Opérateurs nationaux et partenaires étrangers dans le désarroi



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L’enchaînement des annonces portant sur la restriction des importations avec l’objectif de porter la facture des importations à 15 milliards de dollars à fin 2017 suscite des inquiétudes chez les importateurs de produits alimentaires et les partenaires commerciaux de l’Algérie. Occupant la première place dans la structure des importations, les denrées alimentaires sont les plus touchées par les mesures anti crise du gouvernement. Jusque là, l’on compte au total une douzaine de produits concernée par les quotas. Une liste qui risque d’être élargie à d’autres produits. C’est ce que appréhendent justement les importateurs, notamment des matières premières, qui s’interrogent sur le devenir de leur business dans ce contexte difficile où l’on « met tous les importateurs dans le même sac », se plaignent-ils face à ces verrous. Lesquels interviennent au moment où des voix s’élèvent pour remettre en cause « les chiffres trompeurs » du gouvernement sur la production et les importations agricoles.   Classée premier acheteur africain des denrées alimentaires, l’Algérie consacre la quasi-majorité de sa facture d’importation aux produits agricoles et agroalimentaires. Ce segment occupe d’ailleurs la première place dans la structure des importations. Rien qu’en 2016, l’Algérie a acheté pour 8,22 milliards de dollars entre intrants et produits finis. Ce qui pèse lourdement sur la balance commerciale. Les représentants du gouvernement ne cessent de le rappeler pour justifier les mesures restrictives à l’importation. La semaine dernière, à l’occasion de l’ouverture du Salon international  de l’agroalimentaire Djazagro, carrefour des affaires dans ce secteur et surtout point de rencontre entre fournisseurs étrangers et importateurs algériens, le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, a encore souligné la nécessité  de baisser le déficit de la balance commerciale alimentaire, rappelant que c’est le premier objectif du gouvernement à l’horizon 2019. «Il faut exploiter les potentialités pour produire plus et exporter afin de compenser là où nous avons du déficit», a-t-il suggéré, avant d’enchaîner, devant son homologue de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche : «Si nous arrivons à équilibrer notre balance alimentaire, c’est déjà très important. C’est ce que nous essayons de faire à travers toutes les politiques menées.» Des politiques qui misent sur l’encouragement de la production nationale et la restriction des importations. Ce que le ministre du Commerce par intérim rappellera quelques jours plus tard, le 15 avril, en marge de l’ouverture de la Foire de la production nationale, dédiée justement à la promotion de la production et de la consommation nationales. «L’importation des produits alimentaires coûte beaucoup d’argent en devises à l’Etat», a souligné Abdemadjid Tebboune. Ce qu’il ne cesse de marteler depuis qu’il a en charge le département du Commerce, mais surtout pour expliquer le recours à toutes les mesures annoncées jusque-là, à l’image de la politique des quotas. Mais cet objectif de réduire les importations via les mesures arrêtées dans un secteur où les besoins sont assurés à hauteur de 75% par les importations semble difficile à atteindre, de l’avis des importateurs rencontrés lors du Salon Djazagro. Lesquels sont dans l’attentisme. Et ce, d’autant que la liste des contingents des produits à soumettre au dispositif des licences pourrait éventuellement être élargie à d’autres produits. Incompréhension Pour ces derniers, on ne peut freiner la facture en jouant sur une application généralisée de mesures et en mettant tous les acteurs intervenant dans ce créneau dans le même sac. «Il y a un tri à faire avant de penser à mettre en œuvre  de telles mesures», estime-t-on de ce côté. «Nous attendons les changements qui interviendront. Mais il est clair que toutes ces restrictions sont faisables pour certains produits, alors que pour d’autres, le produit local est beaucoup plus cher, alors entraver cette concurrence ?», s’interroge un importateur de  fruits  transformés destinés à la fabrication de jus. «Il y a lieu de contrôler tout le circuit de l’importation, à commencer par les factures», poursuit-il, affirmant «que 30% des produits importés sont surfacturés», poursuivra Ghezali Mohamed, représentant de l’entreprise grecque Rossana, via la marque Pralim. Un autre opérateur versé dans la distribution des produits chimiques (Distrim) regrette de son côté l’instabilité réglementaire régissant l’importation. «Ils ont mis tout le monde dans le même sac, alors que certains fabricants locaux se sont retrouvés du jour au lendemain face à des pénuries de certains intrants, car on nous a bloqués l’autorisation d’importation de certains produits chimiques étant soumis à des autorisations spéciales». Lounes Amiche, chef de la division agroalimentaire chez  Distrim,  citera l’exemple de la soude caustique perlée utilisée dans le nettoyage des machines agroalimentaires. Importé notamment  de Pologne et d’Espagne, ce produit se fait rare aujourd’hui. Une rareté qui a induit, selon notre interlocuteur, une hausse du prix de ce produit (passant de 70  à 120 DA  le kilo).   