«Une augmentation progressive des prix pour rationaliser la consommation»



...

- Quelle est la porte de sortie que pourrait choisir le gouvernement pour protéger les catégories nécessiteuses tout en allant progressivement vers une vérité des prix ? Pour réussir, les réformes de ce type doivent s’accompagner de politiques micro-économique et macro-économique, faute de quoi les hausses des prix de l’énergie peuvent facilement conduire à une inflation élevée ou à d’autres pertes économiques et coûts sociaux. Comment faire pour éviter de pénaliser les citoyens à bas revenus en cas de hausse des prix de l’énergie ? En augmentant progressivement les prix nationaux de l’énergie, l’Algérie pourrait rationaliser la consommation interne d’énergie, limiter le gaspillage et augmenter les recettes tirées des exportations lucratives d’hydrocarbures. Le gouvernement pourrait alors redistribuer la majorité des recettes correspondant à l’augmentation du prix sous forme d’un dividende pétrolier, ce qui ferait accepter cette augmentation par la population. Un relèvement trop brutal des prix énergétiques peut donner lieu à une opposition intense aux réformes, surtout en l’absence de communication suffisante et de mesures d’atténuation. Une stratégie progressive de hausse des prix de l’énergie permettra aux ménages et aux entreprises de s’adapter et au gouvernement de mettre en place des filets de sécurité sociale. Réallouer les ressources libérées par les subventions vers des dépenses publiques plus productives pourrait aider à doper la croissance à long terme. En outre, la réduction des subventions à l’énergie accompagnée d’un filet de protection sociale bien conçu et d’un relèvement des dépenses favorables aux citoyens à bas revenu pourrait donner lieu à des améliorations significatives du bien-être des citoyens à faible revenu à moyen et long termes. C’est pourquoi les réformes des subventions à l’énergie peuvent être mises en œuvre de manière proactive, plutôt que lorsque les pressions se font sentir. - La démarche annoncée par le gouvernement ouvrira-t-elle la voie à la transition énergétique tant attendue ? La question posée, c’est comment en finir avec une énergie bon marché sans pénaliser les ménages et sans faire perdre à l’économie nationale l’un de ses rares avantages comparatifs ? Aussi, le problème posé par cette évolution de consommation d’énergie peut s’exprimer simplement ainsi : comment ralentir la consommation d’énergie sans sacrifier les bénéfices apportés en termes de développement économique et social ? La solution est à la fois simple et complexe. Les moyens disponibles sont nombreux, mais les moyens adaptés aux contextes spécifiques à l’Algérie méritent d’être bien pensés. La promotion de l’efficience énergétique en Algérie  devrait s’imposer comme un but stratégique à atteindre. Le plus grand gisement serait celui de l’économie d’énergie qui impose la définition d’un nouveau modèle économique et énergétique ! La démarche annoncée par le gouvernement de réduire le poids des transferts sociaux, qui se dirige vers la suppression des subventions systématiques et diviser par deux la facture de la consommation énergétique, va ouvrir certainement la voie à la transition énergétique tant attendue et peut aussi contribuer à la baisse du déficit budgétaire, ce qui stimulerait les investissements productifs et renforcerait la croissance économique. - Quelles actions ont déjà été prises par le passé pour alléger le fardeau et ont-elles donné les résultats escomptés ? Tout d’abord, il y a lieu de signaler que les prix de l’énergie (carburants, gaz et électricité) n’ont pas subi d’augmentation depuis 2005. A cet effet, on peut dire que les deux précédentes augmentations sur les produits énergétiques appliquées dernièrement vont éventuellement avoir un effet sur la rationalisation de la consommation interne d’énergie, dans les secteurs gros consommateurs d’énergies, en l’occurrence le transport et le secteur des ménages et tertiaires. - Quels pays ont adopté un système jugé adéquat à votre sens et qui pourrait servir d’exemple pour l’Algérie ? Certains pays exportateurs de pétrole commencent à comprendre qu’il leur faut mettre en œuvre des réformes visant à renforcer l’efficacité économique et la compétitivité, mais aussi et surtout rationaliser et abandonner progressivement à moyen terme les subventions inefficaces accordées aux combustibles fossiles qui encouragent la surconsommation. Plusieurs pays exportateurs de pétrole, en l’occurrence la Norvège, l’Iran et la Russie, ont déjà adopté la vérité des prix et supprimé et/ou réduit les subventions à l’énergie, et d’autres pays producteurs étudient actuellement de près la possibilité d’éliminer ces subventions. 


Lire la suite sur El Watan.