Marchés du logement

Les coulisses de la fraude



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Alors que le coût de réalisation des voiries et réseaux divers (VRD) a été plafonné par arrêté interministériel à 589 000 DA par logement, de nombreux projets explosent ce budget. El Watan Week-end publie les détails de certains marchés. 905 574 448,14 DA. C’est le budget pour la réalisation du «Reste à Réaliser» des travaux de voiries et réseaux divers du projet 792/1200 logements à Sidi Abdellah. Autrement dit, on a consacré 1 143 402,081 DA par logement. Sauf que ces chiffres vont au-delà de ce qui est consacré aux programmes immobiliers de manière générale. En effet, 590 000 DA par logement  est le budget qui est normalement alloué pour les aménagements extérieurs et viabilisation d’un quelconque programme immobilier. Une hausse plafonnée, décidée il y a 7 mois, pour mettre un terme aux retards répétitifs accusés dans la réception des différents programmes immobiliers «à cause de l’insuffisance du budget» et, par la même occasion, éviter les révisions budgétaires. Cette décision a fait l’objet d’un arrêté interministériel. En effet, le coût de viabilité a été fixé par un arrêté interministériel publié dans le Journal officiel n°55. Ainsi donc, selon ce texte réglementaire, daté de juin 2017, le coût de réalisation des voiries et réseaux divers (VRD) est plafonné à 589 000 DA par logement. Il est à noter qu’au préalable, la somme consacrée à l’aménagement extérieur ne devait pas dépasser les 400 000 DA/ logement. Club des Pins Ainsi, pour connaître le coût de l’aménagement extérieur d’une cité par exemple, il suffit de multiplier ce dit plafond (590 000 DA) par le nombre de logements du projet. Pour revenir donc au projet de réalisation du reste à réaliser des travaux de voiries et réseaux divers du projet 792/1200 logements à Sidi Abdellah, le total des coûts ne devait pas dépasser les 467 280 000 DA. Or, la somme encaissée est quasiment le double. Pis encore, le budget consacré pour la réalisation du reste à réaliser des travaux de voiries et réseaux divers du projet 408/1200 logements toujours à Sidi Abdellah, soit la seconde partie du premier projet, était de 533 363 791,93 DA. Un rapide calcul nous apprend que le budget consacré pour chaque logement était de 1 307 264,19 DA, ce qui dépasse largement le plafond exigé par le décret. «Pis encore, s’agissant d’un reste à réaliser, le budget devrait donc être revu à la baisse. Une première entreprise ayant déjà fait quelques travaux. Il resterait donc que quelque-uns à exécuter et non pas le tout», affirme un architecte bien informé. La même source assure que même l’aéroport international d’Alger, Les Sablettes, le CIC ou encore le Club des Pins n’ont pas coûté aussi cher. Mais alors, comment se fait-il que ces budgets faramineux aient été alloués ? Poubelle Tout d’abord, c’est la commission d’évaluation, chargée d’étudier les offres, qui doit donner son aval. Suite à cela, la décision passe au comité de marché pour l’accord final. Cependant, ce dernier a un droit de regard sur la décision de la commission et peut donc rejeter l’offre. «N’empêche, ces budgets ont été accordés», se désole une source anonyme proche du dossier. Selon les factures dont El Watan possède une copie, les tarifs avancés sont complètement fous ! On peut lire sur un des devis qu’une prise de courant pour local technique et filerie 2.5 coûterait, à l’unité, 1 million de dinars. Un néon de 1.2 m pour local technique et filerie reviendrait à 50 000 DA l’unité. Un interrupteur de courant pour local technique coûterait 80 000 DA l’unité. Et ce n’est pas les plus chers ! Les fournitures et la pose d’un abri pour poubelle sont estimées à 300 000 DA l’unité. Les deux projets cités plus haut ne sont pas des cas à part. En effet, d’autres projets similaires existent. C’est le cas de la réalisation des travaux de voiries et réseaux divers des 440/470 Logements promotionnels publics (LPP) de Aïn Benian (Alger), dont le budget total s’élève à 516 324 419,52 DA. Hors contrôle «Or, si on se réfère à l’arrêté ministériel, le budget qui devait y être consacré devait tourner autour de 259 600 000 DA. Là nous en sommes pratiquement au double», révèle notre source. Idem pour le marché de réalisation de travaux du reste à réaliser en CES du projet 36/132 Logements promotionnels publics à Aïn Benian. Ce marché a bénéficié d’un budget d’un montant de 206 910 698,22 DA. «Pour la réalisation de ce petit marché de 32 logements, un budget de 18 880 000 DA aurait largement suffi. Dix fois la somme exigée par le décret interministériel, c’est juste pas normal», conclut notre source. Ce ne sont que quelques exemples. Tous ces projets sont des projets dans le cadre sectoriel, soumis à la gestion du ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, représenté par son promoteur public l’Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI), ex-EPLF, chargée de réaliser le projet national du LPP. Un projet qui se révèle être un calvaire quant à son achèvement. «Ce projet est hors contrôle. C’est d’ailleurs pour cette raison que beaucoup de souscripteurs demandent la révision des prix de ces logements car la qualité n’est pas au rendez-vous. Tout a été bâclé. Rien n’à avoir avec ce qu’attendaient les souscripteurs après avoir vu les logements témoins.» 


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