Le Hirak de Jerada promet un mois de mars noir au Makhzen



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Par Sadek Sahraoui – La population de la ville minière de Jerada a décidé de poursuivre son mouvement de protestation pour dénoncer ses mauvaises conditions de vie et le peu d’intérêt affiché par le Makhzen aux régions pauvres du Maroc. Les animateurs du Hirak Jerada soutiennent qu’ils ne mettront fin à leur mobilisation qu’une fois que Mohammed VI aura pris des décisions fortes et concrètes en faveur des populations déshéritées du royaume, à commencer par leur localité. Jusque-là, disent-ils, le gouvernement marocain n’a fait que dans la tromperie et la diversion.

Dans un communiqué rendu public au début de la semaine, la coordination des syndicats de Jerada indique qu’elle maintient ses grèves cycliques jusqu’à ce qu’elle obtienne gain de cause. Composée de la Confédération démocratique du travail (CDT), de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE), de l’Union marocaine du travail (UMT), de la Fédération démocratique du travail (FDT) et du PSU, la coordination en question regrette que la majorité de ses revendications soient aussi restées lettre morte. Les autorités marocaines n’ont, par exemple, pas accédé à ses revendications portant sur la gratuité des services d’eau et d’électricité, jugées excessives. Elles se sont cependant engagées à mettre en place des facilités pour le paiement des factures. Ce qui a évidemment déplu.

A l’occasion, les animateurs du Hirak Jerada démentent l’idée que la mobilisation à Jerada s’est essoufflée et a cédé aux promesses du gouvernement, sans aller au bout des aspirations de la population. Ils ont précisé également qu’il n’y a pas de division entre syndicalistes et jeunes du Hirak, comme le laissent entendre les médias proches du Makhzen. La population prévient également le Makhzen contre toute provocation et tout dérapage qui pourrait découler de la militarisation de la localité.

Jerada vit au rythme des manifestations pacifiques depuis la mort, fin décembre, de deux frères piégés dans un puits clandestin. Le 1er février, un nouveau décès dans les mêmes circonstances a encore renforcé le climat de défiance qui règne sur la ville.

Plusieurs membres du gouvernement El-Othmani se sont alors déplacés avec l’ambition affichée de dialoguer avec la population. Mais sans grand succès. Ils ont annoncé le «retrait des permis d’exploitation non conformes à la loi» et un vaste plan de réhabilitation socio-économique avec, au centre, la question de l’emploi. «Trop vagues», les promesses du pouvoir central marocain n’ont convaincu personne. Les habitants de la ville demandent des mesures répressives contre «les barons du charbon» qui ont accumulé des richesses sur le dos des mineurs démunis. Car, même si l’activité d’extraction de ce minerai est interdite depuis la fermeture de la mine en 1998, certains notables ont bénéficié d’agréments dans des conditions qualifiées d’«obscures».

S. S.

 


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