Documents Exclusifs. De graves soupçons de corruption et de surfacturation au Tramway d’Oran



...

C’est un véritable scandale qui risque d’éclabousser dans les jours ou semaines à venir l’Entreprise du Métro d’Alger (EMA). Après plusieurs investigations, Algériepart a pu obtenir de nombreux documents qui dévoilent des anomalies et des irrégularités inquiétantes lors de la réalisation du Tramway d’Oran par le groupement Alstom -via sa filiale espagnole- et deux sociétés espagnoles, Corsan-Corviam Construcción et Isolux Ingenieria. 

L’espagnol Isolux Corsan a réalisé les travaux de génie civil et Alstom a fourni des tramways construits dans les usines d’Alstom de Barcelone en Espagne. Quatre rames Citadis assemblées par Cital à Annaba sont livrées en octobre 2015. En sa qualité de maître d’ouvrage délégué du ministère des Transports, c’est l’Entreprise Métro d’Alger (EMA) qui a géré le chantier de ce trawmay lequel a été livré et officiellement mis en service le 02 mai 2013.  Il faut savoir que l’EMA gère pour le compte de l’Etat Algérien des projets dans le domaine des transports urbains.

La bagatelle de 391 millions d’euros…   L’Entreprise assure les études,  la réalisation et l’exploitation de projets de transports de voyageurs urbains, notamment les métros, les tramways et les transports par câble dans plusieurs agglomérations du pays. Cela signifie clairement que les tramways, les métros et téléphériques sont sa propriété. En revanche, l’exploitation commerciale du tramway d’Oran revient à  la “Société d’exploitation des tramways ” (Setram). Le groupe français  RATP est actionnaire de cette société à hauteur de 49 %, aux côtés de l’ETUSA (36 %) et de l’Entreprise du métro d’Alger (EMA, 15 %). Jusque-là tout va bien. Et le tramway d’Oran qui coûté la bagatelle de 391 millions d’euros a permis à la deuxième ville du pays de se libérer un tant soit peu de l’enfer des embouteillages. Cependant, le 24 novembre 2016, 17 ingénieurs superviseurs de l’EMA commencent à procéder à un inventaire de tout le projet du tramway d’Oran pour évaluer et répertorier tout ce qui a été réalisé et achevé. Et c’est de là que le scandale a commencé. Cette opération d’inventaire s’est étalée durant pas moins de 4 mois, à savoir de novembre 2016 jusqu’à février 2017. Algériepart a obtenu tous les documents rédigés par ces ingénieurs superviseurs qui ont procédé à un contrôle minutieux du matériel réceptionné en marge de la mise en service du tramway d’Oran. Des différences de 200 mille euros…  Nos superviseurs et contrôleurs découvrent rapidement que des opérations frauduleuses ont caractérisé la gestion de ce projet stratégique. Ainsi, des engins et des équipements ont été surfacturés et l’Algérie a payé des prix mirobolants pour du matériel qu’elle pouvait acquérir à des prix nettement plus raisonnables. Ainsi, à titre d’exemple, les français d’Alstom ont fourni des véhicules Rail-Route dont le prix pour chaque unité a été fixée à, tenez-vous bien, plus de 560 mille euros. Un tarif qui défie l’imaginaire alors que pour le chantier du tramway de Mostaganem, le prix du même véhicule a été établi à 300 mille euros, soit une différence de plus de 200 mille euros qui soulèvent des soupçons de corruption et de surfacturation. Pis encore, Alstom a vendu à l’EMA un simple chargeur de batterie à plus de 4800 euros. Quant à la table élévatrice, elle a été facturée par  Alstom à plus de 21 mille euros. Des prix excessivement chers et incroyablement élevés par rapport à d’autres chantiers. Les espagnols de Corsan-Corviam Construcción et Isolux Ingenieria n’ont pas hésité également à verser dans les mêmes pratiques douteuses pour ne pas dire scandaleuses. Des documents exclusifs en notre possession démontrent que des surfacturations ont été pratiquées sur du matériel livré pour les besoins du chantier. Ainsi, un simple heurtoir a été écoulé à plus de 66 mille euros alors que cet dispositif placé à l’extrémité d’une voie ferrée n’a pas dépassé les 1600 euros lors de la réalisation du tramway de Sidi Bel-Abbès. Des équipements payés mais jamais livrés…   Le plus gros scandale concerne surtout les candélabres qui ont été facturés par les espagnols à des prix qui donnent le tournis ! Le prix du candélabre 4 foyers a été calculé à plus de 19 mille euros. Le petit candélabre à 9500 euros et le candélabre 2 foyers à 11 700 euros. Les contrôleurs et superviseurs de l’EMA sont estomaqués et tombent des nues lorsqu’ils apprennent également que la maquette d’un tramway exposée sur une place publique a coûté plus de 560 mille euros. Et pourtant, tout un tramway coûte l’équivalent de 3 millions d’euros. Mais l’incroyable est encore à venir puisque ces inspecteurs découvrent que des équipements ont été facturés et payés alors qu’ils n’ont jamais été réalisés comme par exemple les aires de jeux qui ont coûté plus de 130 mille euros alors qu’ils n’ont jamais été réalisés sur le terrain. Quant aux climatiseurs, ils ont été facturés à plus de 4 mille euros pour chaque unité ! Un prix hors norme qui reflète clairement des pratiques de surfacturation. Ces informations font froid dans le dos car elles démontrent que l’Algérie s’est faite pratiquement dévalisée pour réaliser un simple tramway. Des pertes énormes en devises et en dinars que notre pays aurait pu éviter si des mécanismes de contrôle sérieux et efficients étaient en vigueur pour encadrer ce projet. Algériepart reviendra encore sur cette affaire dans les prochaines parties de son enquête.

L’article Documents Exclusifs. De graves soupçons de corruption et de surfacturation au Tramway d’Oran est apparu en premier sur Algérie Part.


Lire la suite sur Algérie Part.