Marché pétrolier

Les plans contrariés de l’OPEP



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Le retournement de tendance sur le marché suscite moult questionnements sur l’efficacité des décisions de l’Opep, sur sa capacité à influer sur les prix et les conséquences des tensions entre l’Iran et l’Arabie Saoudite sur la cohésion du groupe des pays engagés dans l’effort de réduction de la production. Le rééquilibrage tant espéré du marché pétrolier tarde à avoir lieu. Les accords de réduction de l’offre pétrolière des membres de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) et d’une dizaine de producteurs non OPEP commencent probablement à montrer des signes de faiblesse, face à une production américaine qui carbure à toute allure. La montée en puissance de l’offre américaine de schiste et les querelles politiques que se livrent les monarchies du Golfe pourraient être préjudiciables au marché pétrolier. Nonobstant cette ferme détermination des membres de l’OPEP et de leurs partenaires non OPEP à aller au bout de leur effort de réduction de la production, les prix ont continué à chuter dans un marché faisant fi des annonces des représentants de l’Organisation. La dernière en date est celle du ministre koweïtien du Pétrole, Essam Al Marzouk, qui a annoncé jeudi que la conformité des pays producteurs aux réductions de l’offre avait atteint un niveau record en mai. Le ministre koweïtien, qui assure aussi la présidence du comité ministériel OPEP/non-OPEP chargé de vérifier les réductions de l’offre, a indiqué que «les engagements à réduire la production ont été respectés à 106% en mai, leur plus haut niveau depuis le début des réductions en janvier». La dégringolade des cours, amorcée depuis maintenant plusieurs jours, ne s’est pas arrêtée pour autant, faisant craindre un retour à la situation d’avant juin 2014, sur fond d’une montée en puissance de l’offre américaine. Le ministre koweïtien a indiqué dans un communiqué que le respect des réductions témoignait de la volonté des pays producteurs de rééquilibrer le marché pétrolier. Le président du comité ministériel OPEP/non-OPEP chargé de vérifier les réductions de l’offre tente ainsi d’expliquer que la rechute des prix n’est pas due à un quelconque dysfonctionnement dans le respect des accords. Les 14 membres de l’OPEP et une dizaine de pays producteurs de brut non membres de l’Organisation ont décidé en mai, faut-il le rappeler, de reconduire jusqu’en mars 2018 leur accord sur une réduction de l’offre de 1,8 million de barils par jour (mbj), convenue initialement pour six mois à partir de janvier dernier. L’examen de la plupart des indicateurs du marché montre que les récentes décisions de l’OPEP sont loin de répondre à l’objectif de réduire les surplus de l’offre qui plombent les marchés et les cours. Du moins jusqu’ici. Les prix continuent à évoluer en dessous de 50 dollars le baril, alors qu’ils avaient bondi à plus de 55 dollars après la conclusion de l’accord sur les réductions vers la fin de l’année 2016. Le brent a perdu environ 10 dollars durant la période d’application desdits accords. Les données sur l’état de l’offre américaine ont accéléré cette chute. Alors que le brut évolue en tendance baissière depuis plus d’un mois, soit depuis la décision de proroger de neuf mois la limitation de l’offre, le nombre de plateformes de forage aux Etats-Unis a progressé pour la 23e semaine consécutive. Un plus haut depuis avril 2015. C’est le signe le plus visible d’une tendance vers un éventuel retour à la situation d’avant juin 2014. Cette hausse de la production américaine du pétrole de schiste, qui est d’ailleurs à la source de cette rechute des cours, s’est accompagnée d’une augmentation de la production libyenne et nigériane en mai, deux pays exemptés des accords de limitation de l’offre du fait de leurs problèmes géopolitiques. A l’heure où les investisseurs craignent une production surabondante, le retournement de tendance sur le marché suscite moult questionnements sur l’efficacité des décisions de l’OPEP, sur sa capacité à influer les prix et les conséquences des tensions entre l’Iran et l’Arabie Saoudite sur la cohésion du groupe des pays engagés dans l’effort de réduction de la production. En réponse à une partie de ces questionnements, l’OPEP dit vouloir augmenter les quotas de réduction pour faire face à la vague déferlante de la production américaine. Mercredi dernier, le ministre iranien de l’Energie, Bijan Zanganeh, a indiqué que l’OPEP songe à rehausser les quotas de réduction. «La production des Etats-Unis était imprévisible et sa progression est plus importante qu’attendu par l’OPEP», admet Bijan Zanganeh, selon IRIB. «Nous sommes en consultation avec les membres de l’OPEP pour une nouvelle décision», ajoute-t-il. Pour ainsi dire, les accords de réduction de l’offre, même s’ils sont respectés à hauteur de 106%, n’ont eu jusqu’ici que très peu d’impact sur les niveaux de réserve et les cours. Le retour du marché à l’équilibre peut attendre, contrairement aux prévisions de l’OPEP qui tablent sur un rééquilibrage vers le second semestre de l’année.    


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