Vers la contraction de l’emploi formel et le creusement des inégalités régionales



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Sur le plan de la lutte contre le chômage et la pauvreté, les experts sont unanimes : la crise financière que travers le pays aura son lot de conséquences sur les programmes déjà en cours. D’emblée, ils avertissent que la réduction des dépenses publiques, notamment les dépenses d’équipement, va induire inévitablement une aggravation de la crise de l’emploi et donc une forte hausse du chômage qui affecte particulièrement les jeunes et les femmes, deux catégories particulièrement vulnérables sur le marché du travail. De même qu’elle va creuser les inégalités sociales et régionales. «Cette crise qui a déjà commencé à produire ses premiers effets sur l’emploi, avec la hausse du taux de chômage en 2017 (12,3% en avril 2017), va induire une contraction drastique de l’emploi formel (aussi bien l’emploi marchand que l’emploi public non marchand) et une expansion de l’emploi informel, particulièrement l’informel de subsistance et l’informel de complément, deux segments de l’emploi informel qui se développent en période de dépression et de crise et qui permettent d’amortir un tant soit peu les effets de la crise sur le marché du travail et sur le pouvoir d’achat des détenteurs de revenus fixes», estime à ce sujet l’enseignant universitaire Yougourtha Bellache. Comment ? «Les dépenses publiques étant le principal moteur de la croissance économique, leur baisse dans ce contexte de raréfaction de ressources financières va plomber les principaux secteurs d’activité réputés être de grands pourvoyeurs d’emplois, tels que le secteur du BTPH et le secteur du commerce et des services (dont l’essor est freiné par les mesures de limitation des importations) qui enregistrent d’ores et déjà des pertes d’emplois importantes», expliquera-t-il prévoyant que cette tendance va se poursuivre en s’amplifiant dans les années à venir, d’autant plus que le gouvernement, «focalisé sur la seule gestion budgétaire, ne dispose pas d’un plan de relance de la croissance à même de créer des emplois durables et en quantité pour faire face à la forte croissance de la demande d’emplois, boostée par la croissance démographique de ces dernières années», ajoutera-t-il. Pour l’enseignant, les principales mesures contenues dans le plan d’action du nouveau gouvernement et qui sont destinées uniquement à pallier le manque de ressources, à travers leurs effets pervers qu’elles vont produire, à savoir la hausse de l’inflation et la dépréciation de la monnaie nationale, vont induire inévitablement une forte baisse de la consommation des ménages et aussi une baisse de l’investissement et de l’activité des entreprises. «Cela conduira in fine à plomber la croissance, seule garante des équilibres budgétaires et de la création d’emplois», résumera M. Bellache. «Dans ces conditions, la politique sociale que le gouvernement veut maintenir coûte que coûte et sur laquelle il assoit sa légitimité ne sera plus soutenable», conclura-t-il. Pour sa part, Abdoune Benallaoua estime qu’il est possible de maintenir la politique sociale actuelle, mais à condition d’en finir avec la gestion actuelle des finances publiques. Autrement dit, «faire des économies là où cela s’impose, comme par exemple au niveau des ministères et des hautes sphères de l’Etat. Il est aussi impératif de rompre avec la gestion désastreuse des grands projets qui engloutissent des sommes colossales dépassant le coût réel», recommande notre économiste qui plaide par ailleurs pour l’optimisation du recouvrement de l’impôt et la lutte contre les fraudes et la corruption en misant sur le contrôle. «Avec la baisse de la fiscalité pétrolière, ce chantier représente une urgence absolue», avouera-t-il. Au sujet de la pauvreté et des distorsions régionales, il met en garde contre le risque du creusement des inégalités puisque, dira-t-il, «dans les arbitrages budgétaires, la priorité sera toujours donnée aux zones urbaines et aux régions du Nord au détriment de la ruralité et du grand Sud. Les conséquences sur les indicateurs du développement humain ne pourront être que désastreux.» Il est par ailleurs important pour M. Benalloua de se poser la question de savoir si la poursuite de cette politique est souhaitable au-delà de la question de son financement et sa faisabilité. «En effet, l’efficacité de la stratégie de lutte contre la pauvreté semble très limitée puisqu’elle a contribué, dans son aspect dans la création d’emplois et la lutte contre le chômage à l’augmentation des emplois précaires. La précarité étant étroitement liée à la pauvreté, nous pouvons oser dire que les dispositifs d’emploi ont abouti à l’inverse de l’effet escompté», expliquera-t-il. Et ce, d’autant que pour notre interlocuteur les dispositifs d’emploi ont eu une efficacité très limitée ayant essentiellement contribué à l’augmentation de la part des emplois précaires dans le pays.  


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