Ouyahia en conclave avec le FLN, le TAJ et le MPA



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Le Premier ministre Ahmed Ouyahia ne veut sans doute pas revivre le scénario qu'il a connu lors des débats sur son programme d'action à l'Assemblée populaire nationale. En politicien aguerri, il cherche déjà à « bétonner » sa loi de finances 2018 et à la faire passer sans coup d'éclat et sans grand tapage au sein de l'hémicycle.

On se rappelle que lors de sa première apparition à l'APN en septembre dernier, plusieurs députés FLN ont montré une hostilité directe, critiquant ouvertement l'action du gouvernement ou sa future démarche dans certains secteurs, faisant fi des instructions ou recommandations de leur direction politique.

Selon des milieux politiques et parlementaires, cet épisode est mal passé et aurait laissé un mauvais souvenir aux ministres présents et qui n'arrivaient pas à comprendre les sorties de la part de nouveaux députés du vieux parti.

Une indiscipline criante était au rendez-vous chez le FLN, alors que quelques jours auparavant, le Premier ministre avait pris le soin de rencontrer les chefs des trois partis politiques qui faisaient partie de la mouvance présidentielle, en l'occurrence Ould Abbès, Amar Ghoul et Benyounès. Pourtant, lors de la plénière et du vote, la majorité s'est montrée fidèle en approuvant le plan d'action d'Ouyahia.

Cette fois, avec le projet de loi de finances, qui attise toutes les critiques et les appréhensions chez l'opposition, Ouyahia ne veut pas vivre la même situation.

Il aurait aimé que son homologue du FLN tape sur la table et impose sa ligne de conduite à ses députés, toujours moins enclins à accepter de céder l'exécutif au RND et réticents à l'idée de ne pas critiquer et de faire des observations sur un projet « estampillé » par Ouyahia.

Bien qu'on ne sache pas si le FLN va laisser ses députés libres de faire entendre leurs voix, dans les « limites » requises et sans franchir les « lignes rouges », il va sans dire que Ouyahia veut prendre ses précautions.

Anticipant cette situation, loin d'être périlleuse mais désagréable et inopportune politiquement, le Premier ministre veut souder cette alliance et la rendre imperméable. Selon les assertions de ses partisans et de ses proches, c'est l'union sacrée qu'il veut dans cette conjoncture difficile.

Bien qu'il n'ait nullement l'intention de recréer la fameuse alliance présidentielle, qui a fait ses preuves par le passé, Ouyahia cherche à bâtir une « unanimité » politique à sa feuille de route, à maintenir une solidarité parlementaire totale aux projets de lois de son gouvernement qui seront déposés à l'APN.

Bref, l'objectif lointain est de paralyser l'opposition radicale, de la « rendre aphone » et de « l'écraser politiquement », au moins jusqu'aux prochaines échéances électorales de 2019.

C'est pourquoi Ouyahia a non seulement fustigé cette opposition radicale, mais il a invité le FLN, le TAJ et le MPA à la concertation et au dialogue sur des questions cruciales, dont la plus importante demeure la LF.

Dans les prochains jours, Ouyahia rencontrera ses homologues de ces formations, en vue de lancer un « partenariat politique informel « , une étape qui survient après avoir rencontré les membres les plus influents du patronat, à travers l'université du Forum des chefs d'entreprises (FCE), dont les travaux s'ouvriront aujourd'hui.

Déjà, il a autorisé huit ministres de son cabinet à participer à cette rencontre. Belle occasion pour dissiper les malentendus et supprimer le froid « estival » qui a enveloppé les rapports entre le patronat, l'UGTA et le précédent gouvernement de Tebboune.

Ayant à sa gauche les partis politiques les plus représentatifs dans les institutions, et à sa droite le patronat le plus puissant, Ouyahia veut délimiter son champ et avoir les coudées franches, sans risquer des « dérèglements » ou des « perturbations ». Il aura juste besoin de convaincre qu'il faut un « vrai pacte » et qu'il faut mobiliser toutes les forces nationales, politiques et économiques, pour affronter la crise.


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