Des médicaments contrefaits découverts sur le marché



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Une fausse montre Rolex doit non seulement ressembler à une montre mais aussi fonctionner. A l’inverse, les contrefaçons de médicaments ne reviennent pas cher à la fabrication et il faut souvent plusieurs analyses pour les distinguer de l’original», faisait remarquer un haut responsable de la puissante Fédération internationale de l’industrie du médicament (FIIM), une ONG internationale représentant les secteurs de l’industrie pharmaceutique basée à Genève (Suisse). «La mafia du médicament est une donnée avec laquelle il faut vivre», admettait, en écho, un dirigeant d’une firme pharmaceutique allemande de renom. Lorsque des géants de l’industrie pharmaceutique mondiale n’hésitent pas à s’avouer vaincus face à l’étendue des pratiques mafieuses, qu’en sera-t-il des pays les moins développés et les plus vulnérables, à l’image de l’Algérie  ? «Déceler le vrai médicament et le faux est une mission très difficile pour les douaniers algériens». Cet aveu de Djamel Brika, directeur des relations publiques à la DGD lors la 18e édition du Forum pharmaceutique  international (mai 2017), consacrée à problématique de la lutte contre les phénomènes informels affectant le secteur pharmaceutique, en dit long sur les risques auxquels s’expose notre pays. Le dispositif législatif et technique en place est-il suffisamment efficace pour circonscrire ces risques ? A en croire Kaddour Bentahar, l’ex-patron des Douanes algériennes, l’arsenal juridique existant n’a rien à envier à ce qui se pratique dans les pays les plus développés. Mieux, les référentiels encadrant le secteur devraient être renforcés par une fort importante nouvelle loi-cadre. «A l’instar de nombre de pays, l’Algérie n’est pas à l’abri du phénomène des faux médicaments, nous en sommes conscients et œuvrons à le combattre. Mais pour y venir à bout de manière encore plus efficace, nous avons décidé d’impliquer tout le monde. Le projet de cette loi-cadre a été élaboré sous la direction du ministère de la Santé. Y ont été sollicités pour soumettre des propositions, l’ensemble les administrations, institutions et services concernées par la filière du médicament ainsi que des universitaires et des laboratoires de recherche scientifique. Finalisé à hauteur de 90%, il fait l’objet d’une dernière lecture et devrait être incessamment soumis aux autorités compétentes pour validation», nous avait-il, en effet, annoncé lors d’une rencontre à l’Ecole des Douanes de Hjar Eddis (Annaba). Par cette nouvelle loi-cadre, «devraient être délimités les champs d’intervention et définies les responsabilités de chaque partie. Une commission élargie à tous les services concernés est déjà à pied d’œuvre», nous indiquait-il. Par contre, avait tenu à préciser le boss des Douanes algériennes, «il y a conformité et contrefaçon. Celle-ci concerne surtout les produits importés. Depuis une dizaine d’années, de grandes firmes pharmaceutiques s’intéressent au marché algérien. C’est à elles de demander la protection des droits de propriété intellectuelle». Garde-fous réglementaires Et la formation de la corporation d’officines pour mieux s’adapter à l’évolution rapide et au contrôle du marché du médicament ? C’est dans ce souci qu’ «est actuellement en discussion le développement d’un programme d’études spécifiques destiné aux personnels d’officines. Ceux-ci bénéficieront d’une formation continue au niveau des instituts publics de formation professionnelle», a tenu à rappeler Messaoud Belambri, président du Syndicat national algérien des pharmaciens d’officine (Snapo). Ces deux projets dont parlent MM. Bentahar et Belambri sont-ils susceptibles d’apaiser l’inquiétude, maintes fois exprimée, par ailleurs, par Lotfi Benmohamed, président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens  ? Car depuis plus d’une tribune, ce dernier ne cessait de mettre en garde les pouvoirs publics contre l’existence et la prolifération de «groupes mafieux ayant investi la filière de l’importation du médicament et qui ont réussi à introduire sur le marché au moins une vingtaine de pseudo-médicaments sans vertu ni effet thérapeutique, et ce, grâce à des complicités au sein de l’administration». Des propos qui illustrent, à bien des égards, qu’en dépit des garde-fous réglementaires en vigueur, les