Quelle stratégie pour Sonatrach ?



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Depuis son installation à la tête du groupe Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour tente de redresser la situation du fleuron énergétique national en proie à de multiples difficultés, dans le sillage notamment de la baisse des prix du brut et de celle de la production de pétrole. La nouvelle réforme de la loi sur les hydrocarbures, dont la finalisation est en cours, vise notamment à corriger la stratégie inefficace suivie par le groupe ces dernières années et à attirer des investissements étrangers en vue de redynamiser la courbe de la production. Celle-ci est en déclin constant depuis dix ans, notamment à cause de la baisse des rendements des champs de Hassi Messaoud et de Hassi R’mel, de la hausse de la consommation interne et de la baisse des investissements, ce qui donne à notre pays à peine la capacité d’honorer le quota fixé dans le cadre de l’accord de l’OPEP. Ainsi, avec moins de 1,1 million de barils/jour de production de pétrole pour l’année 2017, selon les chiffres de l’OPEP, l’Algérie est loin des performances des débuts des années 2000. Le pays  avait produit 1,99 million de barils/jour en 2005 contre 1,58 en 2016. Il est à noter en outre, selon la note de conjoncture de la Banque d’Algérie pour le premier semestre 2017, que les quantités d’hydrocarbures exportées, exprimées en tonnes équivalent pétrole (tep), ont augmenté de 11,05% entre le premier et le second semestre 2016, mais ont baissé de près de 6% au premier semestre 2017 par rapport à la même période de 2016. La baisse des potentialités du pays est résumée par l'ex-PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, qui s’exprimait récemment sur les ondes de la Radio nationale. «En 2010, le constat a été fait que les réserves conventionnelles restantes ne pouvaient pas suffire au-delà de 2030, pour assurer la production actuelle destinée, d’une part, à la consommation intérieure et, d’autre part, à l’exportation», affirmait M. Attar. Et de souligner : «Si on continue comme ça, si on ne renouvelle pas les réserves, on ne pourra ni stabiliser la production d’hydrocarbures ni l’augmenter à moyen ou à long terme. Je peux vous dire que la moitié des découvertes faites pendant les dix dernières années ne sont pas rentables ou sont à la limite de la rentabilité.» L'ex-PDG de Sonatrach évalue les réserves «pour le pétrole à 1,5 milliard de tonnes tep et pour le gaz, autour de 2500 milliards de mètres cubes». En résumé, l’expert pétrolier assure que «nos réserves sont en train de s’épuiser».  Une situation qui pousse les responsables du secteur de l’énergie — le ministre de l’Energie et le PDG de Sonatrach en tête — à une réflexion pour réviser la loi sur les hydrocarbures à l'effet d'améliorer l'attractivité de notre pays et de susciter l’intérêt des partenaires étrangers, notamment dans la prospection et l'exploitation des hydrocarbures. «Sans porter atteinte à aucune question de souveraineté, une relecture de cette loi est aujourd’hui nécessaire pour améliorer notre attractivité dans le domaine de la prospection et l’exploitation des hydrocarbures, de façon à renouveler nos réserves, diversifier le tissu des industries pétrochimiques de transformation et créer de bonnes conditions pour une valorisation locale optimale de nos ressources», avait souligné récemment le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni. Une loi moins rigide et une fiscalité attrayante seraient à même, selon les avis des experts, de changer la donne et de booster les investissements dans le secteur en vue d’améliorer la courbe de la production.


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