Tebboune dérange



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L’UGTA et plusieurs organisations patronales se liguent pour dénoncer l’action du nouveau gouvernement en prenant prétexte sur le «persona non grata» signifié par le Premier ministre au patron de l’ETRHB lors de sa récente visite de travail dans la capitale. Le clash. Moins de deux mois après sa nomination au palais docteur Saâdane, le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, bouscule l’éco-système politico-financier qui s’est constitué et développé à l’ombre de la maladie du chef de l’Etat. Il déstabilise l’ordre des alliances. Dès son entrée en action, il a sonné la charge contre la «politique» de son prédécesseur, Abdelmalek Sellal, et assaille violemment l’ex-ministre de l’Industrie, Abdessalem Bouchouareb. Il affiche une volonté de rompre avec la période Sellal. Il annule une à une les décisions économiques de l’ancienne équipe gouvernementale. Voulant aller très vite et avec une méthode «forte», le chef de l’Exécutif se charge de réduire l’influence grandissante des milieux d’affaires incarnés par le patron du Forum des chefs d’entreprise, Ali Haddad, à coups de mises en demeure. Saisi de panique, ce dernier rameute ses séides et riposte. Des contradictions internes, jusque-là contenues, s’expriment impétueusement et au grand jour. Pour nombre d’acteurs économiques et observateurs politiques, Abdelmadjid Tebboune est en train de «corriger, parce que des choix économiques désastreux ont été opérés ces dernières années». Les plus critiques parlent d’un hold-up économique soigneusement organisé. Ce faisant, M. Tebboune toucherait à de gros intérêts financiers concentrés entre les mains de quelques milliardaires. Il ne manque pas de prendre le risque de s’exposer aux foudres de la puissance financière. D’évidence, les évolutions récentes donnent lieu à des affrontements à visage découvert. Abdelmadjid Tebboune est-il un homme qui dérange au point de faire réagir des organisations patronales qui s’associent au syndicat officiel dans une «curieuse cause commune» ? En tout état de cause, là s’expriment des velléités d’empêcher l’action du gouvernement et d’isoler le patron de l’Exécutif. Le communiqué-riposte signé par les organisations patronales avec l’UGTA de Abdelmadjid Sidi Saïd le dit clairement : «Nous exprimons notre attachement indéfectible et notre fidélité total à la seule personne du président de la République.» Une déclaration qui signifie clairement la non-reconnaissance de l’autorité du Premier ministre. Une défiance. Abdelmadjid Tebboune agit-il alors seul sans en référer à celui qui l’a nommé Premier ministre et dont la lettre de mission est de conduire la politique du Président et de mettre en œuvre son programme ? Il y a une «réelle conviction chez le Premier ministre de mettre de l’ordre dans une maison livrée à une rapine sans limite. Mais surtout, il traduit la volonté politique supérieure qui est celle de la présidence de la République. Il est nommé pour cette mission», assure un membre influent du gouvernement. Parce qu’objectivement, la pression de la crise économique peut facilement provoquer des situations redoutées et redoutables. Un piège qui peut se refermer contre les occupants d’El Mouradia. C’est ce qui aurait motivé la démarche et la méthode Tebboune. Anticiper les contrecoups économiques, mais surtout politiques. D’autant que s’attaquer à des figures symboles de la déroute nationale que représentent Sellal, Bouchouareb et Haddad et bien d’autres est une démarche à forte valeur ajoutée sociale. C’est assurer d’emblée de gagner la bataille de l’opinion. Il se murmure dans les cercles que les «amis politiques et économiques» du président de la République sont «allés trop loin» dans la prédation, à tel point que les équilibres nationaux sont mis à rude épreuve. Un point critique est atteint. Il faut rappeler à ce propos que l’une des grandes faiblesses du règne de Abdelaziz Bouteflika est l’absence de contrôle dans les gigantesques dépenses publiques et le manque criant de l’évaluation rigoureuse et continuelle. Encore moins la réédition des comptes. Les experts en la matière ne cessaient d’attirer l’attention et surtout de tirer la sonnette d’alarme. Hantise d’une succession mal engagée Crédule est celui qui voit dans ce mouvement tectoniques de plaques estivales uniquement une simple colère gouvernementale passagère. Si la crise économique avec ce qu’elle charrie au plan social provoque chez le gouvernement une peur panique, la tempête en cours révèle une inquiétude manifeste sur la conduite à tenir pour aborder la prochaine échéance politique : la présidentielle de 2019. L’affaiblissement des partis politiques, le rétrécissement du champ d’expression sociale et l’affaissement des institutions étatiques laissent la voie libre à d’autres forces de peser lourdement sur la décision qui va engager le pays pour les prochaines années. Il s’est constitué durant la dernière décennie des groupes influents aux ramifications multiples d’une autre nature. L’embellie financière qu’a connue l’Etat aura servi plus à créer des forces financières qu’à développer le pays économiquement et socialement. Une captation jamais égalée de l’argent public par une minorité d’hommes d’affaires en raison de leur positionnement politique dans un mélange de genre inédit. Une oligarchie en devenir. Dans un contexte dominant, les alliances se font et se défont à une vitesse accélérée. Anticipant sur les événements à venir, les alliés politiques et économiques tentent de s’émanciper de leur tutelle. Sinon, comment expliquer «la mise à mort» politique des Sellal, Bouchouareb, Haddad et autres figures dont on disait qu’elles étaient  promises à des ascensions politiques ? Des «acteurs» qui ne cachaient pas leurs ambitions. Certains d’entre eux jugent que «Bouteflika représente le passé». Ils sont soupçonnés de faire mouvement vers d’autres centres de pouvoir dont les détenteurs ne font pas mystère de leurs aspirations. L’élection présidentielle problématique d’avril 2014 a grippé la machine politique du système. La maladie de Bouteflika contraint au «retrait» n’a fait que complexifier la période qui a suivi. Les contours de la fin du quatrième mandat s’embrouillent. Il est évident que le souci majeur des décideurs est de réunir les conditions paisibles de la succession qui, pour le moment, semble mal engagée.    


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