Appréhension «On ne sait pas ce qu’on va encore nous annoncer. Pour le moment,  nous sommes dans l’attente des changements», ajoutera M. Amiche. C’est également l’attente chez le premier importateur de levure boulangère à partir de Chine. Pour Khaled Abdelkrim, le marché de l’importation évolue en cette période dans l’incertitude. «Il nous a fallu du temps pour nous lancer et créer une société avec des représentations dans chaque wilaya, vu que notre produit marche très bien. Mais aujourd’hui, on ne sait pas ce qui va se passer. C’est l’inquiétude générale, même chez nos salariés», s’inquiétera M. Khaled. Dans un segment d’activités en pleine expansion ces dernières années, celui des glaces artisanales, l’on ne manque aussi d’afficher une certaine appréhension et des interrogations quant à l’avenir réservé aux importateurs en Algérie. «C’est vrai que nous importons des équipements, des matières premières, mais nous apportons également de la valeur ajoutée en ramenant le savoir-faire italien dans les glaces en Algérie», reconnaîtra Zerrouki Meziane, directeur commercial de ZGSP, spécialisé dans  les solutions pour les métiers de la crème et gâteaux glacés avec l’apport de l’italien Giuso. «A travers notre activité, nous pouvons contribuer au développement du tourisme», se défendra-t-il, soulignant au passage la volonté de son entreprise de lancer un projet d’investissement en Algérie dans ce domaine.   Tri «Mais le climat des affaires ne nous facilite pas la tâche», se plaindra M. Zerrouki, qui résumera : «Nous importons c’est vrai. Nous faisons du business, mais nous apportons un plus pour l’économie. L’Etat a les moyens de faire le distinguo.» «Qu’on nous laisse travailler pour renforcer la production nationale», plaidera pour sa part Salemkour Hamid, représentant d’Agroleader et Dada Chocolat. Au même titre que  les opérateurs déjà cités, il appellera à organiser l’activité de l’importation dans la transparence, sans avoir à opter pour un «plan d’attaque généralisé». Car, expliquera-t-il, «les messages émanant du gouvernement ne sont pas encore clairs pour le moment». Ce que notera aussi Smati Salaheddine, directeur général d’une société d’importation de levure et de thé de Chine. Il soulignera cependant que le temps est à la concertation pour  organiser et nettoyer l’activité de l’importation. «Nous avons vraiment abusé en ouvrant grande la porte aux importations. Il faut être nationaliste dans nos pensées. On ne peut pas tout introduire sur le marché sans contrôle», notera-t-il, plaidant pour un traitement progressif du dossier. Les affaires en régression Du côté des fournisseurs étrangers, place également aux interrogations. «Habituellement, le Salon Djazagro est propice aux affaires. Or, pour cette édition, ce n’est pas le cas. Il y a une nette régression», reconnaît le représentant d’une société chinoise d’équipements dédiés à l’industrie agroalimentaire. Même son de cloche chez un exportateur turc de fruits secs (abricots, pruneaux, figues…). Pour Cimbria, une société danoise spécialisée dans la réalisation des silos pour le stockage du blé et des légumineuses, même si le potentiel est important en Algérie, les conditions ne sont pas évidentes pour travailler et investir en Algérie. «C’est prématuré pour l’installation d’une usine en Algérie. Si la céréaliculture marche dans le Sud, c’est faisable.»   Cap sur les coopératives On peut même aider avec les financements, nous confiera le responsable du bureau de liaison en Algérie, Ole Haurbro Nielsen. Ce sont autant d’avis illustrant le flou et l’absence d’une vision en matière d’organisation d’une filière en plein essor mais structurellement importatrice. Toujours dépendante des importations  pour son fonctionnement, que ce soit en matières premières ou en équipements, dans une période où l’Etat mise sur l’encouragement de la production et sur la complémentarité entre l’agriculture et l’agro-industrie via notamment le développement des coopératives agricoles. C’est d’ailleurs l’un des axes sur lequel travaille le programme de coopération entre l’Algérie et l’Union européenne (UE) initié dans le cadre de l’initiative européenne Enpard visant à appuyer les pays du voisinage en politique agricole et rurale. D’un coût de 20 millions d’euros, dont la moitié assurée par l’UE, ce programme est déjà mis en œuvre à Aïn Témouchent, Laghouat, Sétif et Tlemcen (régions pilotes) où les experts ont déjà enregistré une forte demande en groupements de producteurs. Ce qui permettra une meilleure synergie avec les transformateurs. Un retard à rattraper pour aspirer à réduire le déficit de la  balance commerciale.


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