Plus de 2 000 véhicules volés en 24 mois



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Le trafic de véhicules est une réalité en Algérie. Les expertises diligentées quotidiennement par les éléments de la Gendarmerie nationale le prouvent. Entre les années 2016 et 2017, 2001 véhicules ont été volés et 413 trafiquants arrêtés. Aussi, la falsification des véhicules volés semble constituer une passerelle pour la criminalité organisée. Entre 2016 et 2017, une hausse de 18% des vols de véhicules a été relevée par les gendarmes.


En 2017, la Gendarmerie nationale a constaté 1 082 cas de vol de véhicules, contre 919 en 2016, soit une hausse de 18%. En 2017, 540 personnes impliquées dans le trafic de véhicules ont été arrêtées, contre 307 individus en 2016, soit une hausse de 76%. En deux ans, les différentes sections de la Gendarmerie nationale ont récupéré 413 véhicules volés, soit 208 en 2017 et 205 en 2016. Seulement un quart des véhicules volés a été récupéré par les gendarmes suite à l'ouverture de plusieurs enquêtes qui, souvent, ont permis de démanteler des réseaux de trafic. Selon un rapport récent dévoilé par le Commandement de la Gendarmerie nationale, la plupart des vols ont été commis à Alger, Blida et Sétif. En moyenne, 51 à 199 véhicules y sont volés chaque année. A Alger, selon le rapport, les communes les plus ciblées sont Aïn Bénian, Zéralda, Douéra et Gué de Constantine, où une moyenne de 11 à 16 vols a été constatée par les gendarmes durant les deux années passées. A Blida, le rapport de la Gendarmerie souligne que les communes d'Ouled Yaïch et Bouinane sont les plus concernées par les vols de voitures, avec une moyenne de trois à quatre cas. Il en est de même pour la wilaya de Sétif, à l'est du pays, où les communes d'Aïn Lahdjar, Mezloug et Bazer Sakra ont été le théâtre de plusieurs vols en deux ans, où trois à quatre cas sont signalés par mois. Par ailleurs, le commandement de la Gendarmerie nationale a indiqué dans son rapport 2017 les dernières techniques utilisées par les réseaux de trafic et de falsification de voitures. Un fléau ravageur qui représente un véritable danger pour la société. Le trafic touche également les transferts d'argent, dans la mesure où les réseaux de malfaiteurs internationaux recourent régulièrement à cette forme de criminalité. Avec cette situation d'insécurité, les citoyens se voient pris en otages par les réseaux de vol et de falsification de voitures. Beaucoup de propriétaires de véhicules ont payé un lourd tribut, d'autant qu'aujourd'hui différentes marques de véhicules et de nombreuses pièces détachées existent sur le marché de l'automobile.


Les marques de véhicules les plus ciblées


Le rapport de la Gendarmerie nationale fait ressortir que plusieurs nouvelles marques de véhicules sont la cible des réseaux de trafic. Les voitures neuves sont généralement les plus convoitées, car les réseaux s'intéressent à leurs pièces détachées, puis viennent les véhicules impliqués dans les accidents routiers et ceux de la contrebande. En ce qui concerne ces derniers, il y a deux types de véhicules à distinguer. Tout d'abord, ceux volés à l'étranger puis acheminés vers l'Algérie, soit pour être vendus en l'état ou désossés pour vendre leurs pièces détachées. Ensuite, il y a ceux qui volés en Algérie et acheminés hors du pays. Parmi les véhicules ciblés, il y a également les 4×4, entre autres de marques Toyota (Station, Hilux) et Hyundai.


Comment les trafiquants falsifient les véhicules volés


Il existe deux types de falsification. Dans une première étape, les réseaux de trafic falsifient les documents des véhicules, puis dans une deuxième étape ils recourent au trafic technique une fois les voitures volées. Par exemple, la teinture des voitures, les pneus, etc. Pour ce qui est des documents, les trafiquants ont recours à la fraude en changeant


les cartes grises et la fiche de contrôle technique. Généralement, ce genre de trafic se fait avec la complicité des agents chargés de délivrer ces documents. Quant au trafic technique, les réseaux de malfaiteurs utilisent plusieurs techniques modernes. Une fois le véhicule volé entre leurs mains, ils changent, dans un hangar clandestin, les plaques d'immatriculation originales par des fausses. Ils effacent ensuite le numéro de série du châssis pour le remplacer par un autre. Enfin, les trafiquants changent souvent la couleur des voitures volées.


