Une APN loin de la crise



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En plus de l’absentéisme remarqué des parlementaires, l’Assemblée populaire nationale arbore une sérénité à la limite de la décence, alors qu’une angoisse générale s’est emparée des Algériens à l’heure de l’exacerbation de la crise financière dans le pays. Les travées de l’Assemblée populaire nationale sont visiblement moins animées en ce troisième jour des débats sur la le plan d’action du gouvernement. L’hémicycle affichait quasi vide lors de la séance matinale. A la reprise vers 14h30, quand Ahmed Ouyahia et les quelques ministres qui l’accompagnaient prenaient place, la majorité des bancs étaient tout aussi inoccupés que la matinée. On pouvait facilement compter le nombre de présents. Signe de l’affaiblissement institutionnel du Parlement. Il n’est plus ou il n’a jamais été l’enceinte qui abrite l’essentiel du débat national. Fetta Sadat du RCD, plongée dans la relecture de son texte avant son intervention, entourée de quelques-uns de ses camarades, se désole tout de même de cet absentéisme remarqué et persistant. L’essentiel des députés absents appartiennent à la majorité, notamment au FLN. Le patron de l’ex- parti unique «aurait passé le mot à ses parlementaires pour ne pas remplir la salle (hémicycle) à Ahmed Ouyahia» susurre-t-on à l’Assemblée. «Ils sont occupés à préparer les listes électorales en prévision des élections locales», tente d’expliquer un député. Le chef du groupe parlementaire du FLN, Saïd Lakhdari, paraît «actif et en mouvement» pour assurer la présence de son parti et combler l’absence perceptible de ses camarades. Même tendance à l’absentéisme aussi chez les parlementaires islamistes du MSP dans sa version Menasra qui adoptent une attitude «conciliante» vis-à-vis du gouvernement. Cependant, ce qui retient l’attention en ce troisième jour des débats parlementaires sur l’action du gouvernement, c’est l’état d’esprit politique des députés. Chez la majorité des élus de la représentation nationale présente hier à l’Assemblée, l’ambiance est plutôt tranquille, pas du tout en état d’alerte, eux qui s’apprêtent à adopter un plan d’action dans un contexte de crise majeure. Si les indicateurs économiques du pays virent dangereusement au rouge, le moral des parlementaires est plutôt serein. Joyeux, bravaches, l’air sûr, les députés de la majorité parlementaire ne semblent pas gagnés par la peur panique qui s’empare de l’opinion et qui redoute un lendemain social désenchantant. L’angoisse sociale s’arrête au boulevard Zighoud Youcef. Le béton armé de la Chambre basse du Parlement est imperméable aux inquiétudes des citoyens. Une part importante de ses occupants est d’un détachement déconcertant. Un déni des réalités fâcheuses. Les alertes émises par les experts, les mises en garde lancées par l’opposition trouvent moins d’échos dans le camp de la majorité parlementaire. Comment l’être alors que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, les a balayées, non sans dédain, lors de la présentation de son plan d’action dimanche passé ! «Il ne faut pas s’alarmer. Contrairement aux affirmations de certains, les fondements de l’économie du pays restent solides», tente de convaincre un député du RND qui rappelle que le patron de son parti (Ouyahia) «devait être nommé Premier ministre en 2014, au lendemain de la présidentielle. On n’en serait pas là aujourd’hui», regrette-t-il paradoxalement. «Cessons de noircir le tableau», renchérit une députée du FLN. Interrogée sur le fait qu’elle vote pour l’adoption d’un nouveau plan d’action trois mois après avoir voté celui de Abdelmadjid Tebboune – deux plans d’action que l’essentiel oppose – cette dernière ne semble pas embarrassée, balayant la question d’un hochement de tête suivi d’un haussement d’épaules. Elle ne dira rien. Le fait de convoquer l’Assemblée nationale pour adopter un nouveau plan d’action du gouvernement trois mois seulement après le vote du plan Tebboune ne dérange pas tous les députés. Beaucoup d’entre eux d’ailleurs commencent leur intervention par féliciter Ahmed Ouyahia pour sa nomination au Palais Docteur Saadane et «la confiance que place en lui son Excellence le président de la République» ! Eux qui louaient il y a à peine quelques semaines les «mérites et les compétences de Abdelmadjid Tebboune». Normal ! Pour les députés de la majorité, il faut vite enterrer l’ancien Premier ministre. Certains n’hésitent pas à le «flinguer». Retournement de position consacré comme ligne de conduite dans la maison-mère. Cependant, cette attitude choque chez les parlementaires de l’opposition, estimant que la situation est pour le moins intenable. «Contrairement aux assurances que tentent de distiller les partisans du pouvoir, la situation du pays est inquiétante. Le limogeage de Tebboune et la nomination d’Ouyahia dans les conditions que l’on sait témoignent d’une instabilité chronique, de la faillite du système de gouvernance. La crise est d’abord politique, sinon comment expliquer qu’en quelques mois seulement nous avons assisté à des décisions, contre-décisions et annulations de décisions prises par trois Premiers ministres qui appartiennent à la même majorité ? Le pouvoir est en train de compromettre les chances minimes qui restent pour le pays», éructe Djamel Bahloul du FFS, qui tranche avec l’ambiance molle d’un Parlement qui donne l’impression d’être en décalage avec la population inquiète. Dans la même lancée, à la tribune, le président du RCD, Mohcine Belabbas pilonne le gouvernement d’Ahmed Ouyahia qui écoute et encaisse. «Comme d’habitude, vous vous dédouanez de la responsabilité qui est d’abord celle d’un gouvernement qui depuis 18 ans a été incapable d’avoir une vision claire, ni d’anticiper sur les événements pour concevoir un projet et exposer une stratégie adéquate en matière de développement», bombarde-t-il. Et pendant ce temps, le bouillonnant député Khaled Tazaghart sensibilise des collègues parlementaires pour signer une lettre interpellant le Premier ministre pour intervenir rapidement et débloquer le projet industriel du groupe Cevital à Béjaïa. Cette «demande urgente», signée par les membres du groupe du Front El Moustakbel et des les députés du RCD, a été remise à M. Ouyahia. Ces deux séquences étaient les seuls moments marquants d’une journée «ordinaire et banale» à la Chambre basse, où certains députés s’emploient à assumer leur rôle et surtout de tenter de donner à l’institution parlementaire un peu de punch et de la vigueur en ces temps de crise qui commande une implication forte de la représentation nationale.  


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