tentacules des réseaux criminels transnationaux spécialisés dans le commerce informel des médicaments contrefaits ont fini par atteindre notre pays. Et cela ne date pas, semble-t-il, d’aujourd’hui. «Croyez-moi, si les vieilles archives des circuits d’approvisionnement du marché national du médicament, des deux secteurs public et privé, venaient à être déterrées, l’on se rendrait compte que la vie du malade algérien ne valait souvent rien à côté des bénéfices engrangés grâce aux pratiques frauduleuses. Heureusement, à l’époque, des hommes et des femmes consciencieux, il en existait aux institutions de contrôle sanitaires et douanières», révèle un officier supérieur de la Direction régionale des Douanes de Annaba à la retraite. Son long parcours, plus de deux décennies de terrain, nous dit-il, lui avait permis de constater que «les autorités sanitaires, douanières et sécuritaires du pays ont, au fil du temps, capitalisé une expérience avérée dans la lutte contre le phénomène des faux médicaments. Aujourd’hui, les rouages du monde des faussaires du médicament, ces autorités ont appris à les connaître et elles s’attellent à se mettre continuellement en phase avec leurs modes opératoires». En témoignent les mesures de retrait du marché de médicaments importés, aux origines douteuses ou non conformes, par la suppression des Décisions d’enregistrement (DE) et des Autorisations de mise sur marché (AMM), qui se font de plus en plus rares, argumentera-t-il. Les services de contrôle aux aguets ! Ces dernières années, une moyenne d’une dizaine de médicaments, des lots dans la plupart des cas, font l’objet de décisions de retrait. De leur côté, les industriels se veulent tout aussi rassurants au sujet des produits fabriqués localement. «En ce qui nous concerne, en tant que producteurs, en matière de qualité et de conformité, la loi algérienne est excessivement sévère. Avant de se lancer dans la fabrication d’un médicament, nous sommes tenus de demander une autorisation préalable. S’ensuivent de multiples et tatillons contrôles de la matière première importée de l’étranger. Est par la suite, lancée la fabrication, dans un premier temps, de trois lots différents qui seront soumis à des analyses au niveau de notre propre laboratoire. Puis, un échantillon de chacun des lots est envoyé au Laboratoire national de contrôle des produits phamaceutiques (LNCPP) du ministère de tutelle. Une fois la validation obtenue, c’est-à-dire l’AMM, nous entamons la production du médicament en question. Mieux, nous sommes tenus de conserver dans un échantillon-thèque des boîtes témoins prise sur chaque lot produit, car le ministère peut nous contrôler à tout moment, même si notre produit est déjà en circulation sur le marché», s’accordent à souligner des producteurs nationaux présents à la rencontre du Snapo-Annaba. Dans leurs propos, nos différents interlocuteurs sont, quelque peu, confortés par des chercheurs de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed). En effet, dans leur toute dernière étude comparative des marchés du médicament dans notre pays, au Maroc et en Tunisie, ces chercheurs ont, en effet, fait ressortir que le marché algérien était «très réglementé… La réglementation algérienne appliquée au domaine des produits pharmaceutiques à usage humain est  relativement développée et traite de l’ensemble des aspects liés à l’environnement du produit». Néanmoins, «des insuffisances caractérisent cette réglementation dans son ancrage législatif à cause des dispositions, considérées depuis longtemps comme désuètes et frappées d’obsolescence». Les mêmes experts avaient, dans la foulée, reconnu «l’avancée notable en matière de lois encadrant le contrôle de la conformité du principe actif des médicaments importés ou fabriqués localement». Avancée s’étant traduite sur le terrain, précisaient-ils, par la création au sein des structures techniques du LNCPP d’un service de chimie dédié au contrôle de la qualité de la substance active. Pour leur part, les limiers de l’unité anti-contrefaçon de produits pharmaceutiques relevant d’Interpol - qui regroupe 190 pays membres- estiment que «…même si l’Algérie n’a pas encore coopéré de façon très concrète  avec Interpol sur des cas en matière de faux médicaments, les services de contrôle en Algérie sont éveillés, très performants».  


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