique d’être informée surtout après la polémique suscitée par la diffusion de photos sur Facebook montrant des véhicules assemblés entièrement (sans les roues) importés de Corée du sud pour l’usine de Tiaret .

« Ils ont fait tout un bruit sur l’usine de Hyundai. Nous avons envoyé une commission d’enquête et on a constaté que le cahier des charges est appliqué », a déclaré, samedi 1er avril depuis El Oued, Abdelmalek Sellal. Le Premier ministre dit que Tahkout respecte le cahier des charges mais il ne dit pas clairement que ce que l’homme d’affaires fait à Tiaret, c’est de l’industrie.

En réalité, le propos du Premier ministre tend à suggérer qu’il y a probablement un problème avec ce cahier des charges que le ministère de l’Industrie et des Mines n’a pas pris soin de publier dans le détail.

Que contient-il exactement ? Et pourquoi est-il entouré de tant d’opacité ? M. Sellal a juste rappelé que l’usine de Tahkout, détenue à 100 % par l’homme d’affaires, doit atteindre les 30% d’intégration dans les trois ans. Un rappel qui ressemble à un ordre.

Abdeslam Bouchouareb, ministre de l’Industrie et des Mines, a annoncé, en février dernier, l’élaboration d’un autre cahier des charges pour l’investissement dans l’industrie des pièces de rechange automobile en Algérie. Pourquoi ne pas avoir élaboré les deux cahiers des charges ensemble puisqu’ils codifient la même activité industrielle ? Et pourquoi avoir attendu que des projets soient déjà lancés (Renault, Mercedes, Volkswagen et Hyundai) pour penser à élaborer un cahier des charges sur la pièce de rechange, par exemple ?

À El Oued, Sellal a annoncé la décision d’obliger les « constructeurs » automobiles nationaux à exporter le tiers de leur production au bout de quatre années d’exercice. Cela laisse donc supposer que cette condition n’est pas contenue dans le cahier des charges du ministère de l’Industrie. Bouchouareb doit donc réviser sa copie.

Activités exposées à la récession

À El Oued encore, le Premier ministre a critiqué en termes diplomatiques les choix de son ministre de l’Industrie. Évoquant le « Made in Algeria » et la diversification de l’économie algérienne, M. Sellal a estimé que la réalisation de ces objectifs renvoyait à la génération d’activités dans les domaines qui enregistrent un déficit afin de couvrir les besoins et l’exportation « qui ne doit pas se limiter aux cimenteries, au montage de véhicules, à la sidérurgie et aux minoteries qui restent, bien qu’elles soient rentables actuellement, exposés à la récession ». Ces secteurs industriels sont ceux que Abdeslam Bouchouareb ne cesse de défendre depuis deux ans avec beaucoup d’entrain.

Ce n’est pas la première fois que Sellal tacle Bouchouareb. À Annaba, lors de la Tripartite (gouvernement, patronat, UGTA), qui s’est tenue le 6 mars dernier, le Premier ministre s’était déjà alarmé du nombre élevé de cimenteries et de minoteries dans le pays. « Il y a beaucoup de minoteries et de cimenteries dans le pays alors que d’autres secteurs de production et de services ne sont pas explorés et nous conduisent à solliciter les sociétés étrangères », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Parce qu’il y a du profit, certains ont beaucoup investi dans les minoteries qui ne sont pas exploitées aujourd’hui. Actuellement, nous avons atteint la saturation en matière de production de ciment ».

Moins d’une semaine après cette déclaration, Abdeslam Bouchouareb, invité par la Chaîne III de la radio nationale, a répondu au Premier ministre à propos des cimenteries. « Nous sommes dans l’autosuffisance mais les installations qui vont entrer en production dans les mois et années à venir vont nous mettre dans une situation d’excédents importants. Nous aurons un excédent vers 2020-2021 autour de 10 millions de tonnes », a-t-il souligné.

Alors une question se pose : le développement de la production du ciment répond-il à une politique gouvernementale ou est-il lié à une orientation imposée par le ministre de l’Industrie ? À Annaba, Sellal a appelé les opérateurs économiques algériens à diversifier les investissements. Et, pour exprimer son désaveu à propos de l’action menée par le ministre de l’Industrie, le Premier ministre a installé au niveau de ses services un comité de veille chargé du suivi et du développement des investissements. Présidé par le directeur de cabinet du Premier ministre, le comité doit« suivre les actions d’investissement, proposer l’ensemble des voies et moyens devant concourir au développement de l’acte d’investir en Algérie, anticiper toutes les difficultés pouvant freiner la politique nationale d’investissement et proposer des solutions aux problèmes qui se posent ».

La mission du comité, composé de représentants de plusieurs ministères, est large puisqu’il suit de près le financement des projets d’investissement par les banques ainsi que l’allocation des ressources foncières par les wilayas à ces mêmes projets. Il doit également analyser toutes les entraves et difficultés rencontrées sur le terrain par les investisseurs nationaux.

Une inflation de comités

En d’autres termes, le comité reprend en grande partie les prérogatives du ministère de l’Industrie soupçonné de ne pas faire assez pour relancer et diversifier l’investissement et ne pas être offensif pour promouvoir la production nationale.

Interrogé par la Radio nationale aussi, Abdeslam Bouchouareb a estimé qu’un comité de veille installé au niveau du Première ministère « donnera plus de force aux solutions qui seront proposées ».  « Le comité est là pour regarder, observer l’investissement d’une manière globale pour pouvoir attirer l’attention des différentes institutions pour qu’elles interviennent dans l’acte d’investir », a-t-il dit.

Pourtant, la nouvelle loi sur l’investissement, qu’il a lui-même initiée, a créé déjà deux comités : l’un chargé de l’amélioration du climat des affaires et l’autre s’occupe d’étudier les recours des investisseurs. Cette inflation de comités ne peut être expliquée que par deux choses : une absence de confiance entre le Premier ministre et le ministre de l’Industrie ou un manque de coordination entre les deux parties.

Les récentes déclarations de Abdelmalek Sellal tend à conforter l’idée que le Premier ministre n’est pas satisfait par ce qui se fait en matière d’investissement industriel et de choix de projets alors que le pays est confronté au défi de diversifier son économie et de limiter les importations.« Jamais on a autant investi en Algérie que ces dernières années », a répliqué Abdeslam Bouchouareb.

Jusqu’à quand ce duel va-t-il se poursuivre ? Et à quoi va-t-il aboutir ? Des réponses seront probablement données après les élections législatives du 4 mai 2017.


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