Alger et Sétif berceau des vols de voitures


Le recours à la falsification des véhicules volés s'est désormais étendu à 35 wilayas du pays, note le rapport de la Gendarmerie nationale. Entre 2016 et 2017, les unités de la Gendarmerie ont traité, uniquement à Alger et Sétif, plus de 380 affaires liées au vol et à la falsification de documents et moyens techniques des véhicules. Ce qui a permis la récupération de plusieurs véhicules volés et surtout de démanteler d'importants réseaux. A Sétif, la wilaya la plus touchée par le fléau, 199 affaires ont été traitées par les gendarmes, ce qui a permis l'arrestation de plusieurs trafiquants et la récupération de nombreux véhicules. A Alger, deuxième ville concernée par ce trafic, plus de 150 affaires ont été traitées. Comparativement à l'année dernière, les gendarmes soulignent que le vol des véhicules et le recours à leur falsification a sensiblement augmenté.


Attention aux pièges tendus par les trafiquants


Pour arriver à leurs fins, les réseaux de trafic font appel à différentes techniques pour piéger leurs proies. Selon le rapport de la Gendarmerie nationale, les réseaux utilisent pour cela neuf méthodes. Ils attirent d'abord les taxis clandestins, les taxis compteurs ou les chauffeurs de bus, leur demandant de les accompagner vers telle destination contre une somme intéressante. Au cours du trajet, les trafiquants demandent au chauffeur d'emprunter des raccourcis afin de gagner du temps, et c'est à ce moment-là qu'ils passent à l'action, agressant le chauffeur et volant son véhicule. Ce mode opératoire cible particulièrement les chauffeurs interwilayas et ceux exerçant dans des stations urbaines. Le deuxième piège souvent employé par les trafiquants est l'encerclement de la victime. Les réseaux utilisent deux véhicules pour pouvoir encercler le propriétaire d'un véhicule afin de le coincer et voler son véhicule. La troisième technique consiste à voler les véhicules dans des endroits isolés, sur des routes peu fréquentées où beaucoup d'automobilistes ont été agressés et dépouillés de leur voiture. La quatrième technique consiste en la surveillance des propriétaires de véhicules qui garent dans un endroit habituel. Faire un double des clefs est également une technique très utilisée chez les trafiquants. L'escroquerie fait aussi partie des techniques utilisées par les trafiquants qui, après avoir passé un accord avec un particulier possédant un véhicule à la vente, lui donnent rendez-vous pour ensuite voler son engin. Il y a également le recours aux belles « nanas » pour piéger les automobilistes. Cette technique semble très en vogue et les réseaux ont pu commettre leurs forfaits grâce à l'aide précieuse de leurs complices. Ce n'est pas tout. Le rapport des gendarmes indique qu'une nouvelle technique est en train de se généraliser dans les réseaux : la complicité des propriétaires d'agences de location de véhicules. Grâce à cette nouvelle collaboration, plusieurs sociétés d'assurances ont été arnaquées. Comment ? C'est simple. Les véhicules assurés par ces agences sont désossés et leurs pièces détachées vendues. Puis certaines agences de location de véhicules alertent les sociétés d'assurances sur un soi-disant vol du véhicule. Le but est d'écarter tous les soupçons et de gagner de l'argent à travers les sociétés d'assurances. Enfin, il arrive parfois que les trafiquants utilisent des armes à feu et des armes blanches pour arriver à leurs fins.


Un plan nouveau pour traquer les réseaux



Pour venir à bout des trafiquants, le commandement de la Gendarmerie nationale a élaboré un plan spécial. Ce dernier consiste à intensifier la présence des gendarmes dans des lieux réputés comme étant le refuge des trafiquants de véhicules. D'ailleurs, la carte géographique de la criminalité établie par les gendarmes permet de mieux sélectionner les zones à risque. Sur ce plan, une fiche d'analyse concernant les vols et la falsification des voitures a été créée par la Gendarmerie nationale pour mieux lutter contre ce fléau. Mieux, les véhicules sillonnant les territoires de compétence de la Gendarmerie nationale feront l'objet d'un contrôle systématique, avec des visites inopinées et régulières dans des parkings, outre l'obligation pour les agences de location de présenter les fiches complètes des locataires de véhicules. Aussi, la Gendarmerie s'est dotée de moyens appropriés et très modernes, à l'image du système « Runitel » qui comporte une liste des véhicules volés et qui font l'objet de recherche. Les gendarmes peuvent reconnaître, lors d'un contrôle, si le véhicule est recherché ou pas.


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