Opération « mains propres » ou capable anti-Haddad ?



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Chaque jour qui passe resserre un peu plus l’étau autour du PDG de l’ETRHB, Ali Haddad. Son duel l’opposant au Premier ministre Abdelmadjid Tebboune a pris un nouveau tournant ce samedi suite aux révélations faisant état d’un entretien entre Tebboune et le président Bouteflika, durant lequel ce dernier a donné des consignes claires pour « sévir » contre « les hommes d’affaires qui ne respectent pas les règles et ceux qui transfèrent de l’argent de manière illicite à l’étranger ».

Alors que seule l’illusion d’une démarche solitaire du Premier ministre permettait encore à Haddad d’espérer sortir indemne de cette mauvaise passe, c’est une inexorable chute qui semble attendre le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE). Le compte à rebours a commencé. Dans moins de soixante jours, lorsque le délai des mises en demeure aura expiré, l’ETRHB pourrait se trouver dans l’obligation de rembourser les sommes perçues en guise d’avances pour la réalisation des projets en lui appliquant les pénalités de retard. La croix sur le dos de Haddad, dessinée par ceux-là mêmes qui l’ont propulsé sur le devant de la scène en lui permettant d’accaparer nombre de richesses, est appelée à perdurer jusqu’à ce que ce dernier mette la clé sous la porte. L’heure des comptes a sonné.

Ali Haddad n’est évidemment pas le seul à avoir bénéficié de manière extrêmement inhabituelle des largesses de l’État, et des bienfaits de la rente pétrolière. Ils sont légion les hommes d’affaires qui ont accumulé d’énormes richesses en faisant office de satellites parasitaires autour des plus hautes sphères obscures du pouvoir. Le président du FCE aura simplement eu le tort d’avoir désiré baigner dans les lumières des projecteurs, et d’avoir oublié qu’il était là où il est non pas parce qu’il méritait d’y être par ses efforts, mais parce qu’il était utile le temps d’une conjoncture. Comme Abdelmoumen Khalifa avant lui, et bien que leurs contextes et personnalités soient fondamentalement différents, Ali Haddad aura pêché par orgueil face à l’impitoyable système.

Le patron de l’ETRHB ne sera probablement pas l’unique cible de cette opération menée par le Premier ministre. Tous les hommes d’affaires qui auront des velléités similaires à celles exprimées par Ali Haddad, qui s’est érigé en personnage incontournable de la vie politique algérienne ces trois dernières années, passeront à la trappe. En revanche, ceux qui ont su montrer patte blanche et faire preuve de discrétion n’auront probablement rien à craindre. Les hommes d’affaires aussi discrets qu’une tombe à l’image d’un Kouninef ne sauraient être dérangés tant qu’ils ne bougent pas.

Car ce n’est pas une opération mains-propres que Tebboune a été sommé d’exécuter, mais plutôt une purge. Si les intentions du gouvernement avaient été sincères, le gouvernement demanderait peut-être des comptes par exemple à des fils de généraux à la retraite ou des fils d’actuels PDG de groupes pétroliers nationaux, qui ont acquis d’immenses terrains en Espagne de manière pour le moins curieuse quand on sait que les transferts de devises sont interdits pour ce type d’opérations.

Le gouvernement demanderait également des comptes à d’anciens ministres soupçonnés de corruption caractérisée, mais l’Algérie est évidemment bien loin de ce scénario naïf. La démarche actuelle visera avant tout à reconfigurer l’entourage du pouvoir avec des personnalités plus dociles à l’aube des prochaines élections présidentielles de 2019, avec au passage le vain espoir de s’offrir à nouveau une pureté bien illusoire. Mais personne n’est dupe.


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