Les assurances d’Ouyahia



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Le Premier ministre a tenté hier de tempérer les lourdes appréhensions que nourrit l’opinion publique concernant les effets des solutions que son gouvernement préconise pour faire face à la crise financière. Etalant chiffres et arguments, Ahmed Ouyahia a consacré l’essentiel de son intervention à l’explication des objectifs visés à travers le mise en branle de la planche à billets. Il faut qu’on regarde notre vérité en face.» C’est par cette phrase qu’a commencé le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, sa plaidoirie en faveur du recours au «financement non conventionnel» devant les membres de l’Assemblée populaire nationale (APN), où il a présenté, hier, les grands axes de son plan d’action. Dans un discours-fleuve qui a duré plus d’une heure et quart, le premier responsable du gouvernement tente de défendre «les bienfaits» de cette démarche, décriée par l’ensemble des économistes. Etalant chiffres et arguments, Ahmed Ouyahia a consacré, en effet, l’essentiel de son intervention à l’explication des objectifs visés à travers le mise en branle de la planche à billets. Ayant géré, dans les années 1990, les conséquences de l’ajustement structurel imposé par le Fonds monétaire international (FMI), il défend la décision d’écarter «tout retour à l’endettement extérieur» pour faire face à la crise actuelle. «Ce n’est pas dogmatique. Si on choisit d’aller à l’endettement extérieur, on aura besoin de 20 milliards de dollars annuellement pour couvrir un déficit équivalant à 2000 milliards de dinars», explique-t-il, en rappelant les retombées d’une telle éventualité sur le pays et sa politique économique et sociale. Selon lui, l’expérience du passé a fait que le gouvernement a opté pour le financement non conventionnel. «Ce dernier n’est pas une invention algérienne. Les grandes puissances mondiales le font toujours, à l’image des Etats-Unis, qui empruntent auprès de la Réserve fédérale, du Japon et de la Banque centrale européenne qui a injecté 2000 milliards d’euros dans les banques des pays de l’Union», argumente-t-il. «Nous ne sommes pas des indigènes» Rappelant les recommandations du FMI et les avis des économistes qui invitent les autorités à recourir à l’endettement extérieur, Ahmed Ouyahia récuse les critiques selon lesquelles «le pays a opté pour la création monétaire». «Quand il s’agit d’eux, ils trouvent toujours des mots souples pour qualifier des démarches. Et quand c’est nous, les Occidentaux nous sortent des qualificatifs très durs. Je leur dirais donc que nous ne sommes pas des indigènes», lance-t-il. Ce faisant, le Premier ministre répond aux économistes et aux partis politiques qui dénoncent la démarche. «Je dirais aux frères qui ne partagent pas nos positions, notamment les experts, que le rôle du gouvernement et de l’Etat est d’assurer le versement des salaires des fonctionnaires et les pensions des retraités. Quand il y a une solution disponible, nous sommes en droit de l’utiliser», ajoute-t-il. Dans ce sens, il tente de démentir, en sept points, les critiques des spécialistes qui ont, rappelons-le, alerté sur les dangers d’une telle démarche. Pour lui, les fonds qui seront empruntés par le Trésor auprès de la Banque d’Algérie «ne seraient pas source d’inflation, puisqu’ils seront destinés à financer exclusivement l’investissement public». «Certaines voix ont accueilli l’annonce du recours au financement non conventionnel interne en prédisant au pays une explosion de l’inflation. Le gouvernement tient donc à rassurer la population avec deux arguments», dit-il, avant de détailler : «En premier lieu, les fonds qui seront empruntés par le Trésor auprès de la Banque d’Algérie ne sont pas destinés à alimenter la consommation, mais bien à financer l’investissement public. Ce qui ne sera donc pas source d’inflation. En second lieu, le Trésor fait face actuellement à une dette publique qui ne dépasse pas les 20% du Produit intérieur brut (PIB). Il dispose ainsi d’une marge raisonnable d’endettement», déclare-t-il, en faisant une comparaison avec «un pays européen qui, disposant des finances publiques les plus solides, a aussi une dette publique proche de 70% du PIB». «Il y a même un pays qui a une dette publique dépassant les 100% de son PIB», enchaîne-t-il. «Nous ne financerons pas la consommation» Abordant la critique concernant l’effondrement du dinar, l’orateur précise que «ce dernier baisse en valeur avec la baisse des réserves de change». «Et la valeur du dinar a reculé de 25 à 30% ces dernières années», soutient-il. Ahmed Ouyahia affirme également que la démarche «ne servira pas au financement de la consommation», puisqu’elle vise seulement deux objectifs : «Faire face au déficit du Trésor et au paiement de la dette interne.» Dans ce sens, il cite l’exemple de Sonelgaz qui fonctionne avec un découvert de plusieurs centaines de milliards. «Il a fallu l’intervention de l’Etat qui a émis des bons du Trésor pour permettre à l’entreprise d’avoir des ressources auprès des banques», souligne-t-il. Ahmed Ouyahia rappelle aussi le cas de Sonatrach qui importe du carburant pour le revendre à Naftal au prix fixé par l’Etat. Ainsi, dit-il, le recours au financement non conventionnel sur une période de 5 ans «permettra à l’Algérie de s’assurer la sauvegarde de son indépendance financière et la poursuite des réformes à une cadence qui ne lui engendrera pas des problèmes importants». La mise en œuvre de cette démarche, souligne-t-il, permettra aussi d’éviter «une importante augmentation des taxes dans le cadre du projet de loi de finances 2018, devant être présenté dans les prochains jours». Le suivi de l’application de cette démarche, annonce-t-il, sera confié à «une instance indépendante qui se chargera du contrôle de l’action du gouvernement». «Et si Dieu le veut, nous sortirons de cette crise dans les trois ou cinq prochaines années», déclare-t-il.               


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