Non, Monsieur Macron, vous n’êtes pas Monsieur Chirac



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CARNET DE CAMPAGNE FRANÇAISE. Dimanche soir, la France a finalement assisté à ce que les commentateurs attendaient et nous rabâchaient depuis des mois : l’éclatement des formations politiques traditionnelles et la présence du Front national au second tour.

Le grand favori des sondages, Emmanuel Macron, 39 ans, candidat sans étiquette, ex-ministre de l’Économie du gouvernement de François Hollande, s’est donc qualifié pour le round final. Marine Le Pen, candidate du Front national, est parvenue à réitérer la performance de son père de 2002 quinze ans plus tard. Pour la deuxième fois de son histoire, le FN se retrouve au second tour de l’élection présidentielle française. Avec deux différences et de taille.

En quinze ans, le parti politique d’extrême-droite a gagné près de trois millions de voix, et bat ainsi son record historique des élections régionales de 2015. Quant à la présence du FN au deuxième tour, cela n’étonne plus personne. Pire, elle ne suscite aucun remous. Aucune manifestation, aucune « une » de journaux. Les médias français préfèrent commenter le sacre du jeune prodige. Les images du 21 avril 2002, le soir de la qualification de Jean-Marie Le Pen pour le second tour de l’élection présidentielle, semblent si loin.

En 2017, les timides rassemblements proclament « ni Le Pen, ni Macron ». Changement d’époque. Les manifestations contre Le Pen sont paraît-il devenues ringardes. Elles appartiennent à une toute autre génération. À celle qui, même encore très jeune en 2002, savait que le FN avait un visage bien plus sombre que celui qu’on nous présente aujourd’hui.

À cette génération dont les grands-parents avaient vécu la seconde guerre mondiale, et en portaient encore les souffrances. Mais cette jeunesse de 2002 qui a aujourd’hui 30, 35 ou 40 ans, pourquoi est-elle aussi silencieuse ? Faut-il rappeler que le Front national a été créé en 1972 à l’initiative d’Ordre nouveau, un mouvement néofasciste ?

Alors certes, c’était avant. Mme Le Pen est-elle responsable des origines du parti dont elle défend les couleurs aujourd’hui ? Non disent certains. Le FN à l’ère de Marine Le Pen a fait le ménage, assurent bon nombre de commentateurs. Il s’est « normalisé », « ouvert ». Il est devenu fréquentable. Et pourtant, la direction du parti a bien failli nommer cette semaine à la présidence par intérim un homme négationniste. Le FN est-il vraiment délivré de ses fréquentations du passé ?

Si dès dimanche soir, François Fillon et Benoît Hamon ont appelé à voter pour le candidat d’En marche ! Jean-Luc Mélenchon est resté très silencieux. L’insoumis, qui a remporté 19,2% des suffrages, a la défaite amère. Il attend cinq jours pour dire que non, il ne votera évidemment pas Le Pen. En 2002 pourtant, le même homme s’était montré beaucoup plus réactif pour faire barrage au FN. Contrairement à 2002, il n’y aura donc pas de front républicain.

Quant à cette campagne de l’entre deux-tours, elle se résume pour l’instant à une bataille de l’image. L’épisode de mercredi dans une usine menacée de délocalisation en Pologne a donné à voir un spectacle pathétique. Alors qu’Emmanuel Macron rencontre les représentants de l’intersyndicale de l’entreprise à la Chambre de commerce et d’industrie d’Amiens, Mme Le Pen le devance, et improvise une visite sur le site industriel, avec les salariés. Le candidat d’En marche ! est pris au piège. S’il ne rencontre pas les salariés sur le site, l’erreur de communication pourrait être lourde. À l’issue de son entrevue avec les syndicats, il annonce qu’il rencontrera dans l’après-midi les salariés du site. Au milieu de toutes ces caméras et de ce cirque politique, les employés se sentent utilisés.

Jeudi matin, la candidate FN veut montrer qu’elle défend la France qui se lève tôt. Séance photo avec des pêcheurs dans le sud de la France. Marine Le Pen est la candidate « du peuple ». La fracture sociale est devenue son thème de campagne de l’entre-deux tours. Le Pen ne fait plus du Le Pen mais du Jacques Chirac de 1995. À l’époque, on parlait déjà des « deux France ».

Alors qu’il devrait faire preuve de gravité, la réponse du chef de file de En Marche ! n’est pas à la hauteur : « Mme Le Pen se promène à la pêche. Bonne promenade. La sortie de l’Europe qu’elle propose c’est la fin de la pêche française. Pensez-y. EM », lâche-t-il sur Twitter. Pendant ce temps, il se rend à Sarcelles, au contact de la jeunesse en banlieue parisienne. Mais son argumentaire de campagne est bien pauvre pour justifier son déplacement : « Madame Le Pen, elle, ne peut pas venir dans un quartier comme celui-ci. Car qu’est-ce qu’elle veut ? Elle veut qu’ils s’en aillent, elle veut séparer la France, la casser en deux ».

Attention à cette mascarade enfantine. Moins d’un Français sur trois (31%) est satisfait de voir un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour de l’élection présidentielle, d’après un sondage Elabe, avec BFMTV publié mercredi. Monsieur Macron, vous ne pouvez vous économiser de faire campagne. Votre qualification est loin d’être une simple formalité. Le score obtenu face à Chirac en 2002 appartient lui aussi à une autre époque…


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