L’Algérie

que sera demain ?



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Par Ahmed Benbitour Ancien chef de gouvernement Alors que nous célébrons plus d’un demi-siècle d’indépendance, le devoir nous impose de nous interroger sur la situation du pays et son avenir. Malheureusement, le proche avenir de la nation algérienne est plus incertain que jamais. Chaque citoyenne et chaque citoyen algériens, où qu’ils soient, doivent s’interroger sérieusement et de manière responsable sur leur avenir immédiat et celui de leurs enfants dans le moyen terme. Attention, il ne s’agit pas de faire peur ni d’alarmer inutilement nos concitoyens, mais de leur faire prendre conscience de la gravité de la situation et de leur dire de se préparer à l’évidence, de s’armer de courage et de conviction pour faire face par anticipation et par un sursaut salvateur avant la survenue de la catastrophe. De l’analyse sereine de la situation économique, sociale autant que politique de notre pays, découle l’avènement d’un danger imminent sur l’avenir de la nation algérienne avec la forte probabilité d’explosion de la rue et de ses conséquences sur l’Etat, l’économie et la société. La mauvaise gestion du pays apparaît clairement, lorsque l’on s’intéresse au classement international de l’Algérie, par rapport aux indicateurs de gouvernance : Indice global d’innovation 108e ; stabilité et sécurité politique, 111e ; Etat de droit, 111e ; qualité de la réglementation, 125e ; facilité à obtenir un crédit, 124e ; facilité à démarrer une entreprise, 106e ; sophistication du marché, 122e ; facilité dans la protection des investissements, 124e ; transmission du savoir, 124e ; TIC, 113e. Le moins mauvais classement est la 79e place dans les infrastructures. En fait, la nation se trouve dans la situation d’un avion qui a perdu son pilote en plein vol et qui va fatalement s’écraser au sol, sauf que nous ne savons pas qui va ramasser les morceaux ! La gouvernance actuelle des affaires de la nation, approximative, hasardeuse, démagogique fait que la population souffre de cinq maux : l’absence de la morale collective, la violence qui devient le moyen privilégié de règlement des conflits entre individus, groupes d’individus et groupes d’individus et l’Etat, la corruption généralisée, l’indifférence envers l’intérêt commun et le destin national et le fatalisme. Notre pays est dirigé par un pouvoir autoritariste, patrimonialiste et paternaliste qui vit de la rente et la prédation dans l’utilisation de la rente, alors que la rente est en diminution sensible et pour toujours. Autrement dit : un pouvoir faible, inadapté aux ambitions et aux attentes légitimes du peuple, et une rente en amenuisement ! Par le fait de ce pouvoir et de sa gestion résulte un Etat déliquescent en situation de pénurie de moyens de financement de son budget, car le prix du baril nécessaire à l’équilibre budgétaire est passé de 34 dollars en 2005 à plus de 115 dollars en 2013, alors que ce prix à l’exportation ne dépassera pas les 60 dollars en moyenne annuelle sur la prochaine décennie. Un Etat déliquescent se caractérise par la généralisation de la corruption, l’institutionnalisation de l’ignorance et de l’inertie, le culte de la personnalité, la centralisation du pouvoir de décision entre un nombre réduit d’individus au lieu et place des institutions habilitées, l’émiettement du pouvoir entre les différents clans à l’intérieur du système. Malheureusement, l’Etat algérien correspond de façon évidente à l’ensemble de ces critères de définition d’un Etat déliquescent. Comme résultante de ces mauvaises orientations et des décisions dommageables tant économiques que politiques, l’économie algérienne est vulnérable, volatile et fortement dépendante de l’étranger, en particulier en perte de moyens de financement de ses importations de biens de consommation essentiels. Pour s’en rendre compte, il suffit d’analyser la situation des équilibres financiers extérieurs sur les quatre dernières années. Les recettes des exportations d’hydrocarbures sont tombées de 63 milliards de dollars en 2013 à 27 milliards de dollars en 2016, perdant 57% de leur valeur en quatre ans. En contrepartie, la facture des importations de marchandises est tombée de 55 milliards de dollars en 2013 à 49 milliards de dollars en 2016, enregistrant une perte de valeur de 11% en quatre ans. C’est une image saisissante de la grande dépendance de l’extérieur et de la vulnérabilité de l’économie algérienne dues, essentiellement, à la mauvaise gouvernance et l’absence de planification. Ceci a eu pour conséquence la ponction sur les réserves en devises accumulées durant la courte embellie financière de 6 milliards de dollars en 2014, 34 milliards de dollars en 2015 et 30 milliards de dollars en 2016. Loin de toute naïveté économique et en toute lucidité dans l’analyse de notre environnement et des projections sur le moyen terme, il s’avère que sur la prochaine décennie les recettes d’exportations ne couvriront que la moitié des dépenses d’importations de biens, auxquelles il faut ajouter le déficit chronique de la balance des services et le transfert des bénéfices des sociétés étrangères exerçant en Algérie. De fait, le stock de réserves de change sera épuisé en 2020. D’où l’urgente nécessité d’une grande mobilisation pacifique pour sauvegarder la nation algérienne. Mais la sauvegarde n’est durable que si elle s’appuie sur la prospérité de la nation. Le succès de cette mobilisation exige la définition d’une nouvelle méthodologie qui s’appuie sur deux axes principaux : l’unification de l’objectif, ainsi que la diversification des modes et des instruments de mobilisation en vue d’atteindre l’objectif. L’unification de l’objectif permet de bénéficier de la synergie entre les actions individuelles et collectives engagées vers l’atteinte de la sauvegarde et de la prospérité de la nation. La diversification des modes et des instruments assure la mobilisation la plus large possible, d’une part, et permet de prémunir l’atteinte de l’objectif contre les réactions négatives de quelques parties prenantes, d’autre part. Les tâches prioritaires pour atteindre l’objectif de prospérité et de durabilité de la sauvegarde se classent en deux dimensions : la refondation des institutions et l’éducation citoyenne. La construction des institutions concerne : la refondation de l’Etat, la refondation de l’école, la refondation de l’économie, la promotion des compétences nationales et la maîtrise de la numérisation. La priorité de l’amélioration des comportements individuels et collectifs concerne tous les maux sociaux allant de la lutte contre la corruption, les passe-droits, la lutte contre le gaspillage, l’absentéisme, le népotisme, l’opportunisme, le laisser-aller, l’incivisme, le manque d’éducation citoyenne… Autrement dit, la construction d’une société qui repose sur les valeurs, les lois et les règles saines, où les individus se font confiance lorsqu’ils interagissent, où la bonne éducation et le travail sont des atouts de la réussite sociale et individuelle, où la justice prévaut, où la malhonnêteté, le vice et la brutalité sont proscrits comme mode de progression dans la sphère publique et combattues et dénoncées dans la sphère privée. Aussi, rendre visible et vivant le socle culturel et identitaire algérien dans les programmes de formation ; créer un environnement culturel dans toutes les villes et villages algériens. En conclusion, chaque Algérienne et chaque Algérien qui ont à cœur de sauvegarder l’Algérie, où qu’ils se trouvent, doivent se convaincre et intérioriser fortement l’imminence des dangers sur le futur proche de la nation algérienne. Ils doivent tous se mobiliser avec les modes et les instruments les plus adaptés à leur condition et moyens pour construire l’Algérie que notre jeunesse mérite.  


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