Vers la création du plus grand village maghrébin dédié à l'artisanat



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Ressusciter l'artisanat à Constantine peut paraître une mission presque impossible au vu de la déliquescence des métiers traditionnels, fierté jadis de la Cité cirtéenne. Orfèvrerie, menuiserie-ébénisterie, ferronnerie ou autre marbrerie, des métiers sont aujourd'hui perdus faute d'avoir été repris à temps par la descendance de ceux qui, jadis, maniaient avec dextérité cisailles, rabot et autre enclume. Ils ont d'ailleurs presque disparu du jargon local.

La Fédération constantinoise des artisanats et métiers traditionnels ose toutefois un projet qui est, pour le moins que l'on puisse dire, ambitieux.

La réalisation un grand village touristique exclusivement dédié aux métiers de la main, présenté par ses initiateurs comme la plus importante du fait de son ampleur au niveau du Maghreb. Le but : réinventer ces métiers autour d'un espace conçu et financé par les artisans eux-mêmes.

Hier, au cours d'une brève séance tenue au siège de la fédération sise à La Casbah, le président et les membres de la représentation constantinoise de l'Association nationale des commerçants et artisans ont tenté d'exposer les contours de ce passionnant projet.

Des explications ont été fournies au cours de la rencontre par le responsable du bureau, M. Latrèche, auquel a été confiée la tâche de concevoir l'étude du projet.

Des explications appuyées par celles du concepteur de la maquette en 3D, lequel a, avec beaucoup d'imagination et de doigté, réussi à matérialiser virtuellement le projet.

Selon le président de la fédération, M. Maghzi, vu du ciel, le projet qui se présente sous forme d'une carte représentant le territoire national s'étalera sur une superficie de près de 7 hectares, dont plus de 6 ha bâtis. Les édifices seront érigés en R+1 afin de permettre une meilleure accessibilité aux visiteurs du site adeptes de ces arts ancestraux.

Le projet consiste en la réalisation de plus de 2 000 locaux. Répartie à travers des ruelles, dont chacune sera dédiée à un métier, la structure devra regrouper dans un premier temps, nous a-t-on précisé, les artisans de l'antique Cirta.

Les concepteurs espèrent, par la suite, pouvoir séduire leurs pairs des autres wilayas. Pour cela, des espaces hébergement-restauration-détente ont été conçus afin de permettre la prise en charge des visiteurs et autres initiés. Des cafétérias, de restaurants et même un petit hôtel d'une cinquantaine de chambres seront aménagés au milieu de la structure.

Près de 4 200 postes d'emploi prévus

Deux bâtiments, « un croissant et une étoile », domineront en effet, au vu de la maquette, tout l'espace et seront destinés l'un à faire office de structure hôtelière et l'autre à la présentation de l'art culinaire algérien. Chacune des cinq branches de l'étoile sera dédiée à une ou plusieurs traditions gastronomiques, prévoit-on.

L'objectif, selon le président est, en sus de la création de près de 4 200 postes d'emploi directs, de ressusciter des métiers en donnant l'occasion aux artisans de présenter leurs produits puisqu'il est prévu la réalisation d'une grande salle d'exposition à mettre à la disposition des artisans en continu.

Autre finalité du projet, la récupération, autant que faire se peut, de ses arts perdus, avec l'ambition projetée de les ressusciter en optant pour la formation sur place de jeunes apprentis. Pour cela, un espace sera, à en croire la maquette, aménagé pour la formation, laquelle sera assurée par les artisans eux-mêmes.

Le coût de la réalisation de ce mégaprojet avoisinerait les 2,9 milliards de dinars, à en croire le président de la fédération. Une partie sera financée par les artisans eux-mêmes auxquels, a-t-on précisé, une cotisation de 300 mille dinars sera exigée au préalable avant exploitation d'un espace en location-vente sur une durée bien déterminée.

Soucieux de réaliser leur projet en une durée assez courte, les responsables précisent, en outre, que la structure sera livrée en tranches afin de permettre qu'une animation des lieux soit matérialisée au bout de deux ans. Cinq entreprises devront prendre en charge les travaux, est-il, précisé.

A en croire le vice-président de la fédération, Hacène Bensizerara, également promoteur du projet, le dossier a été ficelé et attend une réponse du Calpiref. Une copie a même été déposée au niveau de la cellule mise en place récemment par les autorités de wilaya au cabinet du wali.

Partant du principe que la ville de Constantine, devenue trop exiguë, ne puisse tolérer, par manque d'espace, qu'un projet de cette envergure soit implanté in situ, les concepteurs n'ont eu d'autre alternative que de solliciter le P/APC d'El-Khroub, le Dr Aberkane, détenteur de l'autorité territoriale sur les villes nouvelles Massinissa et Ali-Mendjli.

Une offre de terrain qualifiée d'insuffisante par le promoteur a toutefois été proposée à la ville de Massinissa par le P/APC de la localité. « Trop petite pour accueillir un projet d'une telle ampleur », a-t-on jugé. Reste le feu vert du Calpiref et, bien entendu, celui du wali, lequel a, à maintes fois, laissé entendre qu'il était prêt à donner un coup de pouce à toute initiative prometteuse.


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