CAF

Il ne faut pas vendre les bijoux de famille



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La Confédération africaine de football (CAF) «veut révolutionner le football continental», ont indiqué plusieurs acteurs du football africain, invités au symposium qu’organise la CAF à Rabat au Maroc pendant 2 jours (18 et 19 juillet 2017). L’entourage du président Ahmad Ahmad veut imprégner un autre rythme de croisière à la CAF, comme l’attestent les nombreux effets d’annonces largement repris par la presse africaine. Le grand projet qui tient à cœur les nouveaux dirigeants de l’instance faîtière du football continental, c’est la modification du format et la périodicité de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), les bijoux de famille de la CAF et la plus importante source de financement de l’institution et de ses compétitions. La modification de la périodicité, changement de période (juin à la place de janvier), introduction de nouvelles conditions dans le cahier des charges induites par l’augmentation du nombre de pays qualifiés, qui passerait de 16 à 24, de villes et stades (6 au lieu de 4) qui abriteront le tournoi étalé sur 10 jours de plus, rendent très difficile la mise en application immédiate du projet. Beaucoup de (mauvaises) motivations se cachent derrière la tentation de toucher aux fondements de la CAN. Les initiateurs du projet ne cachent pas leurs desseins. Ils visent l’ancien président de la CAF, le Camerounais, Issa Hayatou, dans une sorte de règlement de comptes. Profitant des informations faisant état d’un retard important dans la construction et la livraison des 4 stades retenus pour le tournoi 2019, ils caressent l’espoir de retirer au Cameroun l’organisation de la CAN-2019 et bien sûr ils ont suscité la disponibilité du Maroc et l’Algérie à un degré moindre pour suppléer le Cameroun au cas où ce dernier se désiste. Le passage en force aura-t-il lieu ? Difficile d’imaginer le retrait du tournoi 2019 au pays des Lions Indomptables pour l’élargir à 24 équipes, alors que la compétition a déjà entamé la première journée, le calendrier et le règlement de la compétition sont arrêtés. La CAF ne peut pas obliger un pays, en l’occurrence le Cameroun, à organiser le tournoi dans 6 villes et autant de stades, alors que le choix a été entériné antérieurement sur la base d’un cahier des charges qui précise qu’il faut 4 villes et 4 stades. Les organisateurs du symposium de Rabat n’ont pas caché leur ambition, à savoir révolutionner le football et les compétitions africaines. Comment et à quel prix ? Augmenter de 16 à 24 équipes qualifiées à la CAN, à partir de 2019, est irréaliste dans le contexte actuel du football africain qui a plus besoin d’améliorer la qualité d’ensemble du football et de ses principaux acteurs que de la précipiter vers le nivellement par le bas à travers une messe à 24 équipes. Les techniciens et spécialistes invités au symposium donneront-ils leur caution au changement préconisé ? L’autre chapitre qui risque de faire désordre est sans nul doute le changement préconisé des dates du tournoi final. Le choix de la période d’été pour l’organisation de la CAN, au lieu de l’hiver, n’est pas fortuit. Il obéit à un agenda imposé par les puissants clubs européens qui ne veulent plus libérer leurs joueurs africains en janvier, période qui coïncide avec le sprint final pour la course au titre et le sauvetage. Difficile d’imaginer que la modification du calendrier ne soit pas l’œuvre des représentants des riches formations européennes. Organiser la CAN en été posera des problèmes. Les conditions climatiques en premier lieu. La santé des joueurs et celle des supporters qui se déplaceront sur le vaste continent n’iront pas sans causer des soucis à ceux qui vivront le tournoi de l’intérieur. Il ne faut jamais vendre les bijoux de famille.                                                                                                    


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