Quand Ouyahia critique indirectement Bouteflika



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Ahmed Ouyahia a critiqué, ce mardi 26 avril, la politique de hausse des salaires accordée en 2012. Évoquant une période « d’opulence financière » à l’époque, le chef du RND a rappelé son caractère éphémère.

Printemps arabe

Dans la foulée des printemps arabes, pour calmer le front social, le gouvernement qu’il dirigeait a entamé une revalorisation conséquente des rémunérations de la fonction publique, assortie d’une période de rappel lui donnant ainsi un effet rétroactif.

Partie de la volonté de l’ancien ministre de l’Énergie, Chakib Khelil, de retenir les compétences nationales au sein de la Sonatrach, la hausse des salaires a ensuite été généralisée à tous les secteurs publics, face à la grogne sociale et aux réclamations. Pour mémoire, les enseignants et d’autres corporations avaient réclamé, à leur tour, une revalorisation salariale.

Chakib Khelil

Avec un pétrole au-delà des 100 dollars le baril, une telle option paraissait « faisable » sur le plan financier. Sauf que le gouvernement a manqué de vision et s’est lourdement fourvoyé en pensant que ces prix sur les marchés étaient autre chose que conjoncturels. Sur ce point, Ahmed Ouyahia a parfaitement raison en rappelant l’effondrement subséquent des cours du brut.

En disant cela, l’ancien chef du gouvernement révèle qu’il était opposé à cette décision, et laisse entendre qu’elle a été prise par le président Abdelaziz Bouteflika. D’ailleurs Ouyahia a été remplacé à la tête du gouvernement par Sellal en septembre 2012, qui est toujours en poste.

Qui a pris la décision ?

Par ces mots, Ouyahia critique indirectement une décision phare du chef de l’État et rappelle que la revalorisation salariale était inconsidérée et irréfléchie, comme de nombreux experts, économistes et institutions financières internationales l’ont signalé.

Les critiques de la Banque d’Algérie

En effet, en termes de conséquences néfastes, la Banque d’Algérie a pointé le fait que « la hausse des salaires sans contrepartie a conduit à un renchérissement du coût du travail, réduisant ainsi la compétitivité de l’Algérie et des produits locaux ». Ainsi, cela « contrarie la stratégie industrielle de substitution aux importations », déplorait la banque centrale.

Dans le même temps, cette situation a « engendré une consommation excessive de l’énergie sous toutes ses formes, ayant même conduit à des importations de carburants », notait la même source. En d’autres termes, la Banque d’Algérie s’alarmait également du fait que ces gains de pouvoir d’achat se sont orientés vers des produits importés, faute de production nationale suffisante en quantité et en qualité. Rappelons à ce titre l’explosion des importations de véhicules et autres produits finis ou biens de consommation.

Les mises en garde du FMI

De son côté, le Fonds monétaire international (FMI) mettait en garde, dès 2011, contre les dangers inflationnistes d’une telle politique, notamment sur l’immobilier. La politique monétaire de la Banque d’Algérie, visant à « contrôler l’excès des liquidités et les pressions inflationnistes », a permis d’éviter une hausse généralisée des prix pour les autres biens et les services mesurés par le FMI.

Par ailleurs, la revalorisation des salaires et son effet rétroactif ont eu un coût exorbitant. « Ces hausses de salaires réels semblent largement supérieurs aux gains de productivité », signalait le FMI. « De plus, les paiements rétroactifs (…), qui doivent être étalés sur deux ans seulement, apporteront des revenus supplémentaires importants aux fonctionnaires », équivalent à 8% et 7% du PIB hors hydrocarbures, en 2011 et 2012 respectivement, prévenait l’institution internationale. « Si ces revenus supplémentaires se traduisent entièrement par une demande additionnelle (…) les pressions inflationnistes  vont s’intensifier », prévoyait le Fonds. « Il faudra alors resserrer la politique monétaire et accroître les importations pour répondre à la demande », signifiant déjà le FMI.

Surtout, les budgets de fonctionnement des ministères et des entreprises publiques ont explosé depuis. La forte hausse de la masse salariale représente l’essentiel des budgets, alors que la productivité a quasiment stagné.

Retour à la case départ

Avec l’effondrement des recettes pétrolières, une telle charge représente un handicap sérieux, notamment pour les entreprises à caractère économique et commercial.

Il est alors aisé de constater l’effet néfaste sur l’économie nationale. Une telle mesure accompagnée d’une ouverture grandissante de l’économie nationale a donc pénalisé les producteurs nationaux et profité aux économies étrangères, qui déversaient leurs productions en Algérie.

Ensuite, l’inflation, couplée à la dépréciation du dinar en raison de la chute des recettes pétrolières, ont finalement grignoté le pouvoir d’achat réel des Algériens. En fin de compte, le pays opère un retour à la case départ… Sauf qu’entre temps, des sommes colossales ont été englouties pour un « bien-être » consumériste complètement éphémère.


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