Face a la dégringolade jamais connue depuis l’indépendance, d’un pouvoir d’achat et de la dépréciation d’un dinar, qui se mesure déjà au mètre carré par certains qui l’amassent par kilogramme, les moutons ont fini par venir encore au secours de deux larges catégories de la société, mais si différemment. Pour la plus nombreuse, celle qui a fini par perdre le sommeil, à force de calculer pour joindre les deux bouts d’un long mois si difficile, a clôturé en beauté. Ne parvenant plus a dormir, cette dernière se contente de compter les moutons, d’une nuit à l’autre à la quête d’un somme qui la fuit .N’ayant pu être ni le berger de ces bêtes domestiques en échange d’un salaire les soulageant de les agencer pour dormir, ni être de ces maquignons qui les refilent d’un Aïd El-Kebir à l’autre , a prix d’or, cette classe ne semble point cesser de les calculer encore et toujours, mais juste a les voir défiler virtuellement .Ces béliers là, paraissent rester l’unique activité nocturne de cette gent, condamnée a les énumérer du coucher du soleil à son lever, suite à l’inefficacité de somnifères qu’elle a fini par ne plus avaler, en recherchant une sieste qui l’a déserté depuis que l’ail se cède a 2000 dinars le kilogramme. Par contre, pour la seconde, une autre caste moins nombreuse et si aisée, elle ne dénombre point les agnelets au cours de la nuit, ne s’inquiété guère du cout de la vie et de ses fluctuations, elle mène une si douce existence à les rôtir de jour en jour. De ces pauvres moutons, elle en fait du méchoui au quotidien, tout en ignorant les chimères du malheureux dinar. Née sous de bonnes étoiles, cette race là ne sait presque rien du prix des produits qu’elle déguste sans facturer le moindre centime, et surtout de ses agneaux qu’elle rôtisse le long de l’année, sans se fatiguer. Ainsi et depuis des décennies déjà, le triste sort de cette monnaie nationale en chute libre parait suivre son cours, et que l’euro malmène au fil des jours. Il en est de même pour ces moutons là, dont les uns ne font qu’additionner en recherchant désespérément juste à fermer l’œil pour tout un petit moment de répit, mais que d’autres ne chiffrent pas pour assez de raisons et ne font juste que les cuire au four par dizaine pour le plaisir d’une vie de festins en permanence. Telle est l’histoire éternelle de cette espèce ovine qui ne peut échapper a son destin tragique et que malheureusement se perpétue à travers les âges. Par malheur, nos moutons demeurent appelés a meubler en chiffres les nuits de beaucoup de nous, et juste combler quotidiennement les rôtissoires de si peu de nous, pour tant d’autres raisons.