Mgr Teissier à Rome

hommage aux 19 religieux tués et à la lutte des Algériens



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De Rome, Mourad Rouighi – La bibliothèque prestigieuse de l’Institut pontifical d’études arabes et d’islamologie, située dans le Transtevere, à Rome, conviait hier soir une brochette d’invités, des diplomates, dont l’ambassadeur d’Algérie à Rome, Abdelhamid Senouci Bereksi, des personnalités de milieux divers et des étudiants, à assister à une conférence-débat animée par l’archevêque émérite d’Alger, Mgr Henri Teissier ; une soirée de partage, de recueillement et de communion.

Pendant plus d’une heure, face à une salle attentive et enthousiaste, Mgr Teissier a pu rappeler ses fondamentaux, ses «options» qu’il propose à l’Algérie, son Algérie, et à tous ses amis, pour les années à venir.

Eglise d’Algérie ou église algérienne

Certes, l’Eglise a eu dès 1830 partie liée avec le processus de colonisation puis a fini par accompagner celui de la décolonisation. Durant ces 130 ans, elle a été essentiellement et dans sa partie la plus substantielle une Eglise liée aux populations coloniales, pour opérer un tournant décisif en 1954 avec Mgr Etienne Duval qui se prononça en faveur de l’autodétermination du peuple d’Algérie. Ce qui lui valut la haine des colons français de l’époque. Il reçut à l’Indépendance la nationalité algérienne en reconnaissance de ses positions et de son soutien à la liberté du peuple algérien. Durant ses homélies, il assenait aux récalcitrants et aux jusqu’au-boutistes que «nous comptons communier en paix avec les musulmans qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant… Même si, par le passé, de nombreuses inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, nous vous invitons tous à oublier et à vous engager vers la compréhension mutuelle, à protéger et à promouvoir ensemble, pour tous les hommes, la justice sociale, les valeurs morales, la paix et la liberté». Le tout dit en 1956 !

Avec Mgr Teissier, également algérien, l’Eglise se veut avant tout algérienne, très proche des populations, dont elle veut partager les joies et les espoirs, mais aussi les douleurs et les souffrances.

Les années du terrorisme aveugle scelleront définitivement cette intégration voulue de part et d’autre, et verra nombre d’Algériens musulmans défendre leurs frères en humanité, les chrétiens, contre cette folie meurtrière qui a failli emporter avec elle tout le patrimoine civilisationnel de ce pays.

De même, Mgr Teissier, au plus fort des massacres, fut résolu dans son choix de rester en Algérie, à rester solidaire de ces hommes et de ces femmes qui étaient ses amis, les confrères, ses voisins, les collègues, les connaissances de longue date. «On n’abandonne pas ceux qu’on aime !», a-t-il dit, au bord des larmes.

En excellent arabophone, très fin connaisseur de la culture arabe et de l’islam, il sait que cette dérive est une anomalie passagère que ne saurait accepter le peuple de cette Algérie, si attaché à sa vocation plurielle. Et pour y parvenir, point besoin de solutions miracle : «Il nous faut tous sortir des clivages dans lesquels on est enfermés. Vision coloniale, vision chrétienne, vision musulmane, vision des pays riches et des pays pauvres, vision des égoïsmes et des privilèges. Faire disparaître toutes ces visions pour reconnaître une humanité plurielle.»

A cet effet, l’accord donné par les autorités algériennes pour la célébration de la prochaine béatification des 19 religieux morts durant les années 1990 et qui aura lieu à Oran au mois de septembre, est, selon Mgr Teissier, l’occasion de rendre hommage au sacrifice de tant d’Algériens qui, au prix de leur vie, ont sauvé ce pays. Il ne s’agit pas d’opposer les mémoires, bien au contraire, mais d’honorer à travers eux les souffrances de 35 millions d’Algériens durant cette époque.

Prenant la parole au terme de l’intervention de Mgr Teissier, l’ambassadeur d’Algérie à Rome a remercié l’ancien archevêque d’Alger pour son témoignage poignant et son action éminemment patriotique et a surpris l’assistance en faisant don au religieux algérien et à l’Institut pontifical d’études arabes et d’islamologie (Pisiao) de deux tableaux, œuvre d’une artiste italienne férue de calligraphie arabe, figurant deux célèbres Algériens ayant marqué deux époques différentes, saint Augustin et l’Emir Abdelkader, fondateur de l’Etat algérien moderne.

Un geste qui a beaucoup ému Mgr Teissier, qui a rappelé en quelques mots la grandeur d’âme du noble émir hachémite qui, bien que chassé de son propre pays par un pouvoir qui se disait chrétien, se distingua en 1860 à Damas en sauvant les vies de ses frères en humanité, chrétiens, persécutés en raison de leur foi.

M. R.


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